Les
croix de mission et de dévotion en fer
forgé
du Haut-Doubs et du Jura
Accueil général Croix Mise à jour : déc. 2021 |
Introduction à une recherche personnelle Jean MICHEL |
Une thématique
de recherche originale autour d'un petit patrimoine régional
méconnu
La particularité
des croix étudiées : le fer forgé pour stimuler la Foi
L'originalité de
ces croix FF3D du Haut-Doubs tient, certes à l'usage du fer
forgé en grandes barres laminées pour réaliser des monuments de
grande hauteur, mais surtout au fait que le fer permet de penser
et concevoir en trois dimensions (3D) en apportant une épaisseur
(du volume), qui rappelle celle des croix en pierre. Les volumes
créés dans les fûts et branches des croix sont alors exploités
pour y intégrer un décor religieux en fer étampé et en tôle de
fer (découpée ou repoussée), avec essentiellement les
instruments de la Passion du Christ et certains symboles de la
religion catholique. Ces croix visant à marquer les esprits des
paroissiens en leur rappelant les fondements de la foi
chrétienne sont de véritables “bandes dessinées verticales”,
sorte de catéchisme visuel durablement inscrit dans le fer des
croix.
Aucune de ces
croix ne ressemblant à sa voisine, elles témoignent toutes d'une
exceptionnelle habilité locale à travailler le fer forgé et
étampé et sont pour certaines de véritables chefs d'œuvre de
ferronnerie (comme par exemple, les plus anciennes de ces croix
à Rochejean, aux Longevilles-Mont-d'Or, à Saint-Antoine, aux
Grangettes, à Jougne...). Malheureusement elles ne sont ni
protégées ni vraiment bien entretenues et elles restent
extrêmement fragiles.
La réalisation de
telles croix majestueuses en fer forgé à structure
tridimensionnelle s'arrêtera après 1870 (sauf exceptions ou
reprises tardives ou modernes). Elles seront progressivement
remplacées à partir du milieu du XIXe s. par des croix en fonte,
produites industriellement, achetées sur catalogue et imitant
médiocrement les réalisations antérieures en fer forgé (trop
chères...). Ces croix en fonte, très nombreuses, plus petites,
plates (2D) et au décor “sulpicien” sont bien sûr loin de valoir
les œuvres artisanales en fer forgé créées pendant un siècle
environ à partir de 1750.
L'aire
géographique concernée : Haut-Doubs frontalier et aussi
plateaux du Jura
Très vite,
l'inventaire s'est poursuivi grâce à des investigations du côté
des plateaux de la montagne jurassienne (département du Jura).
Une première série de croix originales, atypiques, a ainsi été
identifiée entre Syam et Saint-Laurent-en-Grandvaux (modèle dit
ALS - Ain-Lemme-Saine) ; ces croix
très élevées et, elles aussi à structure 3D, ont été réalisées
sous la Restauration et la Monarchie de Juillet (fin des années
1820, début des années 1830) et laissent à penser qu'elles sont
en lien avec le développement des forges de Syam, alors dirigées
par la grande famille Jobez (qui acquiert les forges de
Rochejean dans le Doubs en 1809). Contrairement aux croix du
Haut-Doubs, plus “militantes”, ces croix ne comportent pas de
décor religieux.
Une seconde série de croix jurassiennes est également visible
sur le premier plateau (Crançot, Crotenay, Bonnefontaine) : de
structure complexe, mixte, elles comportent, en pied, de
surprenantes consoles et une partie supérieure certes plane (2D)
mais d'une sobriété et élégance étonnantes, dans un style plus
“graphique” que décoratif. D'autres encore, certainement de la
seconde moitié du XVIIIe siècle, du côté de Montrond, des Nans
et de St-Germain-en-Montagne attestent d'une possible influence
jésuite. La découverte de toute cette diversité de croix en fer
forgé conduit à élaborer progressivement ce qui est en train de
devenir une sorte d'encyclopédie sur ces croix en fer forgé du
Haut-Doubs et des plateaux du Jura
D'un ouvrage
“papier” à un site Web dédié
Le travail d'inventaire et d'étude des croix en fer forgé du
Haut-Doubs et des plateaux du Jura s'est donc activement
poursuivi et intensifié avec de nombreux relevés faits en
2020-2021. Plus de 60 croix en fer forgé sont aujourd'hui
recensées et décrites pour le Haut-Doubs et plus de 40 pour les
plateaux du Jura.
L'ouvrage de 2016 devenant à l'évidence très incomplet et avec
un volume de matière à publier plus que doublé rendant
impossible une réédition de l'ouvrage, la décision a donc été
prise de créer et développer un site Web dédié à toutes ces
croix très typées en fer forgé, dispositif d'édition et de
diffusion de connaissances beaucoup plus souple.
Ce site Web permet à la fois de reprendre et enrichir certaines
descriptions de l’ouvrage de 2016, avec des notices plus
détaillées et enrichies de nombreuses illustrations en couleur ;
il permet aussi d’étendre aussi le périmètre des investigations.
Il est, en outre, l’occasion de diffuser d’utiles informations
sur les contextes religieux et industriels (métallurgie,
ferronnerie) et de donner des explications à caractère
pédagogique sur ces croix en fer forgé érigées entre 1750 et
1870.
La page d'accueil
du site Web donne accès à des nombreuses rubriques : aperçus
généraux sur les croix (“kaléidoscopes”), répertoires détaillés
renvoyant aux notices descriptives des croix, pages thématiques
et didactiques, références documentaires. On peut également y
trouver l'accès à plusieurs articles de presse comme aux
supports des conférences présentées ces dernières années.
Les deux tableaux
d'inventaires (Doubs, Jura) donnent la clé permettant d'aller
voir les croix, à la fois sur le terrain (communes, coordonnées
GPS), mais aussi depuis son ordinateur en consultant les notices
descriptives (illustrées) ainsi que des extraits des expositions
et publications faites depuis 2016.
Un corpus de
croix bien défini et délimité
Ce corpus est bien
défini et délimité et ne prend pas en compte les très nombreuses
croix en fonte produites industriellement et largement
distribuées et commercialisées sur tout le territoire au cours
de la seconde moitié du XIXe siècle (croix abondantes
notamment dans les cimetières). Il ne prend bien sûr pas en
compte les anciennes croix en pierre qui existent, encore en
assez grand nombre, dans certains secteurs du Jura et qui
mériteraient, à elles seules, une étude spécifique.
Il est important de rappeler ici que le travail engagé se focalise sur l'utilisation du fer forgé (ferronnerie) dans la réalisation de ces objets religieux particuliers que sont les croix de mission, de dévotion, de carrefour, de jubilé, de finage, etc.. Il se limite aussi principalement à la dimension architecturale et constructive de ces objets religieux, et si nécessaire au contexte qui les a vu apparaître et se développer. Il n'est en rien une étude spécialisée sur le fait religieux dans le Doubs et le Jura, sur les croyances pratiques et religieuses et cultuelles sur ces territoires et encore moins sur la sacralisation de lieux sur lesquels ces croix ont été érigées.
La diffusion de
la connaissance
Je remercie par
avance les personnes qui voudraient bien me transmettre des
alertes pertinentes sur des croix encore non inventoriées
(attention : croix en fer forgé uniquement, pas de croix en
fonte).