Esquisse de
typologie des croix “publiques” en fonte moulée
du Haut-Doubs et des plateaux du Jura
L'objectif
de cette page est essentiellement de nature didactique. Il s'agit
d'esquisser une première typologie des
croix en fonte qui se sont multipliées au cours de la seconde
moitié du XIXe siècle et donc de donner à voir et
d'expliquer, très concrètement, les quelques grandes familles de
croix en fonte moulée, en s'appuyant sur quelques critères de
différenciation de celles-ci.
L'étude-inventaire
que documente ce site Web est essentiellement dédiée aux
croix en fer forgé érigées à partir de la
seconde moitié du XVIIIe siècle dans le Haut-Doubs et les
plateaux du Jura. Il est toutefois apparu nécessaire de
devoir expliquer, à tel ou tel correspondant, les
différences entre croix en fer forgé et croix en fonte
moulée (voir à cet égard la page dédiée aux
différences entre fer forgé et fonte moulée). En
effet, dans nombre de villages, ce sont bien souvent des
croix en fonte moulée (et non pas en fer forgé) qui trônent
à certains carrefours, devant les églises ou dans les
cimetières, croix érigées de plus en plus fréquemment à
partir de la fin de la Monarchie de juillet et surtout très
répandues sous le Second Empire. Ces croix produites par des
industriels fondeurs, commandées souvent sur catalogue, se
sont avérées être moins chères que les croix en fer forgé
plus artisanales, d'où leur présence de plus en plus
fréquente dans les villages.
Précisons d'emblée que nous nous limitons bien sûr ici, aux
seules croix “publiques” ou à “investissement ou usage
collectif”, c'est-à-dire érigées par des communes, des
paroisses, des groupes ou communautés, en omettant
délibérément les très nombreuses petites croix funéraires
tombales à caractère privatif qui ont proliféré à la même
époque dans tous les cimetières.
L'esquisse de typologie présentée ci-après repose sur les
seules références de croix en fonte du Haut-Doubs et des
plateaux jurassiens qui ont pu être identifiées et
enregistrées lors des visites de villages pour chercher des
croix en fer forgé. Il ne s'agit donc pas d'un inventaire
exhaustif ni d'une typologie exhaustive, mais surtout d'une
première aide didactique pour mieux comprendre cette
production industrielle et commerciale de croix en fonte
moulée.
On peut globalement distinguer plusieurs grandes catégories,
selon que les croix sont modulaires (des assemblages de
parties distinctes) ou “monobloc” (sorties entières d'un
seul moule), selon qu'elles sont plates (bidimensionnelles
ou 2D) ou épaisses (tridimensionnelles ou 3D) et selon
différents types de décors. Souvent, les croix modulaires
sont constituées d'une structure en fer (barres horizontales
et verticales) qui fait ensuite l'objet d'un remplissage
décoratif réalisé par des éléments en fonte moulée assemblés
à façon selon les demandes des clients. Pour le Doubs et le
Jura, on identifie deux grands fournisseurs régionaux, d'une
part la fonderie St-Ève Ainé de Besançon, d'autre part la
fonderie de Baudin près de Sellières dans le Jura (propriété
de la famille Monnier, liée par alliance à la famille Jobez
qui a créé les forges de Syam).
Croix modulaires 2D à structure et remplissage décoratif
indépendants, avec différenciation portant sur le décor de
remplissage (croix A).
Croix “monobloc” 2D, en fonte moulée d'une seule pièce
intégrant à la fois structure et décor ajouré (croix B).
Croix “monobloc” 3D, pleines et massives, de tailles
différentes (croix C).
Croix modulaires 3D imitant les croix 3D en fer forgé et
avec des décors abstraits ajoutés (D).
A1 - Croix modulaires 2D, à remplissage aux instruments
de la Passion du Christ
Ces croix en fonte, assez fréquentes,
sont planes (2D). Elles comportent une structure
bidimensionnelle composée d'un cadre à barres parallèles
(en fer le plus souvent ou parfois en fonte) délimitant
une sorte d'épaisseur virtuelle du pied et des branches de
la croix. Entre ces barres structurelles, se développe un
décor de remplissage en fonte moulée (modules que l'on
peut commander, disposer ou changer à volonté).
