PRATIQUE DU MANAGEMENT DE LÕINFORMATION
De lÕanalyse fonctionnelle
ˆ la rŽsolution de problmes
Jean MICHEL
Analyse de la valeur,
Généralités et définitions
P1a - Expression fonctionnelle du besoin, maitrise des couts
et innovation
P1b
- Petit glossaire a l'usage des services d'information
P1c
- Les dix commandements de l'analyse de la valeur
FP01
- Fiche pratique: Le plan de travail d'une action AV
FP02
- Fiche pratique: Le groupe de travail AV
FP03
- Fiche pratique: L'animateur AV
La compŽtitivitŽ des produits et services est l'un des dŽfis majeurs
de la sociŽtŽ franaise, face ˆ une concurrence internationale de plus en
plus vive. Il ne suffit plus aujourd'hui de concevoir et produire des bien
rŽalisŽs par les meilleurs spŽcialistes, et satisfaisants au plan de leur
stricte technicitŽ. Il faut dŽsormais tre compŽtitif,
c'est-ˆ-dire fournir des produits offrant des services parfaitement
adaptŽs aux besoins d'un marchŽ exigeant et surtout les vendre au meilleur prix en sachant dŽgager les marges bŽnŽficiaires
indispensables pour affronter la concurrence et les diverses Žvolutions techniques,
sociologiques, Žconomiques ou mme Žcologiques. Il faut en ma”triser leur
valeur. Les industries des tŽlŽcommunications, de l'aŽronautique, de l'agro-alimentaire,
de l'habillement ou de l'ŽlectromŽnager, pour n'en citer que quelques unes,
ont su faire face au dŽfi de la compŽtitivitŽ en adoptant de nouvelles approches
de conception et de production.
Les produits et services d'information et de documentation, longtemps
considŽrŽs ou placŽs en marge de la compŽtition Žconomique, sont dŽsormais
et ˆ leur tour directement concernŽs. Comme pour d'autres secteurs d'activitŽ,
industriels ou tertiaires, l'utilisation de mŽthodes nouvelles telles que
l'analyse de la valeur, apporte un nouvel Žclairage dans la conception des
produits d'information comme pour la gestion des centres de documentation.
En une dizaine d'annŽes de pratiques et de dŽveloppements de la mŽthode
d'analyse de la valeur (ou AV) dans le domaine particulier de la documentation,
de l'information et de la communication, il a ŽtŽ possible de dŽfinir et de
dŽvelopper des approches spŽcifiques, tenant compte des caractŽristiques particulires
des produits et services d'information et du milieu professionnel qui les
rŽalise. L'expression AVID
-analyse de la valeur appliquŽe aux produits et services d'Information et
de Documentation- commence ˆ
tre assez largement acceptŽe, de mme que son Žquivalent anglais VAID - Value Analysis applied to
Information and Documentation products and services-. Les Žtudes de cas et
les exemples prŽsentŽs dans ce deuxime ouvrage de l'ADBS consacrŽ ˆ ce thme
montrent qu'il ne s'agit pas d'un simple effet de mode, mais que dŽsormais
les professionnels et les acteurs Žconomiques de "l'industrie de l'information"
investissent dans de la mŽthode -et plus particulirement en analyse de la
valeur- lorsqu'ils sont sŽrieusement confrontŽs ˆ la concurrence, lorsqu'ils
doivent concevoir de nouveaux produits ou simplement lorsqu'ils cherchent
ˆ faire prendre en compte et ˆ valoriser la fonction information-documentation
dans les entreprises et les organisations.
1 - L'ANALYSE DE LA VALEUR, METHODE
DE COMPETITIVITE
On peut dŽfinir l'analyse de la valeur comme une mŽthode de conception
ou de reconception d'un produit ou dÕun service de faon ˆ celui-ci assure,
au moindre cožt, la satisfaction du besoin de l'utilisateur. L'analyse de
la valeur (ou AV) est une mŽthode de compŽtitivitŽ, voire mme une mŽthode
de management, qui recentre l'entreprise sur son produit, sur l'adŽquation
de celui-ci ˆ son marchŽ et sur la prŽoccupation permanente de sa performance
Žconomique. Mais plus encore, l'analyse de la valeur est une puissante mŽthode
de rŽsolution de problmes dans l'entreprise, mŽthode qui permet de dŽgager
les axes stratŽgiques tout en impliquant fortement les personnels de l'entreprise
dans la recherche des voies de solutions.
1-1.
Historique et dŽveloppement de l'analyse de la valeur
NŽe en 1947 ˆ la GŽnŽral Electric ˆ
la suite des travaux de L.D. MILES, l'analyse de la valeur a vite ŽtŽ
utilisŽe par les industriels ayant ˆ faire face ˆ des dŽfis Žconomiques et
stratŽgiques importants. Le SecrŽtaire d'Etat ˆ la DŽfense, Mac NAMARA a,
ainsi ds 1954, rendu obligatoire le recours ˆ l'analyse de la valeur dans
les commandes de fournitures ou de travaux pour son DŽpartement (DOD). L'analyse
de la valeur franchit l'Atlantique et le Pacifique dans les annŽes 60, pŽnŽtrant
en Grande Bretagne, en Allemagne FŽdŽrale, au Japon et en France. De 1947
ˆ 1988, de l'Airbus au Minitel, de la fusŽe ARIANE ˆ la chaine de vŽlo SEDIS,
du b‰timent ˆ l'industrie textile, des constructeurs automobiles ˆ la vente
par correspondance, les applications de l'analyse de la valeur se multiplient
avec succs dans tous les secteurs industriels. Elles conduisent ˆ la rŽduction
substantielle des cožts, ˆ l'amŽlioration de la qualitŽ, et au dŽveloppement
de l'innovation.
En 1978, une Association franaise pour l'analyse de la valeur (AFAV)
est constituŽe, rassemblant les divers praticiens
de la mŽthode. Des normes (X 50.150 ˆ X 50.153) sont Žtablies et ŽditŽes en
1985. L'une d'entre elle, portant sur le Cahier des charges fonctionnel (CdCF)
mŽrite une attention toute particulire dans la mesure o la Commission Centrale
des MarchŽs (pour les marchŽs publics) et les spŽcialistes de la qualitŽ totale
recommandent dŽsormais officiellement l'usage de ce CdCF.
1-2.
Les principes et concepts de base de l'analyse de la valeur
Le souci de l'Žconomie, le calage strict sur le besoin et le marchŽ,
l'analyse fonctionnelle, l'approche pluridisciplinaire de la conception et
le travail de groupe, la mobilisation efficace de l'information et la crŽativitŽ
sont au coeur de la mŽthode. L'analyse de la valeur, par sa dŽmarche, ses
concepts et ses outils, constitue une nouvelle approche de l'Žvaluation et
de la conception des produits et services. MŽthode originale de conduite de
projet, elle facilite par lˆ mme l'obtention d'une efficacitŽ globale et
dŽployŽe bien ˆ propos.
L'analyse de la valeur s'applique tout autant ˆ la reconception de
produits existants que la conception de produits nouveaux. Elle s'applique
aussi bien ˆ des produits matŽriels qu'ˆ des services immatŽriels (analyse
de la valeur administrative). Elle peut traiter le produit en tant que tel,
mais aussi le procŽdŽ de fabrication du produit. Elle s'intŽresse tout autant
ˆ des produits unitaires simples qu'ˆ de vastes systmes complexes. Des dŽveloppements
rŽcents de l'AV mettent l'accent sur l'expression fonctionnelle du besoin
(CdCF - Cahier des charges fonctionnel) et sur la notion de conception ˆ cožt
objectif (CCO).
L'analyse de la valeur est une nouvelle mŽthode de travail qui valorise
les compŽtences de l'entreprise, qui privilŽgie les synergies et la dŽmarche
systŽmique. Elle s'inscrit parfaitement dans la cohŽrence des Žvolutions de
l'entreprise vers la QualitŽ Totale.
1-3.
Processus et procŽdures vus par l'analyse de la valeur
Longtemps limitŽes aux produits industriels, les applications de l'analyse
de la valeur sont aujourd'hui plus systŽmatiques et nombreuses dans les divers
secteurs tertiaires : rationalisation des approvisionnements, re-conception
de chaines de facturation, "check-up" ou bilan de santŽ de services
administratifs, Žtude des processus d'apprentissage ou de recherche,... et
plus rŽcemment applications aux produits et services d'information et de documentation.
Les sujets traitŽs en analyse de la valeur dite administrative sont des activitŽs accompagnant des productions
industrielles ainsi que des services tertiaires (non industriels) proprement
dits.
Des applications rŽcentes de l'AVA (analyse de la valeur administrative)
ont montrŽ tout l'intŽrt de la dŽmarche pour aider ˆ formuler un "Projet
d'Entreprise", pour amŽliorer l'accueil dans un grand hopital, pour dŽfinir
l'image de marque d'une sociŽtŽ, pour organiser les temps des Žlves et des
professeurs dans les Collges, ou pour rŽduire les cožts d'information et
de communication dans de grandes sociŽtŽs industrielles.
2 - L'ANALYSE DE LA VALEUR ET LES PRODUITS
ET SERVICES D'INFORMATION
L'analyse de la valeur ne pouvait pas ne pas sÕattaquer, ˆ un moment
ou ˆ un autre, ˆ la conception et ˆ la gestion des produits et services d'information.
Les sociŽtŽs modernes faisant une part de plus en plus importante aux produits
et aux technologies de l'information, les agents Žconomiques responsables
expriment assez rapidement leur besoin de rationaliser l'usage de cette ressource
nouvelle qu'est l'information. Qu'il s'agisse de rŽduire les cožts de services
trop chers, de rationaliser les moyens en documentation ou d'amŽliorer la
qualitŽ des produits d'information, de documentation ou de communication,
l'analyse de la valeur vient ˆ point nommŽ dans un secteur qui n'avait pas
encore connu, de manire forte, l'impŽratif de la compŽtitivitŽ et l'exigence
de la qualitŽ (au sens moderne et industriel de ce terme).
2-1.
Le besoin de nouvelles approches
Depuis plusieurs annŽes, les spŽcialistes de l'analyse de la valeur
sont amenŽs ˆ intervenir, ˆ la demande de responsables de grosses sociŽtŽs
industrielles ou de centres de documentation, pour aider ˆ la re-conception
de produits et services d'information. Les raisons de ce recours ˆ l'analyse
de la valeur sont, en premier lieu, la rigueur de la crise Žconomique qui
n'Žpargne plus personne (et notamment les organismes de documentation), mais
aussi le poids toujours plus lourd de l'information et de la communication
dans le fonctionnement des sociŽtŽs modernes et peut tre aussi les difficultŽs
rencontrŽes dans la ma”trise des technologies de l'information.
Des centres de documentation se voient, par exemple, obligŽs de rŽduire
de moitiŽ leurs effectifs; des bulletins de documentation sont remis en cause
parce que ne rŽpondant pas aux vrais besoins ; des bases de donnŽes pourtant
nationalement et internationalement reconnues n'atteignent pas la rentabilitŽ
Žconomique ; des outils informatiques et tŽlŽmatiques remarquablement performants
au plan technique conduisent ˆ des surcožts qui s'ajoutent aux procŽdures
traditionnelles dŽjˆ chres en elles mmes.
2-2.
Les raisons du passage ˆ l'acte
L'Žvaluation des produits et services d'information, en vue de leur
reconception, s'impose aujourd'hui de faon Žvidente aux sociŽtŽs et ˆ leurs
centres de documentation, pour plusieurs raisons:
-la permanence des fonctions, les habitudes du travail documentaire,
la stabilitŽ mme des missions peuvent conduire ˆ des pertes de conscience
progressive des vrais problmes et en particulier ˆ sous-estimer les dŽcalages
parfois importants entre besoins attendus et services rendus;
-les cožts sont de plus en plus un facteur ˆ prendre en compte et les
responsables des centres de documentation, les producteurs de bases de donnŽes,
les centres serveurs sont dŽsormais contraints ˆ rendre des comptes, ˆ faire
des choix et surtout ˆ rŽduire les cožts, quant ils n'ont pas ˆ faire des
coupes drastiques dans leurs budgets ou leurs effectifs de personnels;
-les relations dans le travail, l'expression des salariŽs, la gestion
des ressources humaines, la communication sont autant de composantes du bon
fonctionnement des unitŽs documentaires, mais sont aussi, malheureusement
et bien souvent, ˆ l'origine de nombre de conflits internes et donc d'une
perte d'efficacitŽ globale;
-les technologies de l'information au coeur de la transformation de
nombre de structures et pratiques documentaires sont souvent un point de passage obligŽ, mal intŽgrŽ: l'outil impose
sa loi au dŽtriment d'une claire conscience des objectifs et du service ˆ
rendre, il devient l'obsession, le cauchemar, alors qu'il ne devrait tre
qu'un moyen au service d'une finalitŽ;
-enfin l'environnement socio-Žconomique et culturel, national et international,
la mondialisation des Žconomies et les exigences qu'ils imposent, rendent
plus illusoire que jamais le repli sur soi des structures documentaires et
plus gŽnŽralement de l'industrie de l'information; il faut dŽsormais vivre en symbiose de plus en plus Žtroite avec
diffŽrents partenaires d'origines diverses et privilŽgier des interactions
toujours plus multi- ou trans-disciplinaires.
