QUALIFICATIONS ET COMPETENCES PROFESSIONNELLES

LES NOUVELLES EXIGENCES

L'EVOLUTION DE LA FORMATION

DES PROFESSIONNELS DE L'INFORMATION

Jean MICHEL

JM283

Publications Jean MICHEL
Page d'accueil Jean MICHEL

Communication au séminaire de Kotor (Yougoslavie), juin 1996, - 44ko

PLAN

1 - DES FACTEURS EXTERNES DE CHANGEMENT

1-1. Un environnement changeant et surtout plus exigeant

1-2. La nouvelle société de l'information et ses conséquences

2 - DE NOUVELLES EXIGENCES, DE NOUVEAUX REFERENTIELS

2-1. L'élargissement du champ des interventions professionnelles

2-2. Un autre management de l'information dans l'entreprise

2-3. Un positionnement professionnel plus stratégique

2-4. Une profession qui se diversifie et se complexifie

2-5. Les conséquences pour la formation des professionnels

3 - PROMOUVOIR QUALIFICATIONS ET COMPETENCES

3-1. L'action volontariste d'une association professionnelle, l'ADBS

3-2. Contribuer à l'évolution des formations initiales

3-3. Stimuler la formation continue des professionnels

3-4. Certifier les niveaux de compétence des professionnels


Dans le secteur de l'information et de la documentation, les nouveaux acteurs qui entrent sur le marché comme les professionnels en place dans les entreprises doivent savoir maîtriser les nouvelles technologies de l'information. Mais ils doivent aussi être les concepteurs de produits et services performants et de qualité. Ils doivent encore savoir gérer efficacement des services d'intelligence économique et de veille technologique. Enfin, ils doivent replacer leur action dans un nouveau contexte de management global et intégré de l'information pour assurer la compétitivité des entreprises qui les emploient et qui interviennent dans un contexte économique de plus en plus international.

Face à ces nouvelles exigences, il faut se préoccuper de l'évolution des programmes de formation initiale. Il faut aussi se mobiliser pour faire progresser et reconnaître les niveaux de qualification et de compétence des professionnels en exercice.

C'est, en France, la préoccupation majeure de l'ADBS, "L'Association des professionnels de l'information et de la documentation" qui regroupe plus de 5.500 professionnels spécialisés.


1 - DES FACTEURS EXTERNES DE CHANGEMENT

Plusieurs transformations profondes sont à l'oeuvre dans la société actuelle. Certaines ont un effet déterminant et incontestable sur l'évolution des professions du domaine de l'information et de la documentation.

1-1. Un environnement changeant et surtout plus exigeant

L'économie se mondialise, l'Europe devient aujourd'hui un cadre de réflexion et de travail obligé. Pour les professionnels de l'information et documentation, il est impératif de se préparer à cette ouverture des frontières et donc de disposer et de développer de solides qualifications et compétences définies dans le cadre de référentiels professionnels bien définis et "euro-compatibles".

Une autre évolution importante à prendre en compte réside dans la dérégulation des marchés: l'influence des Etats décline dans de nombreux domaines de la vie économique. De nouvelles régles du jeu sont en train d'apparaître qui ne peuvent résulter que du libre consentement et de la concertation des divers acteurs professionnels. C'est particulièrement le cas des régles d'organisation, de développement et de gestion des professions. Les professionnelles représentatives sont désormais amener à prendre leurs responsabilités dans la conduite des changements à opérer au sein des professions.

Dans le même temps, les entreprises se préoccupent fortement de la qualité de leurs produits et de leurs services. Les services tertiaires se mettent aussi à appliquer les normes ISO 9.000. Le secteur de l'information et de la documentation n'est pas à l'écart de cette tendance. Une claire vision des évolutions des compétences et des pratiques des professionnels de ce secteur peut contribuer à assurer la qualité exigée.

Le problème de l'emploi est à l'évidence un facteur critique que l'on ne peut pas ignorer. Les professionnels de l'information sont véritablement "dans l'oeil d'un cyclône". La clarification des frontières avec d'autres professions (communication, informatique,...) est nécessaire, comme devient indispensable une stricte définition des niveaux de compétence et des responsabilités exercées.

