Dès la fin du Moyen-Âge, se met en place et se développe, en
Franche-Comté, une importante activité sidérurgique ou de
métallurgie du fer. Cette activité industrielle tournée autour
du fer s'implante de façon importante dans la région, sous
l'influence des grandes familles comtoises. La Franche-Comté
est connue pour possèder un abondant minerai de fer facilement
exploitable, de vastes forêts capables de fournir le charbon
de bois et aussi l'énergie hydraulique nécessaire au
fonctionnement des souffleries et aux équipements des forges
et hauts-fourneaux. Une enquête de 1744 sur l'industrie en
Franche-Comté permet de dénombrer 107 usines métallurgiques
dont 3/4 des hauts-fourneaux dans le Val de Saône et la
vallée de l'Ognon (Haute-Saône) et de nombreux petits
établissements de transformation du fer (martinets) dans le
Jura et le Doubs (42 pour le Doubs dont 26 pour le seul
Haut-Doubs) [FAP2021].
Le Jura, comme le reste de la Comté,
posséde bien sûr minerai, combustible (bois) et eau. Au XVIIIe
siècle, les établissements de transformation du fer
(hauts-fourneaux, forges, martinets, fonderies...) se
multiplient sur les plateaux jurassiens, surtout dans le
bassin de l'Ain supérieur et sur le Premier Plateau.
Exploitées traditionnellement par les seigneurs et les
abbayes, les hauts-fourneaux, forges et autres installations
métallurgiques passent dans les mains de la nouvelle
bourgeoisie industrielle adepte du libéralisme économique
alors en vogue. Avec des innovations importantes dans le
travail du fer au début du XIXe siècle, l'industrie
métallurgique comtoise et jurassienne va connaître un fort
développement. Selon l'auteur Claude Chambard, sous l'Empire
et pendant les premières années de la Restauration,
cette industrie va bénéficier, outre des commandes générées
par les conflits armés, de la prohibition puis de la taxation
des fers étrangers (d'Angleterre notamment), ce qui conduira à
une multiplication des usines métallurgiques dans le Jura :
des martinets et forges : Syam, Menouille, La Rixouse, Les Planches,
Chaux-des-Crotenay, Doucier, Ecrilles, Arinthod...;
des tréfileries : Revigny, Arinthod,
Champagnole, Pont-du-Navoy...;
des clouteries : St-Claude, Morez, La
Rixouse, La Mouille, Champagnole, Pont-du-Navoy,
Vertamboz...
Toujours selon Chambard, la valeur de la
production des établissements métallurgiques dans le
département du Jura atteint près de 7 millions de francs en
1848, la métallurgie jurassienne connaissant alors une période
prospérité jusqu'aux années 1860.
Dans le cadre de l'inventaire et de l'étude
des croix en fer forgé des plateaux du Jura érigées entre 1730
à 1880, il a semblé utile de mieux cerner l'évolution de cette
industrie du fer dans le Jura des plateaux sur toute cette
période. La création et l'érection de ces croix en fer forgé
(souvent à structure tridimensionnelle et toujours très
majestueuses) s'expliquent en effet, outre par leur finalité
religieuse ostentatoire, par la disponibilité locale de
grandes verges de fer provenant des nouveaux laminoirs comme
aussi de tôles de fer sorties des platineries, produits
métallurgiques indispensables pour réaliser la structure et la
décoration de ce petit patrimoine religieux original.
Dans le présent texte (B), on se focalise sur les principaux
établissements sidérurgiques ou métallurgiques ayant existé
sur les plateaux du Jura. On ne prend pas en compte les
établissements du bas du Jura, du côté de Dole et de l'Ognon,
notamment Fraisans). Ne sont pas non plus repris ici les
quatre établissements importants de Bourg-de-Sirod, Syam,
Rochejean et Baudin ayant été détenus, à un moment ou un
autre, par la famille Jobez (voir
texte A). Enfin, ne sont pas évoqués les très
nombreux petits martinets ayant pu être développés un peu
partout là où des cours d'eau permettaient de les faire
fonctionner. On présente et détaille, plus bas, les évolutions
de ces établissements importants dirigés par différents
maîtres de forges hors du clan Jobez. Les établissements sont
présentés par ordre alphabétique des communes.
Un troisième texte C
se focalise sur les gisements de minerai de fer dans le Jura
et leur exploitation.
Entre Pont-d'Héry et Salins, les communes de Moutaine et de
Boisset sont rattachées à celle d'Aresches le 25 octobre 1826.
La commune d'Aresches, alors chef-lieu, fusionne en 1902 avec
celle de Moutaine, mais s'en sépare en 1950. Dans les textes
sur l'industrie du fer, sont alternativement et indifféremment
évoquées à la fois Aresches et Moutaine.
