L'industrie du fer des plateaux du Jura

B - Établissements métallurgiques du Jura des plateaux,
hors “empire” Jobez

Jean MICHEL, juin 2022

Accueil général Croix
Bibliographie
Documentation Plus - Fer, métallurgie, ferronnerie
L'industrie du fer - A - Forges et fonderies de l'empire Jobez dans le Jura
L'industrie du fer - C - Gisements de minerai de fer du Jura

Introduction Références







Aresches Arinthod Bourg-de-Sirod Champagnole Chaux-des-Crotenay
Clairvaux Doucier Fort-du-Plasne Frontenay La Rixouse
Morez Pont de Poitte Pont-du-Navoy Revigny Saint-Claude
Sellières
Syam Vertamboz


Introduction

Dès la fin du Moyen-Âge, se met en place et se développe, en Franche-Comté, une importante activité sidérurgique ou de métallurgie du fer. Cette activité industrielle tournée autour du fer s'implante de façon importante dans la région, sous l'influence des grandes familles comtoises. La Franche-Comté est connue pour possèder un abondant minerai de fer facilement exploitable, de vastes forêts capables de fournir le charbon de bois et aussi l'énergie hydraulique nécessaire au fonctionnement des souffleries et aux équipements des forges et hauts-fourneaux. Une enquête de 1744 sur l'industrie en Franche-Comté permet de dénombrer 107 usines métallurgiques dont  3/4 des hauts-fourneaux dans le Val de Saône et la vallée de l'Ognon (Haute-Saône) et de nombreux petits établissements de transformation du fer (martinets) dans le Jura et le Doubs (42 pour le Doubs dont 26 pour le seul Haut-Doubs) [FAP2021].

Le Jura, comme le reste de la Comté, posséde bien sûr minerai, combustible (bois) et eau. Au XVIIIe siècle, les établissements de transformation du fer (hauts-fourneaux, forges, martinets, fonderies...) se multiplient sur les plateaux jurassiens, surtout dans le bassin de l'Ain supérieur et sur le Premier Plateau. Exploitées traditionnellement par les seigneurs et les abbayes, les hauts-fourneaux, forges et autres installations métallurgiques passent dans les mains de la nouvelle bourgeoisie industrielle adepte du libéralisme économique alors en vogue. Avec des innovations importantes dans le travail du fer au début du XIXe siècle, l'industrie métallurgique comtoise et jurassienne va connaître un fort développement. Selon l'auteur Claude Chambard, sous l'Empire et pendant les premières années de  la Restauration, cette industrie va bénéficier, outre des commandes générées par les conflits armés, de la prohibition puis de la taxation des fers étrangers (d'Angleterre notamment), ce qui conduira à une multiplication des usines métallurgiques dans le Jura :
Toujours selon Chambard, la valeur de la production des établissements métallurgiques dans le département du Jura atteint près de 7 millions de francs en 1848, la métallurgie jurassienne connaissant alors une période prospérité jusqu'aux années 1860.

Dans le cadre de l'inventaire et de l'étude des croix en fer forgé des plateaux du Jura érigées entre 1730 à 1880, il a semblé utile de mieux cerner l'évolution de cette industrie du fer dans le Jura des plateaux sur toute cette période. La création et l'érection de ces croix en fer forgé (souvent à structure tridimensionnelle et toujours très majestueuses) s'expliquent en effet, outre par leur finalité religieuse ostentatoire, par la disponibilité locale de grandes verges de fer provenant des nouveaux laminoirs comme aussi de tôles de fer sorties des platineries, produits métallurgiques indispensables pour réaliser la structure et la décoration de ce petit patrimoine religieux original.

Dans le présent texte (B), on se focalise sur les principaux établissements sidérurgiques ou métallurgiques ayant existé sur les plateaux du Jura. On ne prend pas en compte les établissements du bas du Jura, du côté de Dole et de l'Ognon, notamment Fraisans). Ne sont pas non plus repris ici les quatre établissements importants de Bourg-de-Sirod, Syam, Rochejean et Baudin ayant été détenus, à un moment ou un autre, par la famille Jobez (voir texte A). Enfin, ne sont pas évoqués les très nombreux petits martinets ayant pu être développés un peu partout là où des cours d'eau permettaient de les faire fonctionner. On présente et détaille, plus bas, les évolutions de ces établissements importants dirigés par différents maîtres de forges hors du clan Jobez. Les établissements sont présentés par ordre alphabétique des communes.