Du côté de l'entreprise, les exigences s'affermissent et l'on attend désormais des professionnels qu'ils aient vraiment les compétences requises et qu'ils sachent s'adapter en permanence à de nouveaux contextes économiques, techniques ou socioculturels. Flexibilité, adaptabilité deviennent aujourd'hui de véritables mots d'ordre.

1-2. La nouvelle société de l'information et ses conséquences

On perçoit clairement aujourd'hui la fin d'une époque, celle des années 70-90, qui a vu le développement remarquable des grandes bases de données spécialisées, la multiplication des services d'information en ligne et une première forme - stabilisée - de structuration des marchés et de l'industrie de l'information.

Mais ces derniers temps les cartes semblent brusquement se brouiller. Une nouvelle vision de la société de l'information de demain commence à émerger. Le développement subite et exponentiel, des usages d'Internet, des réseaux électroniques et des outils multimédias en est le signe le plus évident. Les rapports et les débats sur les futures autoroutes de l'information se multiplient. Il faut désormais changer les référentiels, changer l'échelle des préoccupations, revoir les modèles de management de l'information, raisonner désormais dans une perspective infiniment plus ouverte et plus multidimensionnelle. Les cadres juridiques, économiques, éthiques de la production et de la circulation de l'information sont remis en cause en profondeur.


2 - DE NOUVELLES EXIGENCES, DE NOUVEAUX REFERENTIELS

Dans le secteur des industries, des services et des professions de l'information et de la documentation les choses bougent aussi très vite et des transformations substantielles des pratiques professionnelles sont à prendre en compte.

2-1. L'élargissement du champ des interventions professionnelles

Les métiers de l'information-documentation se développent désormais selon un large éventail de démarches privilégiant soit des processus d'accumulation (de supports ou de contenus), soit des préoccupations de quête ou d'échange de contenus informationnels. Ils s'articulent autour de grandes préoccupations (la veille et l'intelligence économique, la gestion des patrimoines documentaires internes, la circulation de l'information décisionnelle...) qui fixent les nouvelles frontières du champ de "l'information-documentation".

Les bibliothèques et les divers systèmes documentaires traditionnels sont fondés sur des pratiques de constitution, de conservation, d'exploitation et de diffusion de collections de livres ou de revues et sur la création d'une documentation d'accompagnement (les références des documents conservés). L'émergence des nouvelles technologies de l'information conduit à une transformation profonde des pratiques de gestion de ces stocks de documents. Les fichiers manuels des bibliothèques se transforment en fichiers informatisés, en bases de données accessibles en ligne (ou disponibles sur CD-Rom). La digitalisation et la gestion électronique des documents amènent à une véritable ingénierie documentaire qui permet de mieux traiter et d'exploiter les grandes masses de documents, de toutes natures, qui circulent dans l'entreprise ou qui constituent son patrimoine.

Côté information (au delà du document), le besoin d'être tenu correctement informé a toujours été une nécessité vitale mais donne naissance aujourd'hui à de nouvelles pratiques professionnelles intitulées, selon les contextes, veille stratégique, veille technologique, veille concurrentielle ou encore intelligence économique. L'appel à des courtiers en information se développe pour assurer certaines quêtes d'information utile. Les réseaux électroniques et Internet facilitent les transferts et la recherche d'information au niveau de la planète et rendent possibles de fertiles interactions entre les divers acteurs de la société. De même met-on en place de puissants dispositifs d'échanges de données informatisées (EDI) ou préconise-t-on encore le développement du "group-ware" comme nouvelle méthode de travail basée sur le partage de l'information (notion de collecticiel). Ces pratiques se focalisent sur l'exploitation des contenus d'information à des fins de travail collectif ou de décision.