Dans cette première série de croix en fonte, le décor de
remplissage est basé sur une sélection d'instruments de la
Passion du Christ, rappelant donc celui des croix
tridimensionnelles en fer forgé, notamment dans le
Haut-Doubs. On identifie donc facilement l'échelle, la
lance, la baguette d'hysope (ou le roseau) avec l'éponge,
le marteau, les tenailles, le fouet, la lanterne, le coq.
À la croisée des branches est disposée la couronne
d'épines au sein de laquelle figurent les trois clous de
la crucifixion (un seul clou pour les deux pieds). Des
rayons de gloire, parfois disparus, sont présents dans les
angles extérieurs des branches de la croix. Un motif
décoratif à palmette est visible à l'extrémité des
branches libres du croisillon. Des motifs décoratifs
formant frises se développent entre barres structurelles
et décors religieux. À noter que certains éléments de
décor en fonte moulée peuvent être modifiés, ajoutés ou
retranchés (ou disparaître avec le temps).
À la base du pied (au dessus de la corniche du piédestal),
on relève la présence - quand elles n'ont pas disparu - de
fausses-consoles (ou ailerons) strictement décoratives,
n'ayant aucune fonction structurelle. On cherche à
reprendre les codes, les formes et le décor des anciennes
croix en fer forgé, mais à travers la technologie de la
fonte moulée qui les appauvrit considérablement.
Ces croix correspondent au modèle N°158 du catalogue de la
fonderie St-Éve de Besançon.
Un premier sous-type (Boujeons, Les Longevilles-Mont-d'Or,
Trépot...) se contente de deux fausses-consoles placées
latéralement. Un second sous-type (Les Pontets, Chapois,
Chateau-Châlon, Larnaud...) adopte quatre consoles, plus
sophistiquées et placées selon les diagonales de la corniche.
Dans ce second sous-type, la lanterne placée dans la branche
verticale sommitale est légèrement décalée vers le bas. On
peut aussi noter une différence entre les deux sous-types au
niveau des frises décoratives entourant les instruments de la
Passion le long des barres structurelles.
A2 - Croix modulaires 2D, à remplissage
en treillis décoratif abstrait Comme pour le groupe précédent, ces croix en fonte de
ce sous-type, également assez fréquentes, sont planes (2D) et
comportent une structure bidimensionnelle à barres parallèles (en
barres de fer ou en fonte) délimitant l'épaisseur virtuelle du
pied et des branches de la croix. Entre les barres structurelles,
se développe un décor de remplissage en fonte moulée (modules que
l'on peut placer ou changer à volonté). Ce décor de remplissage
est ici une sorte de treillis abstrait constitué de cercles ou
coupelles reliés eux entre par des figures de liaison
incurvées. Il n'y a plus d'instruments de la Passion, sauf à la
croisée des branches où l'on retrouve, comme dans le groupe
précédent, la couronne d'épines et les trois clous de la
crucifixion. Des rayons de gloire (eux-aussi parfois disparus)
sont présents dans les angles extérieurs des branches de la croix.
Comme précédemment, un motif décoratif à palmette figure à
l'extrémité des branches libres du croisillon.
À la base du pied (au dessus de la corniche du piédestal), on note
la présence de deux fausses-consoles (ou ailerons) strictement
décoratives, n'ayant aucune fonction structurelle et placées
latéralement.
Ces croix correspondent au modèle N°157 du catalogue de la
fonderie St-Éve de Besançon.
Ce type assez générique (comme le précédent), se retrouve
identique dans un premier sous-type à Châtelblanc, Trenal,
Sarrageois.... Une variante ou un sous-type existe à Nozeroy avec
un décor de remplissage légèrement différent et avec des
fausses-consoles plus sophistiquées. À noter à Sarrageois,
l'accrochage tardif d'un Christ en croix en fonte moulée ainsi que
d'un titulus INRI (pratique pieuse qui se développe de plus en
plus au fur et à mesure que l'on avance vers la fin du siècle).
A3 - Croix
modulaires 2D, à remplissage en pampre de vigne
sans tuteur central Dans la continuité des croix en fonte moulée des
types précédents, cette troisième série concerne des croix planes
(2D) et à structure bidimensionnelle composée de barres (en fer ou
plus rarement en fonte) entourant et supportant un décor de
remplissage. Ce dernier constitué est ici constitué de pampre ou
tige de vigne. Composé de feuilles de vigne et de grappes de
raisin, le pampre ondule régulièrement et librement dans les
branches de la croix.