Pour toutes ces raisons, mais aussi parfois pour des raisons conjoncturelles
particulires (la nŽcessitŽ d'un dŽmŽnagement de l'unitŽ documentaire, le
changement d'un auto-commutateur, des modifications ˆ apporter ˆ un organigramme,...),
des dirigeants de centres de documentation, des patrons d'entreprises, des
responsables d'organismes du secteur tertiaire ont souhaitŽ et souhaitent de plus en
plus procŽder ˆ l'Žvaluation de leurs unitŽs documentaires ou de leurs produits
informationnels. On veut Žtablir des bilans de santŽ avant de franchir une
nouvelle Žtape dans le dŽveloppement de ces produits ou services, avant d'innover
ou plut™t pour tre sžr de bien innover.
2-3.
Le dŽclenchement concret des actions AVID
Les objectifs des actions d'AVID conduites dans les cinq dernires
annŽes concernent aussi bien la recherche de rŽductions de cožt (faire chuter
de 30% le cožt annuel de constitution et de gestion d'une base de donnŽes
en texte intŽgral, gagner 50.000 francs sur le cožt annuel de production d'un
bulletin de documentation,...) que l'amŽlioration de la qualitŽ (mieux cibler
des bulletins ou lettres d'information, amŽliorer l'ergonomie de consultation
de produits tŽlŽmatiques, etc...) ou encore l'adaptation du management et
de l'organisation des unitŽs documentaires ˆ de nouvelles exigences d'environnement
ou ˆ de nouvelles contraintes.
Les demandes d'application de l'analyse de la valeur sont exprimŽes
par:
-des responsables d'unitŽs documentaires, conscients de leurs responsabilitŽs
et dŽcidant d'investir dans un tel travail d'analyse;
-des chefs d'entreprise ou des directeurs d'organismes divers souhaitant
mieux comprendre les forces et les faiblesses des structures documentaires
relevant de leur autoritŽ ou
dŽcidant de faire reconcevoir les produits diffusŽs par ces structures;
-et parfois aussi des personnels eux-mmes des centres de documentation
rŽclamant un audit et souhaitant un regard externe sur le fonctionnement de
leurs structures.
Il est intŽressant d'observer ici que les dŽmarches d'analyse de la
valeur permettent de concilier ces trois types de demandes, dans la mesure
o le changement qui rŽsultera de l'Žtude AV ne pourra se faire qu'avec l'assentiment
de toutes les parties (la direction, les responsables opŽrationnels et les
personnels). En ce sens, il est lŽgitime de parler, ˆ propos de l'analyse
de la valeur, de dŽmarche d'Žvaluation participative, s'opposant de faon
trs nette aux traditionnels audits.
2-4.
Rationalisation et/ou innovation
On distingue traditionnellement deux catŽgories d'actions d'analyse
de la valeur et donc deux catŽgories distinctes d'applications de l'AV aux
produits et services d'information et de documentation:
- l'analyse de la valeur de rationalisation (value analysis) qui vise
ˆ Žtudier des produits ou services existants pour chercher ˆ les amŽliorer,
ˆ les reconcevoir et les rendre plus compŽtitifs (Žvaluation-reconception);
- l'analyse de la valeur d'innovation (value engineering) qui permet
de crŽer de nouveaux produits ou services (ingŽniŽrie documentaire, innovation)
et qui s'appuie notamment sur le Cahier des charges fonctionnel (ou CdCF).
Il va de soi que la crŽation ex-nihilo de nouveaux produits est toujours
quelque chose de trs stimulant. Toutefois ces applications de l'AV ˆ la crŽation
de nouveaux produits, plus complexes, ne constituent pas encore la majoritŽ
des cas ŽtudiŽs.
Les demandes d'interventions en AVID restent dans la plupart des cas
centrŽes sur l'Žvaluation et la reconception de produits ou services existants:
bilans de santŽ de centres de documentation, de bulletins d'information ou
de documentation, de bases de donnŽes, avec dŽtermination de mŽdications ou
thŽrapies appropriŽes. Utiles ˆ court terme, ces dŽmarches de rationalisation conduisent aussi trs souvent
ˆ modifier les attitudes des personnes et constituent, ˆ cet Žgard, un excellent
tremplin pour des innovations pour le moyen et le long terme.
En fait il apparait aujourd'hui que nombre de responsables d'entitŽs
documentaires souhaitent procŽder ˆ de telles applications de l'AV ˆ leurs
produits ou services pour mieux en cerner les forces et les faiblesses. Relevant
d'une approche trs responsable d'un management moderne, intŽgrant pleinement
la dŽmarche de qualitŽ, ces Žtudes de rationalisation deviennent de plus en
plus nŽcessaires et force est de constater qu'elles commencent ˆ toucher des
organismes aussi variŽs que des grandes sociŽtŽs industrielles, des structures
tertiaires (banques, assurances, collectivitŽs territoriales,...) ou des entitŽs
trs traditionnelles (bibliothques universitaires, bibliothques de prt,
Centres d'information et de documentation (CDI) des lycŽes et collges.
2-5.
L'Žvaluation des produits et services d'information et de documentation
L'AV aborde l'Žvaluation et la reconception de produits ou de services
comme un processus volontaire et collectif de changement ou d'aide ˆ la transformation
de l'entitŽ documentaire. Elle se caractŽrise alors comme une dŽmarche de
conduite de projet qui vise la meilleure adaptation des services rendus aux
besoins actuels et futurs dans un contexte Žconomique et institutionnel donnŽ.
Pour atteindre ces objectifs, plusieurs rŽgles doivent tre respectŽes:
-d'abord et avant tout, clarifier les objectifs ou intentions de l'action,
en cerner les limites et adapter en consŽquence les moyens qui seront retenus
pour le travail d'Žvaluation-reconception;
-mettre en oeuvre un processus collectif de rŽsolution de problme,
en dŽlŽguant ˆ un groupe ad-hoc la rŽalisation de l'Žvaluation: ce groupe
reprŽsentant plusieurs points de vue est animŽ par un spŽcialiste des dŽmarches
AV;
-faire participer ˆ la rŽflexion toute personne le souhaitant (auditions,
travail en sous-commissions,...) si nŽcessaire;
-mettre l'accent sur tout ce qui relve de l'expression des finalitŽs,
des missions ou des fonctions pour mieux percevoir les glissements qui peuvent
se produire dans le management de l'unitŽ documentaire ou dans la charte fonctionnelle
du produit ;
-chiffrer, mesurer, peser, estimer, avoir l'obsession du cožt des choses:
on veut comprendre ˆ combien reviennent les diverses fonctions introduites
dans le produit ou le service, de faon ˆ pouvoir les comparer avec les prŽfŽrences
des utilisateurs;
-en permanence questionner, mobiliser l'information pertinente, ne
pas se laisser abuser par l'apparence premire des choses, recouper les donnŽes,
croiser les perceptions, en d'autres termes parvenir ˆ un modle plus complexe
et plus pertinent de comprŽhension de la rŽalitŽ ŽtudiŽe;
-prendre en compte la dimension ÒsystŽmiqueÓ du problme, en recherchant les relations entre ses diverses composantes et
en resituant le problme dans son contexte;
-ouvrir des perspectives d'innovation en intŽgrant des dŽmarches de
crŽativitŽ dans l'Žvaluation mme. Il est essentiel que l'analyse dŽbouche
sur des solutions pour l'avenir: la motivation des personnes participant ˆ
l'Žvaluation est d'autant plus forte qu'elles peroivent ˆ la fois les problmes
qui se posent et les voies de solutions appropriŽes;
-considŽrer le travail d'Žvaluation comme un processus de conduite
de projet, avec notamment un strict respect des ŽchŽances et des dŽlais, un
plan de travail efficace, un schŽma clair des ŽlŽments et des Žtapes de la
dŽcision et un dispositif d'information et de communication adaptŽ.
3 - L'ACTION DE L'ADBS ET DE LA PROFESSION
Si les premires tentatives d'application de l'analyse de la valeur ˆ l'information et ˆ la documentation
remontent, en France, au dŽbut des annŽes 80, c'est surtout ˆ partir de 1984-1985
que se manifeste clairement un intŽrt certain des professionnels de ce secteur
pour l'AV.
C'est en effet en 1984 que se constitue au sein
de l'ADBS - Association franaise des documentalistes et des bibliothŽcaires
spŽcialisŽs - un groupe de travail de la commission Techniques et MŽthodes,
chargŽ d'Žtudier les principes fondamentaux de l'AV et leurs transpositions
aux activitŽs, produits et services d'information et de documentation.
Une expŽrimentation contr™lŽe et ŽvaluŽe est lancŽe avec l'aide de
l'ANVAR et le soutien de l'AFNOR. Elle permet de rŽaliser trois Žtudes AV
concernant la rŽ-organisation d'un centre de documentation de taille moyenne,
la conception d'un nouveau produit mixte d'information et de formation dans
une Ecole de commerce ainsi que l'Žtablissement d'un cadre d'analyse et de
mise en place d'activitŽs d'information en environnement contraignant (pays
en dŽveloppement). Ces trois Žtudes, ŽvaluŽes, ont pu dŽmontrer la faisabilitŽ
de mise en oeuvre de l'analyse de la valeur en milieu documentaire, malgrŽ
les spŽcificitŽs de celui-ci (notamment la dimension relativement restreinte
des unitŽs de travail).
Forte de ses rŽsultats, l'ADBS dŽcide alors la publication d'un ouvrage
de sensibilisation ("Valeur
et compŽtitivitŽ de l'information documentaire" de Jean Michel et Eric
Sutter), qui constitue, sans aucun doute une premire mondiale dans le domaine
de l'AVID. Constituant dŽsormais un ouvrage de rŽfrence au sein de la profession
et pouvant servir de manuel d'enseignement en formation initiale, ce livre
ŽditŽ en septembre1988 a vite ŽtŽ ŽpuisŽ et est rŽ-ŽditŽ fin 1991.
Ds 1986, l'ADBS inscrit ˆ son programme de stages de formation continue,
des initiations ˆ l'analyse de la valeur orientŽe vers l'information et la
documentation. Un stage de premier niveau de deux jours est organisŽ deux
fois par an. Il est suivi d'un stage de perfectionnement de deux jours. A
partir de 1990, de nouveaux stages axŽs sur la crŽativitŽ fonctionnelle en
documentation viennent complŽter le dispositif de formation, alors que des
stages sur la qualitŽ commencent Žgalement ˆ tre proposŽs ˆ la profession.
Depuis l'origine, une quinzaine de stages de formation ˆ l'analyse de la valeur
ont ŽtŽ organisŽs, touchant quelques 150 participants dont une majoritŽ de
responsables, dirigeants, de centres de documentation.
Paralllement ˆ cette action de l'ADBS, se dŽveloppent des actions
de formation intra-entreprises ou pour des groupes spŽcifiques de professionnels
de l'information: CrŽdit Agricole, MutualitŽ Sociale Agricole, Institut National
de la Recherche Agronomique, MŽdiathque de la CitŽ des Sciences et de l'Industrie
de la Villette, Chambres de Commerce et d'Industrie, CollectivitŽs territoriales
diverses, SONATRACH en AlgŽrie, Association des Documentalistes, BibliothŽcaires
et Archivistes de Tunisie, etc...
Entre 1988 et 1991, les divers groupes rŽgionaux de l'ADBS prennent
le relai du groupe initial et organisent ˆ leur tour des journŽes de sensibilisation
et des sŽminaires, avec, ˆ chaque fois, des effectifs de 40 ˆ 100 personnes
venant s'informer sur l'AV et ses possibilitŽs d'application en documentation.
Ainsi ont pu tre organisŽes des prŽsentations de l'AV ˆ Grenoble, Rouen,
Rennes, Clermont-Ferrand, Lyon-Villeurbanne, Pont-ˆ-Mousson, Toulouse, Dijon,
Montpellier. Des rencontres identiques ont ŽtŽ montŽes ˆ Lausanne, ˆ Tunis
et ˆ Oran, alors que l'on organise, fin 1992, une grande manifestation sur
le thme de l'analyse de la valeur en documentation en Belgique. On peut estimer
ˆ plus de 1.300 documentalistes, bibliothŽcaires et spŽcialistes de l'information
le nombre des personnes ainsi sensibilisŽes et formŽes ˆ l'analyse de la valeur.
Mais depuis 1986 Žgalement, les formations initiales des jeunes documentalistes
et autres experts de l'information et de la documentation inscrivent l'analyse
de la valeur dans leurs programmes. Des formations ˆ l'AVID sont dŽsormais
systŽmatiquement introduites ˆ l'INTD -Institut national des techniques documentaiores-,
ˆ l'ENSSIB -Ecole nationale supŽrieure des sciences de l'information et des
bibliothques-, ˆ l'Institut des sciences politiques de Paris (DESS d'informatique
documentaire), ˆ l'UniversitŽ de Paris VIII, aux Instituts universitaires
de technologie de Paris, Tours et Toulouse, ˆ l'Ecole des bibliothŽcaires
et documentalistes ou encore dans de nouvelles formations comme celle dispensŽe
ˆ l'Institut national polytechnique de Lorraine. Il faut noter Žgalement que
plusieurs prŽparations au CAPES de documentation prennent en compte l'analyse
de la valeur dans leurs programmes.