2-2. Un autre management de l'information dans l'entreprise

Un nouveau management global et intégré de l'information est recherché aujourd'hui par l'entreprise. Cela conduit à de nouvelles exigences pour les professionnels de l'information et de la documentation qui doivent, à la fois:

- savoir et pouvoir maîtriser l'information de veille, de découverte, d'invention et d'ouverture sur le monde; rendre possible la navigation efficace mais créative et sélective dans le "cyber-espace";

- savoir et pouvoir développer et exploiter l'information utile, l'information de référence, celle qui accompagne et rend possible l'activité quotidienne des individus et des entreprises;

- valoriser l'information auto-produite par les organisations, l'information à caractère patrimonial et les vastes gisements documentaires longtemps restés en jachère ou en hibernation;

- tenir compte désormais de l'information vivante, de l'information de communication, de l'information à courte durée de vie dont les réseaux et les messageries électroniques largement ouverts amplifient brutalement la croissance .

En termes de champs de préoccupations couverts, cette problématique d'un nouveau management global et intégré de l'information se traduit par une riche diversité de produits, de services et de pratiques pratiques professionnelles allant des traditionnelles bases et banques de données accessibles en ligne aux produits sur CD-Rom et autres produits multimédias, en passant par la gestion électronique de documents, par la circulation de l'information vivante sur Internet ou autres réseaux électroniques, le développement de dispositifs Intranet et l'animation de collecticiels ou encore par l'intelligence économique et les différentes démarches de veille informative.

Il faut désormais se préoccuper non seulement d'information bibliographique ou de documentation scientifique et technique traditionnelle, mais prendre aussi en considération de nouveaux champs de management de l'information, de l'information médicale à l'information géographique, de la donnée économique ou statistique à la donnée graphique ou sonore, de l'information structurée à l'information informelle, de l'information d'actualité à l'information patrimoniale.

2-3. Un positionnement professionnel plus stratégique

Le professionnel de l'information ou de la documentation ne sera-il dans l'avenir qu'un simple technicien, spécialiste de la mise en oeuvre d'arides ou besogneuses techniques documentaires? Ne pourra-t-il pas contribuer tout autant à des missions ou finalités plus stratégiques, à savoir celles de l'entreprise ou de l'institution dans lequel il travaille, mobilisant des ressources multiples dont la plus grande part d'entre elles n'ont rien à voir avec telle ou telle technique documentaire?

On peut percevoir depuis quelque temps une nette évolution de la fonction information-documentation dans l'entreprise et dans les organisations. C'est autour de la notion de management que se cristallise le plus cette évolution, même si les mutations technologiques jouent aussi un rôle moteur important. Le documentaliste devient un acteur à part entière du management de l'entreprise, en même temps qu'il devient plus conscient de son rôle nouveau de manager de sa propre "boutique" documentaire.

La documentation dans cette perspective assume plusieurs missions. Elle est fondamentalement une ouverture sur le monde, elle est la clé du système de veille informative ou d'écoute de l'environnement. Elle est la base même de la prospective et la ressource par excellence de l'anticipation des évolutions à venir. Mais elle est en même temps ouverture sur le monde interne de l'entreprise, assurant par là-même une fluidité des échanges d'information. La documentation est aussi le support logistique des activités quotidiennes de l'entreprise et devient alors une "document-action". Par ailleurs, elle contribue largement à la stimulation de la culture de l'entreprise et peut constituer un ferment de développement d'une culture générale professionnelle, en relation avec les politiques de formation ou de ressources humaines. Elle contribue largement à consolider la mémoire de l'entreprise, souvent mise en péril par les transformations de l'institution. La documentation peut aussi devenir méthodologie et les documentalistes se transformer en experts ou conseillers au sein de l'entreprise pour orienter vers les meilleurs choix de données, d'informations ou d'outils de traitement de celles-ci.

2-4. Une profession qui se diversifie et se complexifie

La profession, qui a déjà connu de grandes évolutions au cours des vingt dernières années, est aujourd'hui en pleine mutation.

Comme on a pu le noter précédemment, le traditionnel métier de documentaliste se complexifie. De nouveaux métiers et de nouveaux marchés professionnels apparaissent (veille technologique, intelligence économique, documentation technique interne d'entreprise, navigation sur réseaux électroniques, concepteur de produits multimédias, experts en bibliométrie, etc.). De nouvelles formes d'exercice de la profession se développent dont certaines liées à l'externalisation inéluctable des fonctions de documentation.