À la croisée des branches est placée, comme dans les cas
précédents, la couronne d'épines avec les trois clous de la
crucifixion. On retrouve de même, le motif décoratif à palmette à
l'extrémité des branches libres. Des rayons de gloire (parfois
disparus) sont encore présents dans les angles extérieurs des
branches de la croix.
À la base du pied (au dessus de la corniche du piédestal), on
relève deux fausses-consoles (ou ailerons) en fonte moulée,
placées latéralement et strictement décoratives, n'ayant aucune
fonction structurelle.
Ces croix correspondent au modèle N°159 du catalogue de la
fonderie St-Éve de Besançon.
Ce type également générique, se retrouve à l'identique à Arlay, au
Vaudioux, à Fay-en-Montagne, à Santans.... Il se distingue
légèrement du type suivant par l'absence d'une tige centrale
(tuteur) autour de laquelle le pampre se développe. À noter à
Santans, la fixation tardive d'un Christ en croix en fonte moulée. A4 - Croix modulaires 2D à remplissage en
pampre de vigne avec tuteur central
Toujours dans
la continuité des croix en fonte des groupes précédents,
cette quatrième série de croix en fonte planes (2D) et à
structure bidimensionnelle se caractérise aussi par un
décor de remplissage constitué de pampre de vigne. Mais à
la différence du 3ème type précédent, ici, le pampre
s'enroule autour de tiges centrales ou tuteurs et cela
aussi bien dans le pied que dans les branches libres de la
croix.
À la croisée des branches on retrouve, comme dans les cas
précédents, la couronne d'épines et les trois clous de la
crucifixion. On voit, de même, le motif décoratif à
palmette à l'extrémité des branches libres, mais d'allure
légèrement différente.
À la base du pied (au dessus de la corniche du piédestal),
on retrouve deux fausses-consoles (ou ailerons) placées
latéralement, strictement décoratives, n'ayant aucune
fonction structurelle. Toujours en fonte moulée, elles
sont plus sophistiquées que dans le groupe précédent. Des
rayons de gloire sont toujours présents dans les angles
extérieurs des branches de la croix.
Ces croix s'apparentent au modèle N°159 du catalogue de la
fonderie St-Éve de Besançon mais en diffèrent par la tige
centrale montante .
Deux croix de ce type sont présentes à Crotenay et à Cuvier
(1859). On peut toutefois noter des différences d'allure et de
section des barres structurelles : section carrée à Crotenay,
section ronde à Cuvier.
A5 - Croix modulaires 2D, à remplissages
variés D'autres croix en fonte s'apparentent aux séries
précédentes, avec une structure bidimensionnelle 2D et un décor de
remplissage. Celui-ci ce comporte toutefois ni instruments de la
Passion, ni treillis à coupelles, ni pampre de vigne et peut être
très varié. Ce remplissage décoratif est de type modulaire avec
répétition d'un motif générique avec courbes, contre-courbes,
feuillages.... Ce groupe n'est bien sûr pas homogène (groupe
“résidu” qui devra sans doute être éclaté, ultérieurement après
prise en compte de nouvelles croix).
Par contre, on retrouve comme dans les cas précédents, à la
croisée des branches, la couronne d'épines et les trois clous de
la crucifixion. Des rayons de gloire peuvent ou non être présents
dans les angles extérieurs des branches de la croix. Le motif
décoratif à l'extrémité des branches libres est aussi très varié,
ce qui montre le caractère “résiduel” de ce groupe.
À la base du pied (au dessus de la corniche du piédestal), on peut
trouver deux fausses-consoles placées latéralement
(Bief-du-Fourg), parfois quatre (Foncine-le-Haut) et aussi aucune
(un simple renforcement de la structure du pied à Censeau et à La
Marre). On note rencore, à Bief-du-Fourg, la présence, à la
croisée des branches du linge dit de Véronique, motif en fonte
moulée qu'on retrouve aux trois croix en fer forgé de La Marre, de
Bonnefontaine et de Ladoye-sur-Seille.