En d'autres termes, c'est d'une vŽritable mobilisation gŽnŽrale autour
de l'analyse de la valeur qu'il convient de parler pour lÕaction des professionnels
franais de l'information et de la documentation. L'ADBS a pour celˆ obtenu une mention
du Jury au Concours VALEUR 90 organisŽ
par l'Association franaise pour l'analyse de la valeur - AFAV - dans le cadre du 2me Congrs EuropŽen
d'Analyse de la Valeur (24-25 octobre 1990), en reconnaissance de l'ensemble
de son action en faveur de la promotion de l'analyse de la valeur dans les
professions de l'information et de la documentation.
4 - UN BILAN POSITIF ET DIVERSIFIE
D'APPLICATIONS AVID
En France, plusieurs expŽrimentations ont donc ŽtŽ conduites avec succs,
dans le milieu des annŽes 80, permettant soit l'Žtude du fonctionnement d'un
centre de documentation de petite taille, soit la conception d'aides ˆ l'exportation
d'ingŽnierie documentaire (AFNOR), soit aussi ˆ la crŽation d'un nouveau produit
mixte d'information et de formation. Les travaux menŽs par les auteurs du
prŽsent ouvrage dans le cadre de cette expŽrimentation sont connus et ont
fait dŽjˆ l'objet de nombreuses publications, dont le premier volume sur l'analyse
de la valeur appliquŽe aux produits et services d'information et de documentation
publiŽ en 1988 par l'ADBS.
D'autres applications ont Žgalement ŽtŽ faites depuis, portant sur
des bases de donnŽes informatisŽes, des chaines de traitement documentaire,
la crŽation de centres de documentation, le recalibrage des activitŽs de cellules
documentaires, etc... Ces applications plus rŽcentes ont ŽtŽ demandŽes et
financŽes par des responsables d'unitŽs documentaires ou des producteurs de
bases de donnŽes qui se trouvaient confrontŽes ˆ des impŽratifs nouveaux d'adaptation
de produit, de reconversion d'activitŽ ou de rŽduction de personnel. Ces applications
plus rŽcentes se caractŽrisent par les rŽsultats globaux suivants:
- des champs d'application multiples et variŽs : du bulletin de documentation
ˆ la banque de donnŽes, du flux
immatŽriel d'information aux moyens matŽriels de stockage et conservation
de la documentation, de l'organisation d'un service de courtage d'information
ˆ la mise en place de structures de documentation au sein de grandes organisations,
etc...;
- des approches Žgalement diversifiŽes : Žtude de produits, analyse
de processus de fabrication, amŽlioration de l'existant, innovation,...;
- des effets multidimensionnels : conna”tre
et serrer les cožts de production, adapter les produits aux vrais besoins,
fournir la qualitŽ d'usage et non la qualitŽ technique en soi, amŽliorer les
relations de travail, dŽvelopper un regard critique face aux modes (technologiques
notamment).
Les applications de l'analyse de la valeur aux produits et services
d'information et de documentation se poursuivent et se multiplient. Elles peuvent se classer en plusieurs catŽgories.
4-1.
Les Žtudes lŽgres, bilans de santŽ
Un premier groupe d'applications de cette dŽmarche d'Žvaluation fonctionnelle,
participative et crŽative concerne de petites unitŽs documentaires (4 ˆ 6
personnes). On cherche principalement ˆ faire un bilan de santŽ, ˆ redŽfinir
les missions et les produits, ˆ cerner des possibilitŽs de redŽploiement et
des voies d'innovation. Un travail assez lŽger avec quelques rŽunions d'un
groupe AV permet en quelques semaines de sortir des ŽlŽments clŽs pour revoir
les axes stratŽgiques et le management de ces unitŽs ou les ŽlŽments fonctionnels
de dŽtermination du produit ŽtudiŽ. Deux grands types de problmes apparaissent
gŽnŽralement:
-d'une part une dŽrive dans les missions et une tendance ˆ privilŽgier
le perfectionnement des outils et des procŽdures techniques au dŽtriment des
services rendus;
-d'autre part des conflits de personnes et des carences dans la communication
interne et dans le management
des ressources humaines.
Compte tenu de la trs petite taille de ces unitŽs documentaires, il
n'est pas possible de passer trop de temps ˆ l'Žvaluation et en mme temps
il est essentiel d'impliquer tous les personnels. Des travaux de ce type ont
ŽtŽ faits rŽcemment au sein de petites unitŽs documentaires du Groupe Bayard
Presse, de l'Association Technique des Liants Hydrauliques, de l'Institut
National de Recherche Agronomique, de l'ADBS elle-mme (rŽpertoire REBK) ou
de la SONATRACH (AlgŽrie).
C'est Žgalement dans cette catŽgorie d'Žtudes lŽgres, que l'on peut
mentionner l'Žvaluation du projet de l'UNIDO ˆ Vienne pour la crŽation d'un
systme d'orientation aisŽ vers les sources d'information industrielle au
niveau mondial.
4-2.
Les Žtudes plus importantes de reconception de produits ou services
Des centres de documentation plus importants (10 ˆ 20 personnes), des
rŽseaux d'unitŽs documentaires, des services industriels constituent le terrain
de prŽdilection d'un deuxime groupe d'applications AVID. En gŽnŽral, on s'attaque
ˆ des problmes plus consŽquents: une base de donnŽes collective, un ensemble
de bulletins documentaires, des restructurations, un fonctionnement en rŽseau,....
Dans ce cas, il peut s'avŽrer utile de complŽter le travail du groupe AV par
un ensemble d'auditions et de travaux collectifs connexes. En outre la dŽmarche
met l'accent, non seulement sur l'analyse de l'existant (le produit, ses cožts,
ses fonctions), mais aussi sur l'Žtablissement d'un nouveau Cahier des charges
fonctionnel et sur la recherche crŽative de principes de solutions.
On peut alors tre amenŽ ˆ scinder l'Žvaluation en plusieurs parties
ou Žtudes. Une dŽmarche de ce type dŽveloppŽe au sein de la MutualitŽ Agricole
conduit ainsi ˆ mettre en oeuvre quatre Žtudes spŽcifiques concomittantes
(6 mois de travail):
-la reconception du bulletin documentaire des Caisses centrales;
-la conception d'un Cahier des charges fonctionnel gŽnŽrique des bulletins
et autres produits d'information des Caisses rŽgionales et dŽpartementales;
-la dŽfinition de la Fonction Information Documentation (FID) ˆ mettre
en oeuvre dans les Caisses de l'Žchelon rŽgional;
-l'Žvaluation de la politique gŽnŽrale de documentation au sein des
Caisses centrales de la MutualitŽ Agricole.
Des travaux importants ont Žgalement ŽtŽ menŽs dans le mme sens au
cours des dernires annŽes, au sein de l'INSEE (Žvaluation de la base de donnŽes
bibliographiques SPHINX), de l'Institut d'Etudes Politiques de Grenoble (Žvaluation
du centre de documentation) ou encore dans certaines Chambres de commerce
et d'industrie (amŽlioration des prestations documentaires).
4-3.
Les dŽmarches d'innovation
RŽsolument tournŽes vers l'innovation, les actions d'AVID de la troisime
catŽgorie visent ˆ dŽterminer des Cahiers des Charges Fonctionnels de nouveaux
produits ou services.
On peut citer ici deux des Žtudes menŽes au sein de la MutualitŽ Agricole
(d'une part, la conception d'un Cahier des charges fonctionnel gŽnŽrique des
bulletins et autres produits d'information des Caisses rŽgionales et dŽpartementales,
d'autre part, la dŽfinition de la Fonction Information Documentation (FID)
ˆ mettre en oeuvre de ces mmes Caisses rŽgionales ou dŽpartementales).
Des produits originaux de marketing documentaire sont ainsi ŽtudiŽs
et rŽalisŽs ˆ l'Ecole nationale des ponts et chaussŽes.
On peut Žgalement mentionner l'Žtude conduite au sein d'une grande sociŽtŽ industrielle (CdCF d'une nouvelle banque
de donnŽes sur des matŽriaux) et surtout celle, remarquable, menŽe ˆ l'Institut
universitaire de formation des ma”tres, ˆ Rouen, pour la crŽation d'un futur
centre de ressources.
Ces dernires applications dŽmontrent la puissance d'innovation de
la mŽthode, qui s'applique ˆ merveille dans le domaine difficile des produits
complexes d'information comme dans celui, non moins dŽlicat, de la crŽation
de structures originales.
5 - COMMENT ETENDRE L'USAGE DE L'ANALYSE
DE LA VALEUR
DANS LE SECTEUR DE LA DOCUMENTATION ET DE L'INFORMATION
5-1.Des
difficultŽs rŽelles et de nŽcessaires
adaptations
Des difficultŽs existent dans l'application de l'AV aux produits et
services d'information et de documentation. Elles tiennent ˆ plusieurs facteurs
: trs petite taille moyenne des unitŽs de travail, positionnement ambigu
de celles-ci dans l'entreprise, manque de qualification dans nombre de petites
structures de documentation, mŽconnaissance quasi gŽnŽralisŽe des cožts, complexitŽ
des produits d'information,...L'absence d'une vŽritable concurrence entre
produits et services d'information, le r™le parfois particulier jouŽ par l'Etat
pour soutenir l'innovation dans le secteur de la tŽlŽmatique et les difficultŽs
pour bien ma”triser l'organisation des professions de la documentation et
de l'information sont Žgalement des facteurs qui limitent, a priori, l'usage de mŽthodes telles que
l'analyse de la valeur.
Cela ne doit, en aucun cas, constituer un prŽtexte ˆ ne pas agir. Le
grand marchŽ unique europŽen comme le dŽveloppement rapide et prodigieux des
produits tŽlŽmatiques (Minitel notamment) incitent ˆ regarder aujourd'hui
de plus prs la compŽtitivitŽ des produits d'information et ˆ adopter des
mŽthodes efficaces comme l'analyse de la valeur.
Des adaptations de la mŽthode originale de l'analyse de la valeur aux
spŽcificitŽs du secteur information-documentation sont bien sžr possibles:
- simplification de la mŽthode pour n'en garder que le strict nŽcessaire
lorsque l'on ne peut pas l'appliquer dans sa totalitŽ;
- dŽvelopper des approches "dŽgradŽes" de l'analyse de la
valeur (l'AV vernaculaire), privilŽgiant l'appropriation
individuelle de la mŽthode, tout en gardant le sens profond de celle-ci;
- organiser des actions AV collectives ("mutualisŽes"), pour
des groupes ou rŽseaux de professionnels de la documentation travaillant isolŽment
sur des problmes identiques (rŽseaux des documentalistes des collectivitŽs
territoriales ou des chambres de commerce et d'industrie ou des CDI des lycŽes
et collges);
- promouvoir des Žtudes comparatives pour des familles de produits
dŽterminŽs (par exemple, les revues de presse, les bulletins documentaires ou encore les cha”nes d'alimentation de
bases de donnŽes) et celˆ dans un cadre associatif professionnel ou interprofessionnel.
5-2.
Le passage ˆ l'acte
Comment concrtement passer ˆ l'acte et s'engager
sur la voie de la mise en pratique de l'analyse de la valeur en documentation?
5-2-1. Se documenter sur l'analyse
de la valeur
Il existe dŽsormais de nombreux documents renvoyant ˆ des applications
de l'analyse de la valeur en documenation, de mme qu'il existe une large
documenation gŽnŽrale sur l'analyse de la valeur. On peut mentionner ici les
publications de l'AFAV - Association franaise pour l'analyse de la valeur
- et notamment la revue "La valeur des produits et des services",
les normes sur l'analyse de la valeur, les documents informatifs europŽens
ou encore les congrs internationaux sur l'analyse de la valeur.
Quant aux ouvrages par l'ADBS, il reste des outils indispensables,
ˆ lire et ˆ relire, pour entrer
dans le monde excitant de l'AVID.
5-2-2. Se former ˆ l'analyse de la
valeur
Avant de mettre en oeuvre directement l'AV il peut s'avŽrer utile de
se former ˆ la mŽthode. Plusieurs dŽmarches sont alors envisageables.
a) La voie privilŽgiŽe de la formation ˆ l'AV est celle de la "formation-action",
ˆ l'intŽrieur de l'entreprise ou de l'organisation, in situ. L'Žtude par l'analyse
de la valeur d'un produit d'information ou de documentation est l'occasion
de former les personnels du centre de documentation concernŽ ˆ l'AV, ˆ ses
concepts et ˆ sa pratique.
Ainsi l'Žtude de re-conception d'un produit tŽlŽmatique onŽreux ou
rendant mal le service est l'occasion de changer les mentalitŽs dans l'entreprise
responsable du produit et de former les personnes ˆ de nouvelles approches
de conception de produits.
Cette formation-action est parfaitement intŽgrable au plan de formation
de l'entreprise et peut tre financŽe au titre de la taxe sur la formation
continue.
b) Pour les personnels de documentation en place ou les responsables
de nouvelles industries de l'information, une autre voie consiste ˆ suivre
les stages de formation continue, tels ceux proposŽs depuis 1986 par l'ADBS.
Ces stages, ˆ deux niveaux, permettent un premier contact avec l'AV et donnent
aux participants les moyens d'engager (ou commanditer) une Žtude AV chez eux.
Cette formation, plus thŽorique, permet de resituer l'AV dans d'autres
perspectives mŽthodologiques (analyse de systme, problem solving, qualitŽ
totale,...).