Ce qui est vrai de la diversification en termes de métiers existe aussi en matière de diversité d'origines et de parcours professionnels. La profession accueille des personnes avec des niveaux de formation les plus variés (sans formation supérieure, avec des diplômes de techniciens, avec des diplômes d'enseignement supérieur long, avec des doubles qualifications, etc.). Des documentalistes ayant des diplômes professionnels spécifiques co-existent dans la profession avec des ingénieurs, des juristes, des médecins qui sont amenés à travailler dans l'information et y acquièrent des compétences.

Dès lors, la question fondamentale qui se pose est de savoir comment gérer une telle diversité. Comment faire progresser globalement l'ensemble de la profession, le "stock" ou "parc" de professionnels en exercice, tout en respectant les situations spécifiques? Comment apporter des réponses aux légitimes questions de progression de carrière et d'amélioration continue des qualifications et compétences?

Comment, dans le même temps, aider les instituts universitaires et autres écoles de formation professionnelle qui aliment le marché en flux de nouveaux spécialistes diplômés à déterminer les meilleurs axes de positionnement de leurs projets éducatifs? Quels segments de marché viser? Quels niveaux et caractéristiques de compétences choisir? Quelles exigences nouvelles imposer?

2-5. Les conséquences pour la formation des professionnels

On a pu constater, au cours des dernières années, en France comme à l'étranger, une impressionnante mutation des formations initiales et continues des professionnels de l'information et de la documentation. Ces formations tiennent nettement plus compte des nécessités du management et préparent désormais de façon plus efficace à l'exercice des responsabilités de gestion et de direction. Ceci concerne non seulement les futurs professionnels pouvant travailler dans les entreprises mais également ceux d'entre eux qui vont exercer dans des secteurs plus "culturels" (musées, associations, enseignement,...).

Il faut aujourd'hui, à l'évidence, des professionnels qui soient d'excellents généralistes sachant être à l'écoute des besoins et anticiper leurs évolutions et ayant en même temps la rigueur économique d'un ministre des finances.

Il faut aussi préparer les futurs professionnels à de nouvelles aptitudes: analyse stratégique, création de produits, conduite de projet, évaluation des produits ou services, gestion des ressources. Et bien entendu, ces aptitudes ne doivent pas être acquises au détriment d'une parfaite maîtrise des techniques spécifiques de la documentation, mais il faut aussi savoir prendre de la distance par rapport au strict maniement des outils et des techniques. Une profession ne se définit pas par ses outils mais par les fonctions qu'elle assure. Il faut donc développer les capacités à garder une certaine extériorité par rapport aux recettes professionnelles et se focaliser de façon résolue sur les finalités et les potentialités de la fonction information-documentation, en sachant développer celle-ci dans des contextes très différents. Il faut savoir faire preuve d'esprit d'innovation, y compris dans les techniques de base de la documentation, inventer de nouvelles approches, jongler avec les techniques documentaires et surtout non-documentaires. On attend enfin des formations des professionnels qu'elles développent le sens de l'écoute, celui de la compréhension multi-culturelle des différences (professionnelles ou géographiques). Enfin on ne peut qu'insister sur l'impérieuse nécessité de stimuler les aptitudes au travail de groupe inter-disciplinaire, de former à la maîtrise des outils et démarches de la communication, enfin de former des professionnels économiquement et socialement responsables.

En termes de formation, il est urgent de faire évoluer certains réfèrentiels traditionnels, choisir des objectifs nouveaux et définir des pédagogies qui rendent possible une véritable ouverture du professionnel de l'information sur le monde, le voyage au delà des frontières du connu ou du certain.


3 - PROMOUVOIR QUALIFICATIONS ET COMPETENCES

Tenant compte à la fois des facteurs externes de transformation de la société, mais aussi de l'évolution interne et spécifique de la profession, il incombe à une grande association professionnelle, comme l'est l'ADBS en France, de proposer des démarches d'accompagnement des changements en cours et surtout de contribuer au développement des qualifications et à la reconnaissance des compétences professionnelles.