Un troisième texte C se focalise sur les gisements de minerai de fer dans le Jura et leur exploitation.

Haut de page

Aresches [Moutaine-Aresches]

Entre Pont-d'Héry et Salins, les communes de Moutaine et de Boisset sont rattachées à celle d'Aresches le 25 octobre 1826. La commune d'Aresches, alors chef-lieu, fusionne en 1902 avec celle de Moutaine, mais s'en sépare en 1950. Dans les textes sur l'industrie du fer, sont alternativement et indifféremment évoquées à la fois Aresches et Moutaine.

Un haut-fourneau est créé à Aresches-Moutaine en 1795 [CHA1914], [MIN1833]. Il existe en effet à Moutaine un haut-fourneau établi en vertu d'un arrêté du comité de salut public, daté du 2 nivose an III (décembre 1794), maintenu par un arrêté des consuls, du 23 frimaire an X (novembre 1801) [CHA1914], [MIN1833], [ROU1855]. C'est Jean-Claude Olivier (frère d'Étienne Olivier, maître de forges de Pont-du-Navoy) qui érige, en 1795, à Moutaine ce haut-fourneau, dans un lieu où fonctionnait déjà “forge, martinet, platinerie et remasière”. Cet établissement acquit rapidement une certaine importance puisque en 1826, il traitait 13 800 m3 de minerai “tirés des environs...”. Cette masse était transformée à Poite et affinée à Pont-du-Navoy . À cette époque, ce haut fourneau “roulait” neuf mois par an [THE1970]. La base talutée en moellons calcaires enduits, surmontée d'un cordon en tuf du haut fourneau de Moutaine subsiste encore (années 1970). Joseph Gauthier, successeur de Jean-Claude Olivier, après la mort de celui-ci, fit faillite en 1841[THE1970]. Cet établissement est remplacé plus tard par une scierie et un battoir à blé [ROU1855]. Le haut-fourneau est éteint en 1854 [CHA1914].

Arinthod

Chambard mentionne l'existence d'une tréfilerie en 1914 [CHA1914].

Haut de page

Bourg-de-Sirod

Voir texte A.


Champagnole

1 - Le martinet des Isles
On relève la mention d'une usine des Isles à Champagnole au début du XVIIIe siècle ([MIN1833]. C'est une dynastie “forgeronne” de Champagnole, les Olivier, qui en est propriétaire à la fin du XVIIIe siècle. Etienne Olivier est né en 1762 : c'est sous son autorité, que la forge des Isles, sur l'Angillon, acquiert un statut industriel [THE1970]. Étienne, après avoir été conseiller municipal, sera d'ailleurs maire de la ville de 1806 à 1815 [THE1970]. En 1811, Etienne Monnier, gendre de Claude Etienne Jobez et ayant épousé Adélaïde Jobez en 1800, achète le martinet des Isles à Champagnole, les anciens propriétaires, les frères Étienne et Jean-Claude Olivier, sont alors maîtres de forgesà Pont-du-Navoy. L'achat des martinets des Isles et de Syam par la famille Jobez permet à celle-ci d'utiliser tout le potentiel en feux de forge disponibles pour la construction d'une usine moderne à Syam [INV2001], [GAY2002]. Ce martinet, transféré à Syam autour de 1810, disparaît alors définitivement du paysage champagnolais.

2 - Les origines de l'usine de la Serve à Champagnole
En 1492, une première forge hydraulique est construite à Champagnole, puis d'autres suivent en 1515, 1579, 1653 [CHA1914]. Cet établissement est développé en 1779, par Hugues et Pierre-Denis Dolard et par Polycarpe Vuillermet (gendre d'Étienne Olivier), sur un terrain appartenant à ce dernier. Abraham Muller, de Lyon , en fait l’acquisition en 1782. Cet industriel y ajoute, en 1789, une tréfilerie et une clouterie. L'usine ne renferme, à l’origine, qu’une platinerie et des martinets et produit essentiellement du fer en barres (de l'espatard) [ROU1855], [CHA1914]. L'usine est entièrement détruite par l’incendie qui dévore Champagnole, le 28 avril 1798. Elle est ensuite reconstruite sur un plan plus vaste [ROU1855], [BUF1989].