5-2-3. Recruter des documentalistes sensibilisŽs ˆ l'analyse de la
valeur
C'est une voie ˆ ne pas nŽgliger. Nombre de jeunes professionnels ont
ŽtŽ sensibilisŽs pendant leurs Žtudes ˆ l'analyse de la valeur. Des professionnels
confirmŽs ont Žgalement suivi des sessions de formation continue sur ce thme
et ont peut-tre dŽjˆ mis en application l'AV. Mentionner ces formations et
ces expŽriences dans un CV ou exiger une connaissance pratique des concepts
et outils de l'analyse de la valeur lors d'un recrutement peuvent tre des
"plus" Žvidents au service de la compŽtitivitŽ.
5-2-4. Faire vraiment de l'analyse
de la valeur
Cela est tout ˆ fait facile ˆ rŽaliser.
L'appel ˆ un consultant spŽcialiste en AV est la dŽmarche classique.
Il s'agit de bien repŽrer le problme que l'on doit rŽsoudre (par exemple
: rŽduire de 20 ˆ 30 % le cožt annuel de fonctionnement de la base de donnŽes)
et de mettre en oeuvre un processus de travail selon la mŽthode d'analyse
de la valeur. Il faut savoir qu'un franc investi dans une Žtude AV rapporte,
en moyenne 10 ˆ 20 F dans les deux ˆ trois ans qui suivent. Dans les secteurs
tertiaires, ce taux de rentabilitŽ peut
mme tre trs nettement supŽrieur. Cette voie "royale" de l'analyse
de la valeur ne cožte en fait pas trs cher si on sait dŽlimiter correctement
le problme que l'on veut rŽsoudre. On peut mme aller jusqu'ˆ dire que les
dŽpenses ˆ engager seront gŽnŽralement infŽrieures ˆ celles des Žtudes d'informatisation
d'un service de documentation ou peuvent rester limitŽes ˆ un pourcentage
minime du budget du service (5%). Par contre, ces actions d'analyse de la
valeur sont exigeantes du fait de leurs implications techniques, Žconomiques
et sociales.
Dans le cas o des Žtudes AV compltes ne pourraient pas tre envisagŽes,
on pourra se contenter de s'inspirer de l'esprit de la mŽthode et de l'appliquer
ˆ son travail quotidien (AV vernaculaire).
Penser juste n'a jamais nuit ˆ personne, au contraire.
6- DES PRODUITS ET SERVICES D'INFORMATION
COMPETITIFS
AmŽliorer la management des centres de documentation et des entreprises
d'information passe par une claire dŽfinition des produits et services offerts
adaptŽs ˆ un marchŽ bien cernŽ, par une ma”trise rigoureuse des cožts de rŽalisation
de ces produits et services et enfin par une mobilisation efficace et concertŽ
de tout le savoir et le savoir-faire disponible. L'analyse de la valeur, par
son approche Žconomique, fonctionnelle, participative et pluridisciplinaire,
est une mŽthode moderne de conception et de management qui concourt ˆ l'accroissement
de la compŽtitivitŽ. Son succs dans les industries de pointe aussi bien que
dans les organisations tertiaires se confirme ˆ l'Žvidence dans le domaine
des produits et services d'information et de documentation.
Les expŽriences menŽes ces dernires annŽes dans l'application de la
dŽmarche d'analyse de la valeur montrent clairement la nŽcessitŽ et l'intŽrt
d'une nouvelle philosophie de l'Žvaluation de reconception ou de l'innovation
pour accroitre la compŽtitivitŽ des produits et services d'information et
de documentation
L'AVID fonctionnelle, participative et crŽative renvoie ˆ une conception
responsable de l'innovation et du changement. Elle peut contribuer ˆ une meilleure
dŽfinition des missions des unitŽs documentaires et des entreprise d'information,
ˆ de meilleurs choix parmi l'ensemble des moyens disponibles pour atteindre
les objectifs et rendre les services attendus.
Mais elle peut aussi contribuer ˆ une amŽlioration des conditions de
travail et ˆ une motivation accrue ou renouvelŽe des personnels des unitŽs
documentaires et des professionnels de l'information spŽcialisŽe.
A l'heure du grand marchŽ unique europŽen, il apparait plus que jamais
nŽcessaire de s'engager sur la voie de la qualitŽ et de la compŽtitivitŽ et
de mettre en place des dispositifs efficaces d'Žvaluation et de conception des produits et services d'information
et de documentation. L'analyse de la valeur dans le secteur de l'information ou AVID constitue ˆ cet Žgard
une chance ˆ saisir, mme si elle peut comporter des risques dont le plus
important est, ˆ n'en point douter, celui de vouloir ou de devoir changer.
Un "Glossaire de l'analyse de la valeur" a ŽtŽ rŽalisŽ en 1991 par l'Association franaise pour l'analyse de la valeur (AFAV) avec la participation d'associations de diffŽrents pays europŽens. La Commission des CommunautŽs europŽennes (direction XIII/C) a apportŽ son soutien ˆ cette action, dans le cadre d'un contrat SPRINT.
Ce document (rapport EUR 13774 FR) disponible auprs de l'Office des
publications officielles des CommunautŽs europŽennes (ISBN 92-826-2928-7)
permet une harmonisation internationale des concepts et des termes utilisŽs
dans la dŽmarche de l'analyse de la valeur. Il parait donc tout-ˆ-fait justifiŽ
de s'appuyer sur ce "Glossaire" pour introduire les dŽfinitions
utiles relatives ˆ l'AV.
Outre les dŽfinitions retenues dans le "Glossaire" (avec
la traduction en anglais et en allemand des principaux termes), il a semblŽ
utile d'introduire quelques commentaires et d'illustrer par des exemples la
transposition des concepts de base de l'AV aux activitŽs, produits et services
du domaine de l'information et de la documentation.
Analyse de
la valeur
(Value analysis, Wertanalyse)
MŽthode organisŽe et crŽative ayant pour but d'augmenter la valeur
d'un sujet AV (produit, systme, service,...).
La norme franaise sur l'analyse de la valeur (NF X 50-150 d'aožt 1990)
dŽfinit celle-ci comme "une mŽthode de compŽtitivitŽ, organisŽe et crŽative,
visant la satisfaction du besoin de l'utilisateur par une dŽmarche spŽcifique
de conception ˆ la fois fonctionnelle, Žconomique et pluridisciplinaire.
On distingue traditionnellement deux grandes catŽgories d'approches
AV:
- l'analyse de la valeur appliquŽe ˆ la reconception de produits ou
services existants: s'apparentant ˆ une mŽthode de rŽsolution de problmes,
l'analyse de la valeur permet alors de redŽfinir ces produits ou services,
d'amŽliorer la valeur de ceux-ci, c'est ˆ dire de fournir de meilleures prestations
ou une meilleure qualitŽ et/ou de rŽduire les cožts;
- l'analyse de la valeur, utilisŽe comme outil d'aide ˆ l'innovation
et dŽbouchant sur la crŽation de produits ou services nouveaux ˆ partir d'une
analyse poussŽe des besoins, des fonctions et des contraintes ˆ prendre en
compte; on parle alors d'ingŽnirie de la valeur.
A noter que l'analyse de la valeur est une des composantes de la dŽmarche
qualitŽ et qu'elle peut tre dŽfinie comme la recherche de la qualitŽ
ds la conception du produit.
L'application de la mŽthode de l'analyse de la valeur aux produits
et services d'information ou de documentation (gŽnŽriquement intitulŽe AVID) relve en
grande partie de ce l'on appelle habituellement "l'analyse de la valeur
administrative", c'est ˆ dire l'application de la mŽthode aux activitŽs
tertiaires.
LES HOMMES
A-Utilisateur
(User,
Nutzer)
Personne
ou entitŽ pour qui le sujet AV a ŽtŽ conu et qui exploite au moins une de ses
fonctions au cours de son cycle de vie.
Il
faut souligner d'emblŽe que l'utilisateur est la plupart du temps un groupe
cible de personnes et qu'il faudra donc savoir dŽterminer la juste typologie
des utilisateurs rŽels ou potentiels. Il faut aussi prŽciser (contrairement ˆ
ce que pourrait laisser sous-entendre une approche trop rapide de l'analyse de
la valeur) que cet utilisateur n'est pas toujours un "utilisateur
final" et que dans nombre de cas, cet utilisateur est plut™t un
client, commanditaire d'un bien ou
service intermŽdiaire. Dans tous les cas de figure, il importe de cerner au
mieux les besoins de cet utilisateur, personne ou entitŽ, de caractŽriser sa
demande selon diffŽrents critres d'apprŽciation du service attendu, ce qui
conduit ˆ l'Žlaboration du cahier des charges fonctionnel (CdCF).
En
AVID, cet utilisateur peut tre le groupe cible d'une revue de presse (l'Žquipe
de direction d'une entreprise), le groupe des journalistes pouvant faire appel
ˆ une base de donnŽes en texte intŽgral, les Žtudiants d'une salle de
bibliothque en libre accs, ou encore les divers groupes de personnes (selon
une typologie prŽcise) pouvant
frŽquenter un futur centre de ressources d'un institut de formation des
ma”tres. Mais cet utilisateur peut Žgalement tre le centre de documentation
lui mme lorsque l'on envisage son dŽmŽnagement ou lorsque l'on Žtudie ou passe commande de matŽriels
informatiques ou tŽlŽmatiques.
B-DŽcideur
(VA
decision-maker, WA-Entscheidungstrþger)
Personne
de la direction mandatŽe pour donner les orientations d'une action
"analyse de la valeur" et dŽcider des propositions qui seront
appliquŽes.
Le
dŽcideur intervient normalement ˆ l'amont et ˆ l'aval d'un projet AV, parfois
pendant son dŽroulement. Il valide l'orientation de l'action, il implique les
personnels concernŽs par le sujet de l'Žtude et surtout il assume sa
responsabilitŽ de choisir et faire mettre en oeuvre les solutions ŽtudiŽes. On
insiste fortement, en analyse de la valeur pour que soit bien identifiŽ et
impliquŽ le dŽcideur d'un projet AV.
En
AVID, ce dŽcideur peut se situer ˆ un trs haut niveau de la hiŽrarchie d'une
entreprise, lorsque, par exemple, on Žvalue et reconoit une grande base de
donnŽes. Il peut tre le
responsable d'un centre de documentation, dans le cas de produits traditionnels
comme des bulletins signalŽtiques, des revues de presse, des profils
documentaires. Ce mme responsable peut tre dŽcideur d'un projet AV relatif ˆ
une opŽration de dŽmŽnagement ou de crŽation d'une nouvelle signalŽtique pour
les utilisateurs, ou encore pour une action AV touchant ˆ l'informatisation du
centre. A un niveau moins ŽlevŽ dans la hiŽrarchie, un documentaliste de
terrain peut se trouver devoir dŽcider d'une petite action AV touchant un
aspect particulier de la cha”ne de traitement documentaire. La difficultŽ peut
toutefois rŽsider dans l'inŽluctable mŽlange des genres, c'est ˆ dire la non
sŽparation claire des r™les de dŽcideur et de concepteur.
C-Animateur
AV
(VA
project leader, WA-Moderator)
Personne
qui a la connaissance, l'expŽrience et la personnalitŽ requises pour, de faon
professionnelle, constituer une Žquipe AV, organiser ses travaux et la conduire
ˆ la rŽussite.
Attention,
l'animateur AV n'est pas un chef de projet. Il est seulement un facilitateur
qui guide le groupe de travail AV dans son projet. Il est "neutre"
par rapport au sujet traitŽ et ne doit pas, autant que possible, prendre
position sur les formulations du groupe AV ou les choix du dŽcideur. Cet
animateur est trs souvent choisi ˆ l'extŽrieur de la sociŽtŽ (il exerce alors
un mŽtier de conseil indŽpendant), mais dans certains cas, l'entreprise peut
avoir crŽŽ, en son sein, une cellule AV, avec des animateurs AV mis ˆ la
disposition des dŽpartements dŽsirant conduire des projets AV.
En
AVID, l'expŽrience des 10 dernires annŽes montre l'intŽrt Žvident du recours
ˆ des animateurs qualifiŽs, qui, en tout Žtat de cause, ne pouvaient tre issus
de l'entreprise. Donc dans la majoritŽ des projets d'AVID, on s'appuiera sur
des animateurs AV externes, plus ou moins spŽcialisŽs dans le domaine de
l'information et de la documentation. Toutefois, certaines grosses sociŽtŽs,
certaines industries de l'information, certains grands rŽseaux documentaires
pourraient utilement former ou recruter des animateurs AV internes, les aidant
ˆ mettre sur pied et ˆ mener ˆ bien des projets AV.
D-Groupe AV
(VA
team, WA-Team)
Groupe
constituŽ de personnes choisies pour leur compŽtence et leurs connaissances
dans les diffŽrents aspects du sujet AV. Ce groupe est gŽnŽralement
pluridisciplinaire.
Le
groupe AV est un puissant moteur
de rŽsolution de problmes. Ce groupe AV est constituŽ en fonction des
caractŽristiques du projet envisagŽ et du sujet ˆ traiter. Il est composŽ d'un
nombre "suffisant mais limitŽ" de personnes (4 ˆ 8 personnes) et
surtout suffisamment riche pour comprendre la complexitŽ du problme posŽ. Le
mŽlange des diverses cultures professionnelles est essentiel, de mme qu'il est
souvent recommandŽ de disposer d'un ou plusieurs reprŽsentants des utilisateurs
dans le groupe.