3-1. L'action volontariste d'une association professionnelle, l'ADBS

L'Association des professionnels de l'information et de la documentation - ADBS - regroupe aujourd'hui environ 5.500 membres, majoritairement français (mais pas exclusivement). Une vingtaine de groupes régionaux, une quinzaine de groupes sectoriels, trois commissions nationales, cent-cinquante animateurs de ces divers groupes et commissions, une centaine de formateurs intervenant dans près de 200 sessions de formation continue, plusieurs gammes de publications de qualité, douze salariés à plein temps,... l'ADBS s'efforce d'être un instrument efficace au service de la promotion et du développement de la profession.

Il est intéressant de mentionner l'action qu'a menée depuis plusieurs années l'ADBS sur le terrain de la qualité et de l'analyse de la valeur des produits et services d'information et de documentation. Ainsi a pu être concrétement renforcée la liaison essentielle entre documentation et management.

En 1993, l'ADBS a cherché à mieux cerner les caractéristiques de la profession, des qualifications et des métiers. Elle a alors procèdé à une vaste enquête sur les documentalistes et leurs conditions d'emploi. Elle a, dans le même temps, poursuivi un travail de reconnaissance des diverses formations existantes, tant en France qu'à l'étranger. Une démarche d'évaluation des compétences des professionnels de la documentation a également ét mise sur pied. Enfin, à travers le congrès national annuel IDT, l'ADBS se donne comme objectif la mobilisation de l'ensemble des professionnels pour convaincre chefs d'entreprise et hauts responsables des administrations et les amener à définir et mettre en place de réelles politiques pour un management stratégique de la documentation.

Cette action, l'ADBS souhaite la réaliser en confrontant son expérience à celle des autres associations professionnelles, notamment européennes (à travers l'ECIA - European Council of Information Asscoiations), mais aussi d'Amérique, d'Afrique ou d'Asie. La Fédération Internationale d'Information et de Documentation - FID - fournit à cet égard un cadre idéal pour un tel échange de vues sur les évolutions de la fonction information-documentation, sur la profession et les métiers, sur la formation des professionnels et sur un nouveau management de la documentation au service de la compétitivité des entreprises.

Un axe important d'intervention de l'association professionnelle consiste aujourd'hui, et de plus en plus fréquemment, à intervenir dans la détermination des exigences à prendre en compte dans les programmes de formation initiale, à stimuler et développer la formation continue des professionnels en exercice et aussi à agir au niveau de l'amélioration des conditions d'exercice de la profession en préconisant des régles minimales relatives à la qualité des actes professionnels ou des services rendus comme à la qualification des acteurs professionnels.

3-2. Contribuer à l'évolution des formations initiales

Si l'association professionnelle n'a pas normalement légitimité à développer des formations initiales, elle a malgré tout le devoir d'apporter son concours à l'amélioration des dispositifs éducatifs mis en oeuvre par les instituts universitaires et autres écoles de spécialisation. Elle a surtout un rôle à jouer dans l'aide à la détermination des référentiels de compétence à respecter, dans l'affirmation d'axes de développement des formations (quels marchés viser) et sûrement dans l'évaluation de ces formations initiales.

a) L'action de la Commission Formation de l'ADBS

La Commission Formation de l'ADBS, placée auprès du conseil d'Administration de l'association, a constitué un observatoire des formations initiales et tient un inventaire permanent des structures et programmes d'enseignement correspondant (et cela tant pour ce qui existe en France que pour les dispositifs étrangers, notamment européens). Les membres de la Commission recueillent et exploitent la documentation diffusée par les instituts de formation comme ils entendent régulièrement les responsables des programmes d'enseignement.

La Commission prépare également des avis ou recommandations de l'ADBS qu'elle transmet aux autorités administratives compétentes lorsque des problèmes se posent en matière de conditions de recrutement ou de reconnaissance de diplômes.

Un important travail de détermination des nouvelles exigences professionnelles à respecter est fait par la Commission, de même qu'elle s'efforce d'établir et indiquer de nouvelle sorientations à moyen terme pour les formations initiales du champ de l'information-documentation. Dans cette perspective a notamment été mis sur pied un groupe de prospective qui a entendu de nombreux experts de diffèrents milieux professionnels de façon à établir un cadre cohérent pour les évolutions à venir des métiers de l'information-documentation et la définir les nouveaux marchés ou niches d'emploi.

b) Un ensemble complémentaire d'actions

Outre l'activité de la Commission Formation, il faut encore citer plusieurs actions complémentaires qui contribuent à l'amélioration permanente des formations initiales.