B1 - Croix
“monobloc” 2D avec décor à remplages
néogothiques Changeons maintenant de principe constructif. Nous
sommes ici en présence d'une nouvelle catégorie de croix en fonte
moulée d'un seul tenant (“monobloc”). Ces croix strictement
bidimensionnelles (2D) sont nécessairement plus petites que les
croix modulaires à structure et décor indépendants. Produites avec
un moule unique, elles comportent un décor intégré directement à
la structure qui, dans ce sous-type, est de style néogothique ou
ogival, avec un remplissage de l'intérieur de la croix imitant les
remplages des baies de l'architecture gothique (avec courbes
accolades, redans...). Une rosace néogothique occupe le centre de
la croisée des branches. Ce remplissage à remplages néogothique
est ajouré.
Ces croix
“monobloc” en fonte moulée de style ogival néogothique,
sans console, nécessitent un renforcement de leur pied
pour permettre la bonne fixation sur le socle ou piédestal
(besoin de plus de matière).
Les croix de Malpas et des Fourgs sont identiques ; elles
sont supportées par un piédestal en fonte comportant des
inscriptions moulées (dont la date). À noter aux Fourgs,
l'accrochage tardif d'un Christ en croix en fonte moulée,
d'un titulus INRI et d'une Vierge également en fonte
moulée. La croix du Lac des Rouges-Tuites est d'un
sous-type légèrement différent avec ajout d'un ange en
partie basse du pied de la croix.
B2 - Croix
“monobloc” 2D à décor de style néogothique
interprétatif Une autre catégorie de croix en fonte moulée d'un
seul tenant (“monobloc”) et ajourées s'apparente à la précédente
du point de vue du style du décor néogothique ou ogival.
Mais, contrairement aux croix précédentes avec remplages, on a ici
un décor marqué par la présence d'un axe central qui structure le
remplissage de la croix avec deux parties symétriques. Plus
minces, elles multiplient les motifs rappelant des formes de
l'architecture et de la décoration gothiques (avec courbes
accolades, redans...) ainsi que des ajouts divers (rosaces,
pinacles, feuillages...). Le centre de la croisée comme les
extrémités des branches recherchent l'originalité, inventant des
formes inédites.
Ces croix en fonte moulée “monobloc” sont sans console et
nécessitent donc un renforcement de leur pied pour permettre la
fixation sur le socle ou piédestal.
Si les croix du Larderet et de Crotenay présentent la même
structure, elles diffèrent sur quelques détails (rayons de gloire,
extrémités des branches...). De même les croix de Remoray et des
Hôpitaux-Vieux présentent plusieurs éléments structurels communs
mais là encore divers ajouts décoratifs les différencient.
B3 - Croix
“monobloc” 2D à décor varié Un troisième groupe de croix en fonte moulée,
“monobloc” et ajourées, concerne des fabrications très variées
avec des décors qui ne sont plus néogothiques mais qui jouent sur
une grande variété et richesse de formes, de traits, de courbes et
aussi de symboles.
Bidimensionnelles (planes, 2D), elles ont souvent des pieds
renforcés et parfois (comme à Foncine-le-Bas,) des consoles
plus décoratives que structurelles. Elles peuvent intégrer des
Christ en croix (réalisations tardives), des statuettes
(Vierge) ou des symboles tels le sablier évoquant le temps qui
passe et la mort ou encore le Christogramme IHS (aux Pontets).
Il est très difficile de faire une typologie rationnelle de
ces petites croix qui se sont amplement multipliées dans les
communes et paroisses au cours de la seconde moitié du XIXe
siècle. Elles s'apparentent aux très nombreuses croix
funéraires tombales, elles-aussi très diverses.
B4 - Croix “monobloc” 2D évidées ou sans
décor interne
Quittons les
croix avec décor de remplissage et intéressons nous
maintenant à quelques croix “monobloc” en fonte moulée,
bidimensionnelles (planes, 2D) que l'on peut découvrir par
exemple à Bouverans et à Dompierre-les-Tilleuls (2,5 km
les séparent!...) : deux croix identiques mais à piédestal
ou socle différent.
Ici la fonte moulée permet de réaliser la structure
extérieure de la croix avec des barres moulées à
modénature. Par contre, les croix sont évidées et ne
comportent aucun décor de remplissage.