3 - La situation de la Serve au milieu du XIXe siècle
Construite sur la rive gauche de l’Ain, c ette usine est l’une des plus prospères et des plus importantes du département du Jura. Elle se compose (vers 1850) de 4 feux de forge pour la fabrication du fer, de deux feux de martinets, d’un feu de platinerie, d’un feu de maître-ouvrier pour la fabrication des filières et autres outils, d’un feu d’appointeur, d’un feu de chaînerie, d’une sablerie de 2ème fusion, d’un cylindre avec ses fours, d’une tréfilerie composée de 38 bobines verticales et horizontales, des fours à recuire le fil-de-fer, de 30 métiers pour la fabrication des clous dits “Pointes de Paris”, ainsi que de bâtiments de maîtres, d’ouvriers, d’ateliers, de magasins et écuries. Le fer en barre mis en œuvre s’élève annuellement à un million de kilogrammes. Les produits s’exportent dans toute la France, principalement dans le Midi et en Italie. Les fontes fines proviennent des hauts-fourneaux de la Haute-Saône. Le combustible consiste en charbon de bois. Mme veuve Muller et ses fils, propriétaires de cette usine, y élèvent (autour de 1850) un nouveau bâtiment pour y placer 600 bobines destinées à la fabrication du fil-de-fer pour cardes [ROU1855].
Les forges, vieilles de près de deux siècles, restées jusque là aux mains des descendants d'Abraham Muller, sont intégrées, en 1854, au vaste ensemble d'unités de la Société des Forges de Franche-Comté qui réunit les principaux établissements métallurgiques du Jura et du Sud du Doubs, sauf ceux de la famille Jobez [CHA1914], [CCH1960], [GAY2002].

4 - L'usine de la Serve vers 1880
Vers 1880, les forges de Champagnole, dont la production est de l’ordre de 1 800 tonnes, constituent, après Fraisans, le principal établissement métallurgique du Jura. Sans parler des scieries qu’elles continuent à exploiter, la fonte y est transformée en fer dans trois feux d'affinage. Après être passée au laminoir, une partie du fer est travaillée dans une chaînerie et dans quatre martinets destinés à la fabrication d'essieux et d’instruments agricoles. Mais la Serve reste surtout spécialisée dans la production des fils de toutes espèces et dans celle des pointes, désormais entièrement mécanisée [CCH1960]. En 1880, la tréfilerie des forges de la Serve est équipée de 417 bobines avec 36 passage à froid dans les filières [FAP2021].

5 - La Serve au XXe siècle
En 1914, la Société des Forges de Franche-Comté est encore propriétaire de l'usine de la Serve qui emploie160 ouvriers [CHA1914]. Après l'effacement de la Société des Forges de Franche-Comté, dû notamment à la fermeture de son principal établissement, les hauts-fourneaux de Fraisans près de Dole, l’usine de Champagnole est rachetée en1937 par les Aciéries de Rombas [CCH1960]. L'usine fait partie, vers 1960, du groupe Sidelor [CCH1960].

Haut de page

Chaux-des-Crotenay

Au début du XVIIIe siècle, on relève l'établissement d'une usine métallurgique à Pont-de-la-Chaux [MIN1833]. Pierre-Xavier Girod, maître de forges à la Chaux-des-Crotenay, possède en effet un établissement sur la rivière de Lemme, quelques centaines de mètres à l’amont du pont de la Chaux [BIC2002]. En 1812, un feu d’affinerie permet de transformer la fonte en fer et on y rétablit, à cette date, un  martinet. En 1842, l’usine, propriété des frères Girod, enfants de Pierre-Xavier, est pourvue de deux martinets, de quatre fournaises, d’une meule, d’un tour et d’une scierie animés par l’eau. A la fin des années 1840, Pierre-Élie Girod devient le seul propriétaire de l'usine [BIC2002].

Clairvaux

À la fin du XVIIIe siècle, est mentionnée, dans les archives, la création d'une forge à Clairvaux ([MIN1833]. En 1780, Clairvaux a deux feux de forges, un martinet et un haut-fourneau. L'établissement produit du fer en barres (de l'espatard). En 1801, M. Le Mire emploie à Clairvaux (forges et haut-fourneau) et à Vertamboz (clouterie), 550 ouvriers dont une vingtaine seulement pour la fabrication des gueuses de fonte (gueuses) et des moulages en fonte. Le haut-fourneau est éteint en 1854 [CHA1914].
En 1854, l'usine de Clairvaux est intégrée à la nouvelle Société des Forges de Franche-Comté dont font partie la plupart des maîtres de forges du “Haut” dont Le Mire de Clairvaux, Olivier de Pont-du-Navoy et Muller de Champagnole [GAY2002].