Ainsi, le Président de l'ADBS est-il amené à présider la Commission Pédagogique Nationale des Instituts Universitaires de Technologie (CPN-IUT) du secteur information-communication, instance paritaire officielle placée auprès du Ministère de l'Education Nationale et de l'Enseignements Supérieurs qui est chargée notamment de la révision des programmes de ces formations .

Enfin, on peut mentionner le souci de l'ADBS de travailler en collaboration plus étroite avc les diverses associations d'anciens élèves des formations du secteur de l'information-documentation.

3-3. Stimuler la formation continue des professionnels

Pour beaucoup de professionnels de l'information, il est devenu indispensable d'actualiser en permanence les connaissances et de faire évoluer les compétences.

C'est le but de la formation continue que d'assurer cette mise à jour des savoirs et des savoir-faire. L'ADBS propose à ses membres un vaste programme de séminaires de formation continue, avec plus de soixante titres de séminaires, plus de cent sessions de formation organisées par an. Ce programme de formation continue concerne les techniques documentaires de base, les technologies mises en oeuvre en documentation, la veille et l'information stratégique et enfin la gestion et le management en documentation. Les nouveaux outils tels qu'Internet, les nouvelles perspectives telles que l'intelligence économique ou la veille techologique ou les nouvelles méthodes de travail (analyse de la valeur, créativité, ...) sont particlièrement bien représentés dans ce programme.

Il faut par ailleurs souligner l'importance des nombreuses journées d'étude comme du congrès annuel IDT dans la démarche d'actualisation permanente des connaissances au même titre, du reste, que la gamme des publications éditées par l'association.

3-4. Certifier les niveaux de compétence des professionnels

L'ADBS a décidé récemment d'aller plus loin et de mettre sur pied une procédure de certification des compétences des professionnels de l'information et documentation, après avoir travaillé depuis plusieurs années sur les référentiels de métiers de ce secteur.

a) Une certification pour quoi faire?

Les besoins d'une certification des compétences professionnelles sont multiples. Pour la profession, prise dans sa globalité, la certification est un moyen de clarifier les référentiels professionnels et donc de mieux se structurer. Une telle certification peut aussi aider la profession à mieux se positionner dans les grilles ou conventions collectives d'emploi, notamment en facilitant la comparaison avec d'autres secteurs professionnels.

Pour certains professionnels en exercice, la certification est une aide à la reconnaissance des compétences et doit contribuer à la progression de leurs carrières. Le cas est patent, en France, pour de nombreux documentalistes disposant d'un D.U.T. (Diplôme Univeristaire de Technologie) et qui risquent d'être condamnés à rester "techniciens" (non-cadres) tout au long de leur vie professionnelle, en dépit de la richesse des expériences qu'ils auront pu avoir. La certification est, dans cette perspective, un outil puissant d'aide à la négociation salariale et à la revalorisation des carrières.

Pour d'autres professionnels, le besoin de reconnaissance officielle des compétences acquises peut être dû à des considérations de mobilité géographique et notamment (et de plus en plus) de mobilité professionnelle intra-européenne. Du fait de l'absence de toute directive européenne relative à l'équivalence des diplômes dans le secteur de l'information et de la documentation, du fait aussi de l'hétérogénéité des situations professionnelles réelles, un schéma clair de structuration de la profession pouvant être reconnu au plan international (et plus particulièrement en Europe dans le cadre d'ECIA - l'European Council of Information Associations -) ne peut qu'aider ces professionnels à réaliser positivement leur mobilité géographique.

D'autres professionnels encore ont besoin d'une telle certification parcequ'ils doivent répondre, en tant qu'experts, à des consultations nationales ou internationales. Pour de nombreux consultants, cette certification professionnelle est aussi un réel outil de promotion commerciale ou d'aide à la consolidation de leur clientèle ou à la conquête de nouveaux marchés.