Ces
rgles sont applicables ˆ l'AVID.
On constitue ainsi un groupe de travail AV de sept personnes pour une
action portant sur l'analyse des besoins en information et documentation des
cadres des diverses sociŽtŽs d'un groupe bancaire (holding). On compose alors
le groupe AV en tenant compte de divers critres: reprŽsentation des diverses
sociŽtŽs, des divers mŽtiers de la banque et de l'assurance et des divers types
d'utilisateurs du centre de documentation. Pour l'Žtude par l'analyse de la
valeur des dispositifs et moyens de communication d'un Žtablissement
d'enseignement supŽrieur, sont appelŽs ˆ participer au groupe de travail, un
reprŽsentant de l'administration (comptabilitŽ), le directeur des Žtudes, le
responsable de la bibliothque, deux enseignants chercheurs, un reprŽsentant du
secteur informatique. A noter que la composition du groupe AV peut conduire ˆ
faire des choix et ˆ ne pas reprŽsenter telle ou telle composante du problme ˆ
Žtudier: on complte alors le dispositif par des auditions de certaines
personnes reprŽsentants ces points de vue.
Il
faut insister ici sur la nŽcessitŽ impŽrative d'associer aux professionnels de
l'information et de la documentation d'autres partenaires reprŽsentant d'autres
cultures professionnelles ou d'autres intŽrts, de faon ˆ Žviter le cas malheureusement trop frŽquent de
produits de documentation faits par des documentalistes pour des
documentalistes.
3 - LA METHODE
1. Besoin
(Need,
Bedarf)
NŽcessitŽ
ou dŽsir ŽprouvŽ par un utilisateur.
Ce
besoin peut tre "exprimŽ ou implicite, avouŽ ou inavouŽ, latent ou
potentiel" dit la norme franaise. C'est en fait ce besoin de
l'utilisateur qui est ˆ l'origine de l'intention, pour le producteur, de concevoir et rŽaliser un produit.
Mais ce besoin doit tre caractŽrisŽ, traduit, sous forme de fonctions ˆ remplir
par le produit ou service. Ce besoin est ˆ valider. Il faut encore souligner
que ce besoin peut correspondre ˆ un souci d'efficacitŽ et d'utilitŽ (ce qui
donne naissance ˆ des fonctions d'usage), mais peut aussi tre liŽ ˆ des
souhaits ou dŽsirs moins rationnels, moins strictement utilitaires (on dŽbouche
alors sur des fonction dites d'estime).
En
AVID, le besoin pris en compte dans nombre de projets AV est le besoin
d'information, besoin qui sera analysŽ selon les divers groupes d'utilisateurs
concernŽs, selon les diverses finalitŽs de cette information, selon les
diffŽrents contextes de recours ˆ cette information. Mais dans d'autres cas, le
besoin peut tre complŽmentaire du strict besoin d'information (valoriser une
structure, amŽliorer une communication, Žlever le niveau de connaissance technique
de l'ensemble du personnel de l'entreprise). Dans des projets AV concernant des
rŽalisations techniques (l'amŽnagement des espaces de la documentation,
l'informatisation des activitŽs documentaires, le raccourcissement des dŽlais
d'une cha”ne de traitement du livre,...), les besoins seront spŽcifiques du
contexte et du sujet ŽtudiŽ et pourront
conduire ˆ considŽrer le besoin d'information comme un invariant, non
pertinent pour caractŽriser le problme ˆ rŽsoudre.
2.
Contrainte
(Constraint,
Vorgabe)
Restriction
rŽsultant de
-
l'entreprise (investissement, dŽlai,...),
-
la rŽglementation (normes, lois, rŽglements,...),
-
l'environnement (Žcologie),
et
qui a pour effet de limiter le choix des solutions dans un projet AV.
Cette
limitation ˆ la libertŽ de choix du concepteur est l'affirmation d'un constat
de luciditŽ: on ne peut pas (ou on
ne veut pas) tout changer ˆ la fois. En d'autres termes, la dŽmarche AV
s'inscrit dans une perspective de rŽalisme qui implique une parfaite
connaissance de certaines donnŽes incontournables de l'environnement et de
l'Žconomie. Ce terme de contrainte, auquel il ne faut pas donner un sens
pŽjoratif (le plus souvent trs nŽgatif), est souvent mal compris, ce qui peut
engager le concepteur d'un produit ou d'un service sur la voie d'une impasse.
Un bon projet AV commence par la mise ˆ plat et la validation de l'ensemble des
contraintes qu'il faudra de toutes manires prendre en compte.
Ces
contraintes, en AVID, peuvent tenir ˆ des choix faits antŽrieurement ou ˆ un
autre niveau (par exemple, respecter un schŽma directeur informatique
s'imposant ˆ l'ensemble de l'entreprise et donc au centre de documentation).
Elles peuvent tre liŽes au niveau ou au champ choisi pour l'Žtude (on
travaille sur l'ensemble des services ˆ la clientle, ˆ l'exception de la revue
de presse qui fait l'objet d'un contrat de sous-traitance non rŽsiliable ˆ
court terme). Ces contraintes
peuvent exprimer des limitations dans les moyens disponibles (il n'est pas
question de consacrer plus de 10 heures par mois ˆ la rŽalisation de tel produit ou encore on ne peut pas utiliser les machines off-set de
l'imprimerie intŽgrŽe du fait de son plan de charge). Le respect de certains
standards, de certaines normes, les rgles dŽontologiques peuvent tre autant
de contraintes ˆ prendre en compte. A noter enfin que ces contraintes sont
souvent trs contextuelles et qu'elles peuvent varier dans le temps et
l'espace.
3. Sujet AV
(VA
subject, WA-Objekt)
Le
produit, systme, service, etc., auquel l'analyse de la valeur est appliquŽe.
Si
ˆ l'origine, l'analyse de la valeur a surtout ŽtŽ appliquŽe ˆ la reconception
de produits matŽriels fabriquŽs, elle est de plus en plus mise en oeuvre pour
rŽsoudre des problmes plus complexes, relatifs non plus seulement ˆ des objets
fabriquŽs (produits) mais aussi ˆ des systmes ou ˆ des services. Le sujet AV
est en quelque sorte le champ opŽratoire que l'on se donne et il est Žvident
que la dŽlimitation des frontires du sujet est un acte arbitraire, risquŽ. Lˆ
encore, un bon projet AV nŽcessite que soit clairement dŽsignŽ et dŽlimitŽ le
sujet ˆ traiter, avec dans certains cas la possibilitŽ de mener des actions sur
plusieurs sujets en parallle ou embo”tŽs.
Le
choix des sujets relve de la responsabilitŽ de la direction et doit tenir compte des enjeux visŽs.
Les
sujets ŽtudiŽs en AVID sont nombreux et variŽs:
-
des produits d'information et de documentation classiques (bulletins,
catalogues, synthses, revues de presse, lettres d'information) ou plus
innovants (bases de donnŽes, CD-ROM, Žtudes bibliomŽtriques,...);
-
des services particuliers tels que la diffusion de profils documentaires
personnalisŽs, la circulation de pŽriodiques, la fournitures de copies et de
tirŽs ˆ part, un service de veille,...;
-
des outils ou moyens de la documentation: locaux ou espaces, matŽriels,
magasins, fonds documentaires, thŽsaurus,...;
-
des procdures ou cha”nes d'activitŽ: cha”nes documentaires, alimentation de
bases de donnŽes, accueil et contr™le des utilisateurs-visiteurs,...;
-
des organisations ou dispositifs globaux: centre de documentation,
bibliothque, CDI, centre de ressources, systmes nationaux de documentation,
rŽseaux documentaires,...;
-
des problŽmatiques autour de l'information: interface information-formation,
interface information-conseil, circuits d'information en entreprise, systmes
d'aide ˆ la dŽcision,...
3.1. Projet
AV
(VA
project , WA-Projekt)
L'application
de l'AV ˆ un sujet AV.
Le
projet AV, c'est d'abord et avant tout un investissement, c'est du temps et de
l'argent. En consŽquence, le projet AV doit tre prŽcisŽ de faon rigoureuse:
choix du sujet, composition du groupe AV, durŽe et dŽlais accordŽs, budget
attribuŽ, choix d'un animateur AV, dŽtermination du plan de travail,... Il va de
soi que les projets AV doivent tre
proportionnŽs aux capacitŽs de la sociŽtŽ et aux enjeux du sujet.
En
AVID, l'expŽrience passŽe a dŽmontrŽ la possibilitŽ de dŽvelopper des projets
AV trs diffŽrents:
-
des projets lourds (de l'ordre de 10 sŽances de travail ou plus) pour l'Žtude
de grandes bases de donnŽes ou de systmes documentaires lourds;
-
des projets courants ou moyens (5 ˆ 7 sŽances de travail) pour des sujets
relatifs ˆ des fonctionnements de centres de documentation ou ˆ la rŽalisation
de cahiers des charges fonctionnels pour de nouveaux produits;
-
des projets plus lŽgers (3 ˆ 4 sŽances), soit pour valider des projets en cours
(Žvaluation fonctionnelle), soit pour reconcevoir des produits classiques
(bulletins, lettres,...), soit encore pour explorer des pistes de nouveaux
produits.
Il
faut aussi noter que ces projets AV peuvent se faire au sein d'une sociŽtŽ,
mais peuvent aussi se dŽvelopper dans des rŽseaux documentaires. On peut du
reste encourager dans ce sens les professionnels de la documentation ˆ
travailler sur des projets AV, relatifs ˆ des sujets gŽnŽriques (dŽfinition de cahiers des charges
fonctionnels gŽnŽriques ou comparatifs pour des produits de documentation de
structures dŽpartementales ou rŽgionales).
3.2. Plan de
travail AV
(VA
job plan, WA-Arbeitsplan)
DŽmarche
organisŽe et mŽthodique comprenant un certain nombre de phases, dans le but
d'assurer la rŽussite d'un projet AV.
Le
plan de travail AV est au centre des documents normatifs existants en Europe.
De fait, le plan de travail AV s'apparente ˆ ce qui est largement recommandŽ
dans les mŽthodologies de rŽsolution de problmes. L'articulation logique de
diverses phases ou Žtapes spŽcifiques est
la base mme d'une bonne conduite de projet. Ce plan de travail AV
comporte donc les phases suivantes:
-
l'orientation et la prŽparation de l'action AV;
-
l'analyse systŽmatique du contexte et la collecte, la mobilisation et
l'appropriation collective des informations sur l'environnement du sujet
traitŽ;
-
l'analyse du sujet lui-mme, ˆ la fois description factuelle de l'existant et
expression des fonctions actuelles et souhaitables, sans oublier le chiffrage
des cožts;
-
la recherche d'idŽes et de voies de solutions;
-
la validation des solutions et l'Žlaboration de propositions pour le dŽcideur;
-
et selon les cas (et les limites du contrat AV), le suivi de la rŽalisation des
solutions.
Il
est Žvident que ce plan de travail s'applique sans restriction aux projets
d'AVID, avec toutefois des spŽcificitŽs dans les outils employŽs dans telle ou
telle phase. Ainsi dans l'analyse du contexte est-on conduit ˆ bien reprer les
multiples composantes du systme d'information au sein duquel est plongŽ le produit ŽtudiŽ
(les notions de concurrence ou de
complŽmentaritŽ entre produits d'information sont souvent trs subtiles ˆ
apprŽcier). De manire gŽnŽrale, l'effort est mis en AVID sur la phase de
l'analyse fonctionnelle, dans la mesure o beaucoup de produits ou services
d'information semblent avoir ŽtŽ conus avec une trs faible conscience des
multiples besoins, rŽels et complexes,
des utilisateurs, avec le seul leit-motiv d'informer: la rŽduction du
produit d'information ˆ sa stricte fonction causale conduit bien souvent ˆ son
rejet par l'utilisateur (oubli de nombreuses autres fonctions complŽmentaires
d'ergonomie, de relation ˆ des environnements spŽcifiŽs ou encore de fonctions
d'estime).
3.3.
Conception pour un cožt objectif (CCO)
(Design
to cost, Design to cost)
MŽthode
de conduite de projet permettant d'orienter la conception d'un produit afin
qu'il rŽponde ˆ un ensemble de performances dŽterminŽes en respectant des
objectifs de cožts et dŽlais prŽ-Žtablis. Cette mŽthode, basŽe sur les
techniques AV, implique que soit
recherchŽ un accord gŽnŽral sur l'arbitrage entre le cožt et les spŽcifications
techniques.
Cette
approche plus particulire de l'analyse de la valeur est surtout rŽpandue dans
les grandes sociŽtŽs de l'industrie hautement concurrentielle (aŽronautique,
tŽlŽcommunications,...). Il faut
surtout souligner le souci de ne pas "dŽriver" en matire de cožt et
de faire des produits non seulement adaptŽs aux besoins de l'utilisateur mais
surtout ˆ sa solvabilitŽ.
En
AVID, la contrainte Žconomique est souvent trs forte et, par certains c™tŽs,
les projets AV rŽalisŽs s'inspirent de la dŽmarche CCO (adaptation ˆ la
pŽnurie!). Il peut s'avŽrer tout-ˆ-fait judicieux d'explorer par l'AV-CCO la
conception de nouveaux produits d'information (bases de donnŽes, CD-ROM)
respectant un cožt objectif deux ˆ trois fois plus faible que les cožts actuels
pour tenir compte de la solvabilitŽ rŽduite des utilisateurs sur certains
grands marchŽs potentiels.