On trouve comme seuls décors, un motif de croix avec
losanges au centre de la croisée des branches et des
décors trilobés aux extrémités des branches. Des rayons de
gloire en fonte moulée sont aussi présents dans les angles
extérieurs des branches.
C1 - Croix “monobloc” quasi-3D, monumentales, pleines et
massives Changeons maintenant complètement de style. Un tout
autre type de croix apparaît, en effet, dans le paysage à partir
dans les années 1850-60, avec des croix de grande hauteur, à
caractère monumentale. On tombe dans un style nettement plus
réaliste avec des croix “monobloc”, en fonte, intégralement
moulées et massives, cherchant à imiter au plus près la croix en
bois censée avoir été celle de la crucifixion du Christ. Ces
croix ont une certaine épaisseur, tout en restant plutôt mince,
d'où le terme ici adopté “quasi-3D”. Les montants de la croix
(pied, branches libres) sont pleins (de fonte!...), avec un
léger rebord extérieur saillant.
Ces croix massives et monumentales comportent toutes, d'origine,
un Christ crucifié de style sulpicien (contrairement à la
tradition des croix en fer forgé et à celle des croix en fonte
ajourées antérieures) : à noter que chacun des deux pieds du
Christ est cloué (ce qui conduit à un total de quatre clous et
non plus trois comme on peut les dénombrer à l'intérieur de la
couronne d'épines des croix bidimensionnelles). Un titulus INRI
est également présent sur la branche verticale sommitale.
Deux fausses-consoles, purement décoratives, sont généralement
disposées latéralement en bas du pied de la croix sauf dans la
variante Nancray. De même cette variante Nancray comporte un
titulus légèrement différent et présente des motifs fleuris à
l'extrémité des branches libres de la croix.
C2 - Croix “monobloc” 3D, petites, massives et à branches
pattées
Un autre
sous-type de croix massives en fonte moulée “monobloc”
apparaît plus tardivement, vers la fin du XIXe siècle. Ces
croix nettement plus petites nécessitent d'être
posées sur un piédestal ou une colonne en pierre. Elles
ont la caractéristique principale d'être pattée, c'est à
dire d'avoir des branches libres dont les extrémités
s'élargissent vers l'extérieur. Petites, massives et
tridimensionnelles 3D (épaisseur notable), elles
comportent des décors intégrés, moulés, dans la masse avec
présence notamment d'un petit Christ crucifié posé sur des
lits ou chutes de feuillage. Les extrémités pattées sont
décorées (feuilles ou fleurs).
Le pied de ces croix pattées comporte un petit plot avec
base en plinthe surmonté d'un cavet.
Deux de ces croix existent aux Fourgs (hameau des
Petits-Fourgs), une troisième est perdue dans les hauts du
bois de Chaudron (tombe brisée). Ces trois croix ont de
réelles ressemblances mais diffèrent dans leurs détails
décoratifs.
D - Croix modulaires 3D imitant les
croix 3D en fer forgé, avec des
décors abstraits ajoutés
Terminons cette
esquisse de typologie des croix en fer forgé par un
dernier type, tout-à-fait original et ne comportant que
peu d'exemplaires connus. Ces croix pouvant être datés du
tournant du siècle (XIXe-XXe siècles) tentent d'imiter les
anciennes croix tridimensionnelles en fer forgé (FF3D).
Comme ces dernières, elles comportent un étagement de
modules indépendants formant autant de parallélépipèdes
allongés. On découvre de bas en haut, une base que
viennent encadrer et soutenir un quarteron de consoles au
dessin géométrique moderne, un fut intermédiaire élancé,
enfin un croisillon sommital (selon le modèle canonique
des croix FF3D en fer forgé du Haut-Doubs).
Le décor en fonte moulée est constitué de plaques ajourées
avec motifs abstraits ou composés de rameaux, d'enfilades
de cercles et d'autres imitations florales. On peut aussi
voir aussi un faux dé de liaison (ancien dé-lambrequin des
croix FF3D) et des fleurons aux extrémités des branches
libres du croisillon.
Ces deux croix ont été érigées à Vuillecin
et à Arçon,
à 5 km de distance l'une de l'autre (voir notices
détaillés).