Pour les entreprises, la certification doit faciliter le recrutement de professionnels de l'information et documentation en assurant un bon marquage des compétences réelles. C'est plus particulièrement le cas du recrutement de professionnels confirmés (la situation des jeunes professionnels diplômés étant par nature plus simple).

b) La démarche de l'ADBS et les fondements de la certification

La création par l'ADBS d'un dispositif de certification des compétences des professionnels de l'information et documentation a été un acte politique fort et responsable. S'appuyant sur l'expérience d'associations professionnelles d'autres secteurs d'activité (Marketing, Contrôle Qualité, Analyse de la Valeur, Maintenance, Ingénierie,...), l'ADBS a décidé la mise en place de ce dispositif de certification en respectant un certain nombre de régles essentielles.

La première de ces régles est la conformité du dispositif à la récente norme européenne EN 45013 qui détermine les conditions de mise en place des certifications dites de personnels. La norme impose une démarche qualité que l'ADBS s'efforce de suivre. La mise au point et la diffusion des référentiels de métiers constitue par exemple un des piliers de cette démarche qualité.

La certification imaginée par l'ADBS s'appuie sur la détermination aussi rigoureuse que possible de quatre niveaux de compétences (assistant, technicien, ingénieur, expert) clairement définis et autorisant les possibilités de mobilité professionnelle entre ces divers niveaux. Ainsi est prise en compte la double nécessité de clarification (structuration) des situations professionnelles et de dynamique de progression des carrières.

Autre considération importante: la certification mise en place concerne la reconnaissance des compétences professionnelles réelles telles qu'elles peuvent être constatées à un moment donné de la carrière. La certification s'appuie donc sur deux éléments importants: la formation académique initiale (diplômes de différentes natures) et la formation continue (actualisation des connaissances) d'une part, l'expérience professionnelle réellement acquise d'autre part. A noter que la certification des compétences n'est valable que pour des périodes de temps limitées (par définition, les compétences professionnelles évoluent en permanence).

Il faut ajouter que la certification doit correspondre à un acte volontaire de la part du professionnel qui en a besoin et la réclame. En d'autres termes, la certification n'est pas une obligation.

c) Les perspectives de développement de la certification

La montée en puissance de la certification doit être raisonnable; il ne s'agit pas de certifier des milliers de professionnels en deux ou trois ans, cela n'aurait pas de sens. Il faut que le dispositif permette la meilleure adaptation possible entre l'offre et la demande.

Des efforts de promotion de la certification auprès des employeurs, des recruteurs et des donneurs d'ordre doivent être faits désormais. Ils s'inscriront dans une démarche plus globale de promotion de la profession.

La certification doit contribuer par ailleurs à faire progresser la réflexion collective sur la profession et ses évolutions. Dans ce sens, la mise au point, par l'ADBS, des référentiels de métiers a sûrement été accélèrée par la mise en place de la procédure de certification. De même verra-t-on les programmes de formation continue proposés ici ou là tenir mieux compte du cadre nouveau institué par la certification.

Les négociations avec certains milieux patronaux, avec de grands réseaux d'entreprises, avec la fonction publique, vont bénéficier désormais des acquis de la certification.

Au plan européen, la certification mise en place par l'ADBS paraît intéresser d'autres associations professionnelles qui pourraient envisager de créer leur propre dispositif de certification, en s'inspirant du modèle français. Des échanges fructueux au sein de l'ECIA (European Council of Information Associations) et des contacts bilatéraux récents laissent entrevoir une évolution rapide de ce dossier au niveau européen. Les efforts à faire désormais résident dans la recherche de régles permettant l'euro-compatibilité des diverses procédures nationales. Il en résultera sûrement une valorisation importante de la profession au plan européen.


Quel avenir pour les professionnels de l'information et de la documentation? Celui qu'ils auront envie eux-mêmes de construire en saisissant les multiples chances offertes aujourd'hui par l'émergence de la société de l'information mais en se donnant les moyens d'adapter et de développer leurs qualifications et leurs compétences.

ADBS tel: +33 1 43 72 25 25

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