4. Fonction
(Function,
Funktion)
Ce
qui est attendu d'un sujet AV dans un but ou un usage dŽterminŽ. En AV, une
fonction s'exprime normalement par un verbe et un nom pris comme complŽment.
Les
fonctions d'un produit permettent de satisfaire les besoins multiples de
l'utilisateur. Elles constituent
ce pour quoi le produit a ŽtŽ rŽalisŽ, ce qui est nŽcessaire et
suffisant. Les fonctions sont par nature contingentes, dŽpendantes de
l'utilisateur, de son contexte culturel, instrumental, temporel. En d'autres
termes, il ne saurait exister une liste de fonctions types universelles. Elles
sont ˆ redŽcouvrir et ˆ reprŽciser dans chaque cas.
On
distingue gŽnŽralement:
-
les fonctions de service, en relation Žtroite avec les besoins de
l'utilisateur: ces fonctions de service sont exprimables de faon indŽpendantes
des choix de solutions techniques;
-
les fonctions techniques des ŽlŽments du produit, dŽcrivant les solutions
existantes et contribuant ˆ la rŽalisation des fonctions de service.
L'objectif
de l'analyse de la valeur consiste donc ˆ bien cerner et valoriser les
fonctions de service, en limitant autant que possible le poids des fonctions
techniques.
Rajoutons
que l'on a l'habitude de distinguer
parmi les fonctions de service, les fonctions d'usage (apprŽciables en
termes de mesure) et les fonctions d'estime (ajoutant de la subjectivitŽ ˆ un
utilitarisme pouvant tre trop rŽducteur du besoin).
Les
fonctions ŽtudiŽes en AVID, peuvent selon le cadre du projet AV, tre soit des
fonctions de service, soit des fonctions techniques, soit une articulation des
deux types de fonctions. Ainsi, lors de la reconception d'un bulletin de
documentation, on s'aperoit que l'enveloppe cartonnŽe contenant les feuillets
de signalement documentaire rŽpond
ˆ la fois ˆ une fonction technique ("contenir les documents"),
Žvidemment non valorisŽe en tant que telle par l'utilisateur, et ˆ plusieurs
fonctions de service complŽmentaires ("assurer la promotion du centre de
documentation", "permettre la prise de contact",
"identifier l'environnement temporel",...). Dans l'Žtude d'un centre
de ressources pour un institut de formation des ma”tres, le projet AV ne porte
que sur l'exploration des fonctions de service potentielles (un tableau de 17
grandes fonctions), comme par exemple:
-
consolider la formation des Žtudiants et stagiaires, futurs ma”tres, par
l'apprentissage des mŽthodes de l'information;
-
contribuer ˆ une mise en cohŽrence des divers outils de documentation accompagnant les enfants, Žlves puis
Žtudiants dans leurs Žtudes;
-
contribuer au dŽveloppement d'une histoire de l'Žducation;
-
assurer une auto-Žvaluation du dispositif de transfert de l'information;
-
valoriser l'IUFM au plan rŽgional et national (fonction d'extime).
4.1.
Analyse fonctionnelle
(Functional
analysis, Funktionenanalyse)
DŽmarche
qui consiste ˆ dŽcrire compltement les fonctions et leurs relations. Le
rŽsultat est une reprŽsentation visuelle et/ou Žcrite des fonctions
systŽmatiquement caractŽrisŽes, hiŽrarchisŽes et valorisŽes (cožt, etc.).
La
recherche et l'expression des fonctions est une dŽmarche centrale des projets
AV. L'analyse fonctionnelle conduit ˆ oublier le produit tel qu'il existe (s'en
Žcarter), pour ne retenir que l'essentiel, ˆ savoir les fonctions qu'il
remplit. Cette dŽmarche permet de mieux coller aux besoins de l'utilisateur et
surtout, d'ouvrir largement le champ de la recherche crŽative.
L'analyse
fonctionnelle comporte gŽnŽralement les phases ou opŽrations suivantes:
-
identification des fonctions (dŽcouvrir celles-ci, les inventorier);
-
ordonnancement des fonctions ("mettre" de l'ordre entre fonctions de
service et fonctions techniques, entre fonctions principales et fonctions
complŽmentaires, dŽterminer les relations entre les fonctions);
-
recherche de formulations appropriŽes et ouvertes pour chacune des fonctions
(un verbe suivi de complŽments, en Žvitant dÕŽvoquer des solutions);
-
valider les fonctions (faut-il garder ou non ces fonctions, peuvent elles
dispara”tre du fait d'Žvolutions dans les besoins et dans l'environnement);
-
caractŽrisation ou spŽcification des fonctions (identification des critres et
niveaux d'apprŽciation ou d'exigence sur les fonctions);
-
hiŽrarchisation, pondŽration ou encore valorisation des fonctions (quelle
stratŽgie fonctionnelle?).
En
AVID, l'ensemble des opŽrations de l'analyse fonctionnelle prŽsentent de
l'intŽrt, car bien souvent, les produits ou services d'information manquent
cruellement de dŽterminations fonctionnelles rigoureuses. Si l'identification
des fonctions reste l'acte primordial (bien prendre conscience des 7 ˆ 10
fonctions ˆ prendre en compte et non pas se limiter ˆ la seule la fonction
triviale et non discriminante
"informer), on gagne beaucoup ˆ faire spŽcifier les fonctions (ce
qui oblige ˆ mieux connaitre sa cible d'utilisateurs et son environnement),
ainsi qu'ˆ faire hiŽrarchiser les fonctions (c'est l'essence mme du
management!).
4.2. Cožt
de fonction
(Function
cost, Funktionskosten)
Part
du cožt d'un sujet AV (produit, systme ou service) correspondant directement ˆ
une fonction dŽterminŽe.
Le
chiffrage des fonctions qui permet de dŽterminer les cožts fonctionnels est un
autre aspect important de la mŽthode.
Il s'agit d'introduire de la mesure et donc de pouvoir dire ˆ combien
revient dans le produit existant le cožt de rŽalisation des diverses fonctions. Ce cožt fonctionnel peut tre Žtabli en
unitŽs monŽtaires, mais d'autres unitŽs ou scalaires de dŽpenses peuvent tre
utilisŽs selon les contextes (masse, temps, fiabilitŽ ou coefficient de
risque,...). La dŽtermination de ces cožts de fonction demande une trs grande
habiletŽ qui rend parfois vaine la qute d'une Žvaluation trop absolue
(scientifique) de ces cožts fonctionnels.
Les
cožts par fonction sont interessants ˆ manipuler en AVID, dans la mesure o ils
font dŽcouvrir des distorsions importantes entre le rŽel et le souhaitable.
Ainsi peut-on s'Žtonner du cožt de la fonction "transfrer les donnŽes
entre sites informatiques de travail" pour une base de donnŽes en texte
intŽgral: cette fonction , strictement fonction technique non valorisŽe aux
yeux de l'utilisateur, reprŽsente ˆ elle seule 20 ˆ 25 % de l'ensemble des
cožts fonctionnels. Pour un bulletin documentaire mensuel diffusŽ en 600
exemplaires, le cožt de la fonction technique de diffusion ˆ l'utilisateur se
monte ˆ prs de 100.000 francs (27% du cožt total).
4.3.
Critre d'apprŽciation
(Evaluation
criterion, Bewertungskriterien)
Caractre
retenu pour apprŽcier la performance attendue d'un sujet AV ou fournie par
celui-ci.
Les
critres d'apprŽciation des diverses fonctions sont des dimensions
caractŽristiques du besoin de l'utilisateur. Ils permettent de juger
(d'Žvaluer) la rŽponse du produit ˆ ce besoin. Dans la mesure du possible, une
Žchelle d'apprŽciation ou de mesure doit tre proposŽe: ainsi peut-on
dŽterminer des niveaux d'apprŽciation ou d'exigence.
Pour
une fonction donnŽe, plusieurs critres peuvent tre envisagŽs.
Dans
le domaine de l'information et de la documentation, les critres les plus
frŽquemment rencontrŽs sont les suivants:
-
action de la fonction dans le temps: le besoin d'information, selon les contextes,
peut tre ponctuel (liŽ ˆ une action prŽcise) ou permanent, rŽgulier ou
irrŽgulier, rythmŽ ou non,...;
-
degrŽ d'approfondissement de l'information (spŽcialisation pointue ou
vulgarisation);
-
degrŽ d'incorporation de valeur ajoutŽe (information brute ou information
synthŽtisŽe);
-
degrŽ de confiance (ou de validation) de l'information;
-
localisation de l'effet de la fonction (centralisation, dŽcentralisation,...);
-
degrŽ d'extension de la couverture documentaire;
-
degrŽ d'implication ou de subjectivitŽ (information plus ou moins ŽvaluŽe,
commentŽe, par les professionnels de la documentation);
-
degrŽ de confidentialitŽ;
-
extension de la diffusion.
La
dŽtermination des critres et surtout celle des niveaux dŽpendent strictement
du contexte et de la cible utilisateur visŽe. Le segment de marchŽ choisi
conduit ˆ fixer des critres et des niveaux spŽcifiques. Lˆ encore, l'analyse
de la valeur et l'analyse fonctionnelle s'opposent aux dŽmarches classiques de recherche de solutions
universelles ou d'imitation servile de pratiques inadaptŽes ˆ leurs contextes.
4.4.
Fonction inutile
(Unnecessary
functionr, UnerwŸnschte Funktion)
Fonction
qui ne contribue pas ˆ augmenter la valeur d'un sujet AV.
C'est
ˆ l'Žvidence un des buts de l'analyse de la valeur que de rechercher ˆ
identifier ou Žliminer ces fonctions inutiles. Il peut s'agir de fonctions de
service qui n'ont pas de raison d'tre du fait des spŽcificitŽs du contexte ou
qui n'en ont plus par suite d'Žvolutions dans l'environnement. Mais surtout,
c'est dans les fonctions techniques que l'on fait la chasse ˆ l'inutile:
ramener une fonction technique ˆ un niveau juste nŽcessaire, Žliminer des
fonctions techniques (notamment d'assemblage) par un autre choix de conception.
Les
applications AVID montrent combien cette prŽoccupation de "la chasse aux
gaspis fonctionnels" est importante et fructueuse: Žliminer les fonctions
techniques inutiles de transfert, dans le cas de systmes informatisŽs,
supprimer la fonction de commande de copies d'articles ˆ l'unitŽ centrale de
documentation quand les unitŽs de terrain sont elles-mmes trs bien
approvisionnŽes, rŽduire au juste nŽcessaire la fonction de conservation des
documents quand les missions de l'unitŽ documentaire sont plut™t celles d'un
courtier en information. On peut mme aller, dans certains cas, jusqu'ˆ
considŽrer comme inutile la fonction "contribuer au dŽveloppement d'un
rŽseau documentaire" si celˆ conduit ˆ une dŽrive dans les objectifs et les missions et ˆ un
gaspillage des moyens.
5. Cahier
des charges fonctionnel
(Functional
performance specification, Spezifikation der funktionalen Leistungsmerkmale)
Document
par lequel le demandeur exprime son besoin (ou celui qu'il est chargŽ de
traduire) en termes de fonctions et de contraintes. Pour chacune d'elles sont
dŽfinis des critres d'apprŽciation et leurs niveaux, chacun de ces niveaux est
assorti d'une flexibilitŽ.
Ce
cahier des charges fonctionnel (ou CdCF) est la concrŽtisation la plus ŽlaborŽe
de la dŽmarche fonctionnelle. L'Žtablissement de ce document implique une trs
bonne Žtude des besoins des utilisateurs et des contraintes de l'environnement.
Le cahier des charges fonctionnel est l'outil de formalisation intelligente du
projet ˆ dŽvelopper. Il prŽcise de faon rigoureuse les attentes ou exigences
(les objectifs ˆ atteindre), en laissant au concepteur du futur produit le maximum de latitudes pour exprimer
sa crŽativitŽ et ses talents. Le cahier des charges fonctionnel comporte, en principe, une liste de
fonctions ˆ remplir, l'indication des critres et des niveaux d'apprŽciation pour chaque fonction,
l'ŽnoncŽ Žventuel de flexibilitŽs (ce qui permet des ajustements entre diverses
fonctions et divers critres), enfin l'appel ˆ variantes.
Le
cahier des charges fonctionnel est un outil essentiel de la dŽmarche qualitŽ.
Des
cahiers des charges fonctionnels ont ŽtŽ notamment rŽalisŽs dans le passŽ
rŽcent pour des produits
"papier" d'information et de documentation pour des PME tertiaires,
pour un systme d'information sur les matŽriaux composites pour un laboratoire
de recherche-dŽveloppement, pour l'amŽnagement de plusieurs centres de
documentation, pour la crŽation de centres de ressources en milieu Žducatif,
pour des produits de marketing documentaire, pour des produits mixtes
d'information et de formation.
6.
Recherche d'idŽes et de solutions
Pas
de dŽfinition spŽcifique dans le "Glossaire" pour ces termes d'usage
courant.
Cette
phase du plan de travail AV est un aboutissement logique de la dŽmarche
fonctionnelle. Il faut noter le souci permanent, en analyse de la valeur, de ne
pas plonger trop vite vers les solutions. Une bonne Žtude du contexte, du
besoin de l'utilisateur, des contraintes et des fonctions enrichit la rŽflexion
et permet au groupe de travail de dŽboucher sans difficultŽ sur des solutions
originales.