Haut de page

Doucier

Au milieu du XIXe siècle, est attestée la présence à Doucier d'un martinet où l'on fabrique de la taillanderie et de la ferronnerie. Il a succédé à une fabrique de faux qui elle-même remplaçait une forge et un haut-fourneau. Les faux de Doucier jouissent alors d'une telle réputation que l'empereur Napoléon Ier accorde une médaille d'honneur au sieur Girard, directeur de l'établissement [ROU1855].

Fort-du-Plasne

La famille Thouverey de Fort-du-Plasne est propriétaire d'un martinet au “saut” sur la rivière Lemme. Emmanuel Thouverez, maître et fondateur des forges du Saux, décède à l'âge de 55 ans, le 20 novembre 1811. Son fils Pierre-François Polycarpe Thouverez lui succède. Décèdé en 1848, c'est son petit-fils Jean Cyrille Thouverez qui dirigera l'établissement en 1889. Puis, c'est la famille Charton (associée par alliance) qui en devient propriétaire [BIC2002].

Haut de page

Frontenay

À la fin du XVIIIe siècle, est mentionnée la création d'une forge à Frontenay (celle qui sera, plus tard, rétablie à Baudin) [MIN1833]. Messieurs de Visemal avaient fait construire une forge sur le ruisseau de Saint-Vincent, à la place de la maison féodale de Saint-Vincent et un haut-fourneau à la place du moulin d'aval. Quand les flammes recouvraient ces établissements au milieu de la nuit et inondaient le vallon de lumières, le spectacle devait être féérique [ROU1855].

Claude-Joseph Morel (de Morez) obtient du marquis de Montrichard, seigneur de Frontenay, la location du haut-fourneau de Frontenay, proche des minières de Monay, mais l'installation est vétuste et peu rentable [GAY2002].
En 1794, le propriétaire du moulin de Baudin, Bontemps, ayant émigré, Claude Jobez acquiert avec Morel  ce moulin près de Sellières avec permission de pouvoir y construire un haut-fourneau en remplacement d'un plus ancien sur la commune voisine de Frontenay [INV2001], [GAY2002]. Claude-Joseph Morel et Claude Jobez se portent alors acquéreurs du haut-fourneau de Frontenay sur le marquis de Montrichard. Ils obtiennent du Comité de salut public la translation du fourneau de Frontenay au moulin de Baudin, par décision du 18 messidor an II (juin 1794) [ADJ2016].

La Rixouse

Après 1823, semblent avoir été établis une forge et une tréfilerie à La Rixouse ([MIN1833]. Mme veuve Boudon posséde alors à la Rixouse, sous la chute de Pisse-Vieille, une usine se composant d'une forge et d'une manufacture de pointes de Paris, et occupant 100 ouvriers. Elle est convertie depuis dans les années 1850 en une fabrique de papiers de couleur exploitée par MM. Regad et Collet [ROU1855].

Haut de page

Morez

1 - Aux origines
Morez semble avoir disposé d'une clouterie et d'un martinet vers 1532 et d'une forge en 1565 [CHA1914]. En 1663, est avérée l'existence d'une forge et d'un martinet à Morez  [MIN1833]. Vers 1732, le martinet est remplacé par une tréfilerie. À noter que le personnel bénéficie du privilège d'être exempté du service militaire [MIN1833].

2 - Les forges Clément
Les forges Clément appartiennent successivement à M. de Lamartine, oncle du poète, et à M. François-Célestin Clément. Elles se composent, en 1840, d'un feu d’affinerie, d’un four à réverbère, de dix machines et d’un moulin à eau. On y fabrique du fer brut et en barres, de la tôle forte pour clous et pour horloges, et des fers cylindrés plats, ronds et carrés. Cette manufacture appartient vers 1850 à Messieurs Aimé Bourgeois et Girod [ROU1855].