En
AVID, la recherche des idŽes et des solutions n'est pas diffŽrente de ce qui se
pratique dans d'autres domaines. On peut toutefois mentionner le fait que la
prŽsence dans le groupe de travail de personnes non professionnelles de la
documentation constitue une stimulation permanente ˆ la crŽativitŽ et enrichit
la recherche des solutions. Inversement, des groupes constituŽs exclusivement
de documentalistes ont beaucoup de mal ˆ abandonner les schŽmas de pensŽe traditionnels et ˆ imaginer d'autres
alternatives aux classiques produits d'information-documentation.
6.1.
Conception technique
Pas
de dŽfinition spŽcifique dans le "Glossaire" pour ces termes d'usage
courant.
Cette
conception technique exprime le savoir faire technique des professionnels du
domaine, en rŽponse au cahier des charges fonctionnel donnŽ.
6.2.
CrŽativitŽ
Pas
de dŽfinition spŽcifique dans le "Glossaire" pour ce terme d'usage
courant.
Il
est interessant de noter l'apport des techniques de crŽativitŽ ˆ la conception
de produits et services d'information et de documentation. Ainsi les matrices
de dŽcouverte, en facilitant le croisement de diverses dimensions (les diverses
natures d'information, les diverses cibles d'utilisateurs, les diverses
fonctions attendues), permettent d'identifier des segments de marchŽ originaux
et encore vierges de tout produit. Les schŽmas ou prolifŽrations heuristiques
sont particulirement utiles pour faire jaillir des idŽes de produits rŽpondant
ˆ plusieurs caractŽristiques fonctionnelles. Quant aux techniques telles que le
brainstorming, ou la
synectique, elles peuvent tre utilisŽes pour dŽcouvrir des principes ou
alternatives de solutions: comment rendre attractif un bulletin documentaire
intrinsŽquement peu plaisant
(valoriser ainsi une fonction d'estime souvent oubliŽe)?
7.
Evaluation
Pas
de dŽfinition spŽcifique dans le glossaire pour ce terme d'usage courant.
La
dŽmarche d'analyse de la valeur consiste au fond ˆ Žvaluer un produit en apprŽciant les services qu'il rend et en
confrontant cette apprŽciation avec le cožt d'obtention de ces services.
7.1. Valeur
(Value,
Wert)
Relation
entre la contribution d'une fonction (ou d'un sujet AV) ˆ la satisfaction du
besoin et le cožt de cette fonction (ou sujet AV).
Selon
cette dŽfinition, le produit qui
aura la plus grande valeur (et donc celui qui sera dominant sur le marchŽ) est
celui remplit correctement les fonctions requises pour un cožt minimal. Ainsi
les axes d'action en analyse de la valeur consistent ˆ bien Žtudier et
critiquer les fonctions, ˆ ma”triser les composantes du cožt et ˆ optimiser la
relation entre ces deux facteurs. Il faut impŽrativement souligner ici que
cette dŽfinition de la valeur est plut™t une expression symbolique (sorte de
rapport qualitŽ/prix ˆ optimiser) et qu'il est impossible, sauf dans de trs
rares cas, de mesurer cette valeur (selon une Žchelle ŽtalonnŽe).
On
comprend immŽdiatement qu'il ne sera pas question de donner, en AVID, une expression quantifiŽe de la valeur
d'un produit ou service d'information et surtout de chercher ˆ rŽpondre ˆ la
question quasi insoluble de la valeur intrinsque de l'information. On se contente, en opŽrationnels de
terrain, concepteurs et non chercheurs, de mieux cerner les fonctions attendues par les utilisateurs,
d'apprŽhender les cožts de rŽalisation de ces produits et de dŽterminer des
stratŽgies de rŽsolution de problmes permettant de faire Žvoluer au mieux ces
produits face ˆ la concurrence. Il faut aussi souligner le fait que les sujets
d'Žtude AVID sont surtout liŽs aux
supports matŽriels de l'information ou aux activitŽs ou procdures de
traitement et transfert de l'information. Ainsi, en osant une analogie, on
pourrait dire que l'AVID consiste
plus ˆ rendre un meilleur service, au meilleur cožt, en travaillant sur la
re-conception de la bouteille d'eau, sur l'Žvaluation du processus d'extraction et purification
de cette eau ou encore des
dispositifs de mise en bouteille, d'acheminement, de commercialisation,
sans chercher pour autant et prŽalablement ˆ dŽterminer la valeur, intrinsque, absolue et donc mesurable,
de l'eau pour l'homme. On s'assure toutefois que telle nature d'eau est bien
celle qui correspond aux attentes de telle ou telle population cible, de la
mme faon qu'on veille au respect de l'ensemble des contraintes relatives ˆ la
qualitŽ de l'eau.
7.2. Cožt
global
(Life
cycle cost, Lebenswegkosten)
Somme
des dŽpenses sur l'ensemble de la vie d'un sujet AV (conception, fabrication,
utilisation, maintenance,...et Žlimination).
Ce
cožt global s'entend pour un intervenant Žconomique dŽterminŽ et doit tre
calculŽ en monnaie actualisŽe. Cette approche en cožt global implique que
soient ŽtudiŽes les fonctions du produits dans toutes les phases ou temps de
vie du produit.
En
AVID, cette notion de cožt global commence ˆ tre prise en compte dans le cas
de produits ou services importants
dont l'utilisation se fait sur une assez longue pŽriode. Ainsi est-on amenŽ ˆ
considrer des cožts de maintenance dans le cas de fichiers informatisŽs ou de
bases de donnŽes. De mme, l'arrivŽe des CD-ROM conduit ˆ Žtablir des
comparaisons en cožt global entre les systmes d'information "au
robinet" (interrogation en ligne de bases de donnŽes) et les maxi-bouteilles
d'information (CD-ROM) au cožt initial souvent trs ŽlevŽ. La conception d'un
centre de documentation doit
Žgalement pouvoir tre apprŽhendŽe en cožt global.
8.
Proposition
Pas
de dŽfinition spŽcifique dans le glossaire pour ce terme d'usage courant.
Le
groupe AV propose au dŽcideur un choix de solutions, ŽvaluŽes, classŽes. Ces
propositions sont assorties de chiffrages Žconomiques.
8.1. Cožt
(Cost,
Kosten)
Equivalent
monŽtaire des actions nŽcessaires pour dŽvelopper, produire et/ou utiliser un
produit.
Le
cožt ne doit pas tre confondu avec le prix.
En
analyse de la valeur, les calculs
sont gŽnŽralement faits en cožt direct, sans tenir compte des frais gŽnŽraux
qui font l'objet d'actions distinctes. Cette approche du calcul des cožts est
cohŽrente avec l'objectif d'action sur les choix de conception. Dans certaines
Žtudes, ce cožt peut ne pas tre exprimŽ en unitŽs monŽtaires.
Les
calculs de cožt en AVID commencent ˆ devenir plus sytŽmatiques. On cerne de
mieux en mieux les diverses composantes du cožt des produits et services.
Certaines Žtudes conduisent ˆ privilgier un chiffrage en deux temps: d'abord
cerner les cožts de personnel (les temps passŽs) de faon ˆ valider la
cohŽrence de l'analyse, puis chiffrage complet avec incorporation des autres
dŽpenses (consommables, amortissements,...).
8.2. Prix
(Price,
Preis)
Equivalent
monŽtaire payŽ par un client pour un produit.
Le
prix se constate sur un marchŽ et est ˆ la base de la nŽgociation entre vendeur
et acheteur. Le prix de marchŽ est
en relation plus on moins Žtroite avec le cožt de production dans certaines
situations, mais peut aussi ne pas l'tre. En analyse de la valeur, le prix
peut tre une donnŽe externe, voir une contrainte ˆ prendre en compte (ce qui
peut entra”ner ensuite des approches CCO).
Le
domaine de l'information et de la documentation est un domaine pour lequel les
prix sont souvent trs en dea des
cožts. On peut toutefois mentionner les produits ˆ haute valeur ajoutŽe (veille
stratŽgique, information pour la dŽcision,...) qui trouvent preneurs sur des
segments de marchŽ particuliers ˆ des niveaux de prix nettement plus ŽlevŽs que
ceux des produits traditionnels.
9. Decision
Pas
de dŽfinition spŽcifique dans le glossaire pour ce terme d'usage courant.
On
peut souligner ici que l'analyse de la valeur est fondamentalement une mŽthode
dÕaide ˆ la dŽcision et plus prŽcisŽment dÕaide ˆ la dŽcision multi-critres.
10.
Management de la valeur
(Value
management, Value management)
Utilisation
gŽnŽralisŽe et systŽmatique du concept de valeur et pratique des techniques de
l'analyse de la valeur comme mŽthode de rŽsolution de problmes dans une
entreprise.
Cette
approche ambitieuse de l'analyse de la valeur comme outil de management
commence ˆ percer dans certaines unitŽs documentaires. Des actions sytŽmatiques
et rŽpŽtŽes ont ainsi ŽtŽ conduites au sein de la Documentation gŽnŽrale de
l'Union des Caisses Centrales de MutualitŽ Agricole. Le rŽflexe AV est acquis
et les dŽmarches de conception de produits et de gestion des activitŽs de
documentation sont fortement imprŽgnŽes de l'approche fonctionnelle. Dans
d'autres cas, l'esprit AV conduit ˆ des rŽ-organisations des structures,
combinŽes avec la crŽation de nouveaux produits et l'amŽlioration notable de la communication interne.
Un
tel management de la valeur peut tre trs utile aux unitŽs documentaires de
petite taille (mieux rŽpondre ˆ des besoins plus exigeants avec des moyens
forcŽment trs limitŽs). Le management de la valeur peut Žgalement tre
apprŽciable dans le cas de nouvelles structures (centres de ressources) devant
imposer de nouvelles logiques de service de l'information. Enfin, il ne faut
pas dŽsesprer de voir, un jour, de trs grandes et trs grosses institutions ou industries de l'information s'intŽresser
ˆ l'analyse et au management de la valeur.
LÕanalyse
de la valeur est une mŽthode dÕinnovation et de conduite du changement dans les
organisations. Elle est nŽcessairement ÒdŽstabilisanteÓ en ce sens quÕil faut
accepter la remise en cause des habitudes et des acquis pour pouvoir imaginer
dÕautres possibilitŽs, dÕautres dŽmarches, dÕautres solutions.
Mais
le changement peut nÕtre que thŽorique sÕil nÕest pas accompagnŽ des
nŽcessaires prises de dŽcision. En dÕautres termes, lÕanalyse de la valeur,
mŽthode dÕaide ˆ la dŽcision, ne peut pas faire lÕimpasse dÕune clarification
des modalitŽs de la prise de dŽcision sur les changements anticipŽs et voulus.
CÕest la raison pour laquelle, lorque lÕon engage une action dÕanalyse de la
valeur, on sÕattache ˆ respecter
quelques rgles essentielles (les dix commandements pour une bonne organisation
de la prise de dŽcision dans les dŽmarches dÕanalyse de la valeur).
1 - Bien connaître le système décisionnel
Bien identifier, en amont de l’action qui sera réalisée,
le système de prise de décision au sein de l’organisme concerné:
- qui est le demandeur de l’action et qui la finance?
- qui est le responsable du produit ou du service étudié?
- qui est concerné par les changements autour du produit ou du service?
- qui est le décideur final sur les propositions qui seront faites à
l’issue de l’action AV?
- qui sera normalement chargé de mettre en oeuvre les solutions retenues?
- y-a-t-il d’autres instances décisionnelles au sein de l’organisme
pouvant interfèrer avec l’action envisagée et avec le sujet
étudié?
Il convient de tenir compte de la complexité du système décisionnel
dans la détermination des objectifs de l’action, dans le choix
de la méthode et dans le déroulement de l’action ainsi que
dans les modalités d’information et de communication autour de
l’action envisagée et dans la présentation des résultats.
Mais, en fin de compte, il est essentiel d’identifier précisément
LE décideur, porteur de l’action et moteur du changement dans l’organisation.
2 - Choisir le bon sujet de l’action AV
Choisir un sujet d’étude ou travailler sur des produits ou services
qui sont vraiment perçus par le décideur comme essentiels, voir
stratégiques.
Ou encore, bien mettre en relation le choix du sujet de l’action AV avec
le bon niveau de décision dans l’organisation.
En d’autres termes, plus le sujet retenu devient un enjeu réel
pour l’entreprise ou l’organisation (et c’est bien un objectif
pour une action AV dont l’ambition est d’accompagner le changement
réel dans l’organisation), plus la validation de l’action
AV doit être faite à un niveau élevé de la hiérarchie.
Inversement, on évitera d’ennuyer des décideurs “supérieurs”
avec des sujets mineurs qui ne nécessitent que faibles interventions
AV.
3 - Valider l’orientation
de l’action
Valider avec le décideur réel (celui qui paye ou commande l’action)
le choix du sujet à traiter, les objectifs et les enjeux, les échéances,
les résultats attendus ainsi que la méthode de travail, la composition
du groupe de travail et le déroulement de l’action dans le temps.
Cette validation “amont” de l’orientation de l’action
est essentielle: on ne peut pas travailler efficacement dans le flou; il faut
avoir un cap. Cette négociation avec le décideur peut être
itérative et peut conduire à ajuster progressivement l’action
(voir dans certains cas à introduire des ré-orientations).
Cette validation doit être consignée par écrit (contrat,
note de service,...). Le groupe de travail est informé des choix d’orientation
faits et peut, dans certains cas, participer à leur validation. 4 - S’assurer
du consensus dans l’action
Veiller en permanence à ce que soit établi un consensus véritable
entre les diverses parties prenantes pour la réalisation de l’action
et pendant le déroulement de celle-ci.
La méthode de l’analyse de la valeur suppose la mobilisation, la
synergie, de diverses compétences, la confrontation fertile de divers
points de vue. Mais pour que le travail soit efficace, il faut que chacun accepte
la règle du jeu et la méthode, reconnaisse les objectifs assignés
et accepte de contribuer à l’action de façon positive. C’est
la raison pour laquelle il est essentiel que l’action AV soit décidée
au plus haut niveau possible dans l’organisation et que cette décision
fasse bien ressortir la nécessité du travail en commun et de la
recherche de consensus d’action.
5 - Informer sur le déroulement de l’action
Informer régulièrement le décideur et certains partenaires
sur les étapes et les résultats de l’action.
L’action AV ne doit pas se faire en catimini. Elle n’est pas une
pratique occulte. S’il est vrai qu’une certaine discrétion
est nécessaire pendant le déroulement de l’étude
(pour éviter que des analyses intermédiaires, partielles, ne soient
considérées comme des résultats définitifs et des
décisions irréversibles), on peut recommander néanmoins
qu’une information soit régulièrement donnée, notamment
au décideur: avancement de l’action, quelques faits marquants,
grandes questions posées,... Des partenaires internes (responsables d’autres
services ou d’autres départements) peuvent également être
informés, si nécessaire (rapport intermédiaire, note d’information
sur le déroulement de l’action,...).
Par ailleurs, il est essentiel que l’ensemble des personnes concernées
par l’action et ses conclusions, soient correctement informées,
et celà dès le départ de l’action. L’introduction
du changement dans une organisation ne peut réussir que dans une bonne
transparence des décisions. 6 - Obtenir la caution des hommes et du groupe
de travail
Faire du groupe de travail une instance qui, par sa composition, sa réflexion
et son travail, peut être une caution du sérieux de l’action
engagée et des propositions faites et donc peut rassurer le décideur
dans ses choix et en tout cas le mettre en face de sa responsabilité
de décideur (nécessité de décider).
L’investissement intellectuel (et financier) que représente le
travail du groupe AV est une véritable aide à la décision.
Convoquant un tel groupe de travail pour chercher à résoudre un
problème donné, le décideur s’appuie sur des compétences
reconnues et espère des résultats positifs de la confrontation
des points de vue divers. Dans ces conditions, le groupe de travail acquiert
une autorité morale réelle, que le décideur ne peut pas
ou plus ignorer lorsqu’il lui faudra choisir parmi les solutions proposées
et lorsqu’il lui faudra décider de mettre en oeuvre certaines des
options. C’est la force de l’analyse de la valeur que de permettre
une telle rationalisation de la prise de décision.
7 - Impliquer le décideur dans l’analyse stratégique
Associer le décideur à la réflexion et au travail du groupe
lorsque les analyses débouchent sur des questions de nature stratégique
(ré-orientation, grandes options, concurrence, ...).
En règle général, en analyse de la valeur, on recommande
que le décideur ne participe pas lui même au travail de groupe
(analyse de l’existant, analyse fonctionnelle et économique et
recherche des solutions). Néanmoins, à certains moments clés
de l’action, il peut être nécessaire et judicieux d’associer,
d’une manière ou d’une autre, le décideur à
la réflexion dès lors que sont abordées des questions stratégiques
(ou décisionnelles). Le groupe peut envisager d’auditionner le
décideur ou l’un de ses membres peut aller l’interviewer.
Il serait en effet fortement regrettable que le groupe de travail retienne des
options stratégiques (pour le sujet étudié) qui ne seraient
pas compatibles avec les intentions politiques du décideur ou avec des
contraintes de nature stratégique qu’il pourrait percevoir.
8 - Présenter des résultats argumentés
Présenter les propositions au décideur de façon simple,
claire et convaincante, avec des arguments non seulement techniques, mais aussi
économiques, sociaux ou culturels éventuellement.
La communication des résultats au décideur est une opération
délicate qui suppose beaucoup de doigté, d’intelligence
et de force de persuasion. Il ne s’agit surtout pas de livrer des matériaux
“bruts de forme” ou de communiquer d’interminables listings
d’ordinateurs. Il faut communiquer les résultats de l’action
en tenant compte des attentes du décideur et de son comportement face
à la prise de décision. On recommande généralement
de présenter plusieurs options ou variantes de façon à
laisser au décideur la possibilité de déterminer lui même
la meilleure solution eu égard aux risques qu’il est prêt
à prendre. Chacune des options ou variantes doit naturellement être
décrite clairement (les grandes lignes, mais pas trop de détails)
et surtout correctement argumentée.
9 - Proposer un plan de mise en oeuvre
des résultats
Proposer non seulement la solution technique idéale (le projet, le nouveau
produit ou service ,...) mais aussi le plan de mise en oeuvre du projet, les
étapes à suivre, le plan de financement.
Ce qui compte, c’est le résultat réel et non le résultat
virtuel. En d’autres termes, décrire une solution permettant de
résoudre le problème posé, c’est bien mais ce n’est
pas suffisant. Il faut aussi se préoccuper des modalités de mise
en oeuvre de cette solution et éclairer le décideur sur ce qu’il
faut faire dans l’avenir immédiat pour réaliser le changement.
Une planification rigoureuse des étapes et des moyens nécessaires
pour la mise en oeuvre des diverses solutions doit être soumise au décideur
en même temps que lui est communiquée la description de ces solutions.
10 - Promouvoir les résultats
de l’action AV
Informer l’environnement sur l’action réalisée et
les dispositions adoptées pour la mise en oeuvre des solutions retenues
et promouvoir largement, dans l’organisme, les résultats de l’action
menée.
Il est indispensable de prévoir une communication aussi large que possible
sur les résultats de l’action, de façon à impliquer
toutes les personnes concernées dans la mise en oeuvre des solutions
et dans la conduite du changement décidé. Cette information peut
même devenir une véritable promotion des idées issues lors
du travail d’analyse de la valeur. Le décideur peut lui même
être impliqué dans une telle démarche d’information
(note au personnel, réunion, journal interne,...).
Pour la permanence d’une volonté de changement dans l’organisation,
il est essentiel d’encourager ceux qui osent réaliser des actions
déterminantes, de valoriser les travaux innovants et les pratiques socio-professionnelles
nouvelles enfin de promouvoir dans l’organisation (et même à
l’extérieur) les investissements intellectuels, méthodologiques,
ainsi réalisés qui conduisent à des progrès réels
et reconnus.
Phase 1 - Orientation de l'action AV
Orientation stratŽgique: objet et causes du dŽclenchement de
l'action, donnŽes du problme et de son environnement, enjeux Žconomiques ou
autres, champ opŽratoire et limites de l'action, objectifs assignŽs et contraintes
ˆ respecter.
Orientation tactique: moyens de l'action, budget, ŽchŽances,
choix des participants et constitution
du groupe de travail, calendrier de l'action.
Phase 2 - Recherche de l'information
Inventaire, mise en forme et diffusion aux participants des
informations de toutes natures, relatives au problme ŽtudiŽ: informations techniques,
Žconomiques, industrielles, commerciales, sociales, rŽglementaires,...; informations
internes ou externes ˆ la sociŽtŽ
Organisation de la collecte des informations manquantes.
RŽalisation d'un bilan informationnel.
Phase 3 - Analyse du produit, des fonctions
et des cožts
En Žvaluation
et reconception de produits ou services existants
Analyse de l'existant: composantes du produit et insatisfactions.
Identification et analyse des fonctions de service.
Identification et analyse des fonctions techniques.
Analyse et affectation des cožts aux fonctions.
En conception
de nouveaux produits ou services
Analyse du besoin et des contraintes d'environnement.
Identification et analyse des fonctions de service.
RŽalisation du Cahier des charges fonctionnel.
Estimation des cožts fonctionnels ou pondŽration des fonctions.
Phase 4 - Recherche des principes et idŽes
de solutions
Identification des grands principes de solutions.
Recherche d'un maximum de solutions ŽlŽmentaires.
Classement hiŽrarchique et fonctionnel des idŽes de solutions.
Phase 5 - Etude et Žvaluation des solutions
Construction des solutions fonctionnelles.
VŽrification des cohŽrences d'ensemble.
Evaluation des performances des solutions.
Phase 6 - Bilan prŽvisionnel, propositions
de choix
Formulation de plusieurs alternatives ou variantes.
Propositions de choix au dŽcideur.
Recommandations pour la mise en oeuvre des solutions.
Phase 7 - Suivi de la rŽalisation
Cette phase n'existe que si les objectifs de la mission le
prŽcise.
Le groupe de travail AV est la structure opŽrationnelle de
l' action d'analyse de la valeur.
Sa
composition et son fonctionnement sont rŽgis par des rŽgles particulires qui donnent au groupe de
travail une grande efficacitŽ mŽthodologique et une remarquable puissance crŽative
nŽcessaire ˆ l'obtention des rŽsultats visŽs.
* A chaque action d'analyse de la valeur correspond la mise en place
d'un groupe de travail spŽcifique. L'importance de certains sujets peut justifier
la crŽation de plusieurs groupes dont les actions seront alors coordonnŽes.
* Le principal critre de choix des participants est leur compŽtence
directe et leur implication, tout aussi directe, sur le sujet traitŽ: les reprŽsentants
de convenance sont ˆ exclure. En cas de besoin, le groupe peut s'adjoindre momentanŽment
les personnes ou experts nŽcessaires.
* Il est souhaitable d'introduire suffisament d'hŽtŽrogŽnŽitŽ dans la
composition du groupe de travail pour permettre des analyses aussi compltes
que possible et pour stimuler la crŽativitŽ.
* Pour l'efficacitŽ du travail du groupe, on recommande la constitution
d'un noyau constant de 7 ˆ 8 personnes au maximum.
* Le consensus sur la mŽthode, sur la progression des travaux et sur
le plan de travail doit tre complet. Les membres du groupe doivent tre au
prŽalable informŽs sur la mŽthodologie que l'animateur va mettre en oeuvre.
* Le groupe de travail n'a pas de hiŽrarchie interne, chacun doit pouvoir
s'y exprimer sans contrainte. Pour ce faire, la diffusion des travaux et des
dŽbats du groupe doit rester limitŽe pendant la durŽe de l'action.
* Le groupe est une instance de rŽflexion et de proposition qui travaille
au profit du dŽcideur. Il est solidairement responsable de la qualitŽ du travail
rŽalisŽ et de la validitŽ des propositions de solutions qu'il prŽsente.
* Le groupe classe ses propositions en fonction de leur valeur intrinsque,
de critres prŽdŽreminŽs s'ils existent, et chaque fois qu'il le juge utile,
selon des critres qui lui sont propres et dont il est responsable.
* La durŽe de vie du groupe de travail AV est limitŽe ˆ la durŽe de l'action
dont il a la charge.
* Le groupe de travail est une instance qui prend du plaisir ˆ rŽsoudre
les problmes qui lui sont posŽs.
(d'aprs la norme X 50-153)
L'animateur AV est la personne chargŽe
de l'organisation et du dŽroulement d'une action d'analyse
de la valeur; elle en est responsable devant le dŽcideur.
La pleine efficacitŽ de l'animateur AV
repose sur les caractŽristiques suivantes:
-
ma”trise de la mŽthodologie analyse de la valeur;
-
expŽrience pratique de l'analyse de la valeur;
-
bonne connaissance des secteurs et procŽdures de la sociŽtŽ;
-
niveau intellectuel et culture technique professionnelle suffisants;
-
clartŽ d'analyse, rigueur intellectuelle, sens de la prŽcision;
-
esprit de synthse, objectivitŽ de jugement, rŽalisme, attitude positive;
-
sens des relations humaines, aptitudes ˆ la communication, diplomatie;
-
ma”trise de la dynamique de groupe;
-
optimisme, dynamisme, tŽnacitŽ et persŽvŽrance;
-
sens des responsabilitŽs;
-
modestie et dŽsintŽressement.
Alors que le dŽcideur
-
choisit l'animateur ou donne son accord sur ce choix
-
fait engager la dŽpense de l'action AV
-
dŽfinit l'orientation de celle-ci,
l'animateur
-
fait prŽciser l'orientation de l'action et approuver les changements de cap
-
dŽfinit et fait approuver le calendrier et les moyens de l'action
-
fait approuver la composition du groupe de travail
-
prŽsente les rŽsultats au dŽcideur
-
prŽsente le bilan prŽvisionnel et les recommandations
-
recommande l'arrt du projet si nŽcessaire.
C'est encore l'animateur qui:
-
aide ˆ constituer le groupe et fait Žvoluer sa composition
-
coordonne le travail du groupe
-
fixe les dates des rŽunions
-
dŽfinit les t‰ches ˆ rŽaliser
-
Žlabore et diffuse les comptes rendus des rŽunions.
L'animateur peut tre interne ou externe
ˆ la sociŽtŽ.
(d'aprs la norme X 50-153)