3 - La tréfilerie Dolard...Bonnefoy
En 1706, Jean-Baptiste Dolard, de Saint-Claude, établit à Morez une fabrique de faulx et de faucilles, dont les produits sont bientôt reconnus préférables en qualité à ceux d’Allemagne et s'écoulent dans la province, dans le duché de Bourgogne, le Lyonnais, la Provence, le Languedoc et même en Espagne. L’impôt qui les frappe étant excessif, Dolard se rend à Paris et sollicite une exemption ou au moins une modération de droits. Ses démarches n'ayant produit aucun résultat, il est obligé d’abandonner cette industrie [ROU1855]. En 1726, la tréfilerie de J.-B. Dolard) fabrique des fusils, des tire-balles, des lances à canons, des mors, des éperons, des brides et autres boucles [CHA1914]. En 1739, la fabrique de fils de fer de Dolard  connaît une réputation européenne.
La propriété de l'usine est ensuite recueillie par Cécile-Eugénie Dolard, épouse de Claude-Antoine-Joseph Dronier, écuyer, seigneur du Villars et conseiller honoraire au parlement de Besançon. Elle passe ensuite à Jeanne-Eugénie Dronier de Pra, sa bru, qui épouse à Morez, le 25 août 1749, Louis-François de Lamartine, chevalier, seigneur de Monccau près Mâcon, ancien capitaine au régiment d’Orléans. M. de Lamartine, aïeul de l'illustre poète, la vend à Pierre-Alexis Perrard, industriel très distingué, qui établit à Morez une filature de coton au rouet et des métiers à fabriquer des cotonnades et des mouchoirs. Messieurs Vandelle, héritiers de Perrard, leur oncle, revendent cette usine à Bonnefoy, qui la possède encore vers 1855. On y fabrique des fils de fer et des “pointes de Paris” grâce à vingt métiers et six bobines [ROU1855]. À la fin de la Révolution, l'usine d'armes de Morez est transportée à Carouge [CHA1914]. Au début du XXe siècle, Morez produit essentiellement du fer en barres (de l'espatard) [CHA1914].

Haut de page

Pont-de-Poitte, forges de la Saisse

On relève la création de forges à Pont-de-Poitte du XVIIIe siècle [MIN1833]. Elles datent de 1799 et sont construites par M. Noël Le Mire (ou Lemire) père, en vertu des lettres patentes qui ont été accordées au prince de Bauffremont de 1760 à 1775, sur l’emplacement d’une petite usine de même nature [ROU1855], [CHA1914].

Dans les années 1840, on trouve des mécaniques à clous mises en place aux forges de la Saisse dont Le Mire est propriétaire [FAP2021]. Autour des années 1850, on y fabrique du fer en barres pour le commerce et pour cercles, du larget pour clouterie, du fer laminé pour clous, du fer en cercles et de la clouterie. Il y a en outre un moulin, un battoir et une scierie. La force du cours d’eau des usines de Poitte, qui ne descend jamais au-dessous de 4 m cubes, même dans les plus grandes sécheresses, et qui donne en moyenne 8 m cubes par seconde, sur une hauteur de 12 m, représente une force constante de cinq cents à mille chevaux-vapeur. Il n’existe probablement pas, en France, de cours d’eau qui offre une force motrice plus puissante [ROU1855].
Vers 1853-55, les forges de Pont-de-Poitte, dirigées par Le Mire, se fond dans la Société des Forges de Franche-Comté. Cette usine reçoit d’importants développements par cette Société, sous la direction de Messieurs Vautherin. Guénard et Regad [ROU1855], [CHA1914]. Au début du XXe siècle, la Société des Forges de Franche-Comté possède encore l'usine de Pont-de-Poitte qui recourt à la force hydraulique  et emploie 200 ouvriers [CHA1914].

Pont-du-Navoy

1 - Les forges de la Clye au XVIIIe siècle
Vers la fin du XVIIe siècle est avérée l'existence d'une usine métallurgique à Pont-du-Navoy [MIN1833]. Établies par les Princes d'Orange, puis reprises par leurs successeurs les Princes d'Isenghien, les forges se développent au XVIIIe s. [BUF1989]. On ignore toutefois l’époque précise à laquelle les seigneurs de Monnet établirent un haut-fourneau sur la rivière d’Ain, pour tirer parti de leurs immenses forêts. [ROU1855].
Cette usine de Pont-du-Navoy est en ruine lorsque la princesse d’Isenghien obtient, le 21 août 1780, un arrêt du conseil d’Etat qui lui permet de la rétablir [ROU1855]. Les forges sont acensées aux frères Olivier qui relèvent, en 1784, le haut-fourneau et y ajoutent 4 ou 5 feux de forges [ROU1855]. Appartenant à la famille Moreau de Faverney, elles sont adjugées en l'An II (1793-94) à Jean-Claude Olivier. Les bâtiments étant en ruines, celui-ci rétablit le haut fourneau et dévie le cours de la rivière de 400 m pour obtenir une chute de 3 m de hauteur [BEL1998].
On y traite alors le minerai de Boucherans, des Faisses, de Mirebel, de Verges. Mais la difficulté de se procurer des bois et du minerai fait abandonner le haut-fourneau en 1809 [ROU1855], [BEL1998].

2 - Les forges au XIXe siècle
Ferdinand Olivier succéde à Jean-Claude Olivier le 8 mars 1837 [BEL1998]. Le 11 décembre 1845, ce dernier obtient du roi Louis-Philippe l'autorisation de maintenir en activité l'usine à fer située sur la rivière d'Ain ainsi que l'autorisation d'ouvrir un canal de dérivation des eaux de l'Ain de 81,95 m pour alimenter les forges [BUF1989]. Ferdinand Olivier est malheureusement victime d’un grave accident de travail qui lui coûte la vie (bras arraché par une courroie de transmission). Ses deux fils étant en bas âge, sa femme donne les forges à bail à la société Bourgeois-Girod [BEL1998].
Vers 1850, l'usine métallurgique, exploitée avec une grande intelligence par Messieurs Girod, occupe continuellement de 100 à 120 ouvriers qui y sont tous logés. Elle comporte quatre foyers d'affinerie au charbon de bois, un four à réverbère, un feu de maréchalerie, une tréfilerie renfermant 50 bobines, une fonderie, un cubilot pour la fusion de la fonte, des appareils de compression pour la fabrication et l'étirage du fer et des machines soufflantes. L'établissement comprend aussi une belle maison de maître et un un moulin à cinq tournants [ROU1855], [BUF1989].
En 1854, Pont-du-Navoy intègre la nouvelle Société des Forges de Franche-Comté dont font partie la plupart des maîtres de forges du “Haut” (sauf les Jobez): Le Mire pour Clairvaux, Olivier pour Pont-du-Navoy, Muller pour Champagnole [CHA1914], [GAY2002]. L'ensemble de l'établissement métallurgique de Pont-du-Navoy est alors rétrocédé par les frères Olivier à la Société des Forges de Franche-Comté. [ROU1855].

3 - Les forges XXe siècle
En 1914, l'usine de Pont-du-Navoy, toujours intégrée à la Société des Forges de Franche-Comté emploie encore 100 ouvriers. Pont-du-Navoy produit du fer en barres (de l'espatard) [CHA1914]. Elle est acquise plus tard par la Société Lorraine des Aciéries de Rombas [BUF1989]. La fin de l'exploitation date de 1938 [BUF1989].

Haut de page

Revigny

Un haut-fourneau semble avoir existé vers la fin du XVIIIe siècle [CHA1914].


Saint-Claude

Une clouterie à froid est créée à Saint-Claude en 1808. En 1840, l'entreprise utilise du fil de fer provenant de Besançon et des forges de Champagnole [FAP2021].

Haut de page

Sellières (Baudin)

Voir texte A

Syam

Voir texte A


Vertamboz

En 1780, existent à Vertamboz un feu de forges et un martinet [CHA1914]. En 1812, Noël Le Mire, propriétaire des forges de Clairvaux acquiert la forge et le martinet de Vertamboz, sur la rive droite du Drouvenant. En 1817, Le Mire y lance la fabrication industrielle de clous (avec un brevet pour des clous fabriqués à froid) : il obtient une médaille d'honneur de bronze à l'Exposition des Produits de l'industrie française. Vers 1825, 150 personnes sont employées à la clouterie qui produit 40 espèces de clous [FAP2021]. Vertamboz fabrique 80 000 kg de clous en 1840. Le Mire emploie alors 550 ouvriers aux forges et haut-fourneau de Clairvaux et à la clouterie de Vertamboz [ROU1855], [FAP2021], [CHA1914]. L'usine de Vertamboz est exploitée, autour de 1850, par Messieurs Guyénard, qui y ont annexé une forge [ROU1855], [FAP2021].


Haut de page 

Références


Haut de page