Un haut-fourneau est créé à
Aresches-Moutaine en 1795 [CHA1914], [MIN1833]. Il existe en effet à Moutaine un haut-fourneau
établi en vertu d'un arrêté du comité de salut public, daté du
2 nivose an III (décembre 1794), maintenu par un arrêté des
consuls, du 23 frimaire an X (novembre 1801) [CHA1914],
[MIN1833], [ROU1855]. C'est Jean-Claude Olivier (frère
d'Étienne Olivier, maître de forges de Pont-du-Navoy) qui
érige, en 1795, à Moutaine ce haut-fourneau, dans un lieu où
fonctionnait déjà “forge, martinet, platinerie et remasière”.
Cet établissement acquit rapidement une certaine importance
puisque en 1826, il traitait 13 800 m3 de minerai “tirés des
environs...”. Cette masse était transformée à Poite et affinée
à Pont-du-Navoy .
À
cette époque, ce haut
fourneau “roulait” neuf mois par an
[THE1970].
La
base talutée en
moellons calcaires enduits, surmontée d'un cordon en tuf
du haut fourneau de
Moutaine subsiste encore (années 1970). Joseph Gauthier,
successeur de Jean-Claude Olivier,
après la mort de celui-ci, fit faillite en
1841[THE1970].
Cet établissement est remplacé plus tard par une scierie
et un battoir à blé [ROU1855]. Le haut-fourneau est éteint
en 1854 [CHA1914]. Arinthod
Chambard mentionne l'existence d'une tréfilerie en 1914
[CHA1914].
1 - Le martinet des Isles
On relève la mention d'une usine des Isles
à Champagnole au début du XVIIIe siècle ([MIN1833]. C'est une
dynastie “forgeronne” de Champagnole, les Olivier, qui en est
propriétaire à la fin du XVIIIe siècle. Etienne Olivier est né
en 1762 : c'est sous son autorité, que la forge des Isles, sur
l'Angillon, acquiert un statut industriel [THE1970]. Étienne,
après avoir été conseiller
municipal, sera d'ailleurs maire de la ville de 1806 à
1815 [THE1970].
En 1811, Etienne Monnier, gendre de Claude Etienne Jobez et
ayant épousé Adélaïde Jobez en 1800, achète le martinet des
Isles à Champagnole, les anciens propriétaires, les frères
Étienne et Jean-Claude Olivier, sont alors maîtres de
forgesà Pont-du-Navoy. L'achat des martinets des Isles et de
Syam par la famille Jobez permet à celle-ci d'utiliser tout
le potentiel en feux de forge disponibles pour la
construction d'une usine moderne à Syam [INV2001],
[GAY2002]. Ce martinet, transféré à Syam autour de 1810,
disparaît alors définitivement du paysage champagnolais.
2 - Les origines de l'usine de la
Serve à Champagnole
En 1492, une première forge hydraulique est
construite à Champagnole, puis d'autres suivent en 1515, 1579,
1653 [CHA1914]. Cet établissement est développé en 1779, par
Hugues et Pierre-Denis Dolard et par Polycarpe Vuillermet
(gendre d'Étienne Olivier), sur un terrain appartenant à ce
dernier. Abraham Muller, de Lyon , en fait l’acquisition en
1782. Cet industriel y ajoute, en 1789, une tréfilerie et une
clouterie. L'usine ne renferme, à l’origine, qu’une platinerie
et des martinets et produit essentiellement du fer en barres
(de l'espatard) [ROU1855], [CHA1914]. L'usine est entièrement
détruite par l’incendie qui dévore Champagnole, le 28 avril
1798. Elle est ensuite reconstruite sur un plan plus vaste
[ROU1855], [BUF1989].
3 - La situation de la Serve au
milieu du XIXe siècle
Construite sur la rive gauche de l’Ain, c
ette usine est l’une des plus prospères et des plus
importantes du département du Jura. Elle se compose (vers
1850) de 4 feux de forge pour la fabrication du fer, de deux
feux de martinets, d’un feu de platinerie, d’un feu de
maître-ouvrier pour la fabrication des filières et autres
outils, d’un feu d’appointeur, d’un feu de chaînerie, d’une
sablerie de 2ème fusion, d’un cylindre avec ses fours, d’une
tréfilerie composée de 38 bobines verticales et horizontales,
des fours à recuire le fil-de-fer, de 30 métiers pour la
fabrication des clous dits “Pointes de Paris”, ainsi que de
bâtiments de maîtres, d’ouvriers, d’ateliers, de magasins et
écuries. Le fer en barre mis en œuvre s’élève annuellement à
un million de kilogrammes. Les produits s’exportent dans toute
la France, principalement dans le Midi et en Italie. Les
fontes fines proviennent des hauts-fourneaux de la
Haute-Saône. Le combustible consiste en charbon de bois. Mme
veuve Muller et ses fils, propriétaires de cette usine, y
élèvent (autour de 1850) un nouveau bâtiment pour y placer 600
bobines destinées à la fabrication du fil-de-fer pour cardes
[ROU1855].
Les forges, vieilles de près de deux
siècles, restées jusque là aux mains des descendants d'Abraham
Muller, sont intégrées, en 1854, au vaste ensemble d'unités de
la Société des Forges de Franche-Comté qui réunit les
principaux établissements métallurgiques du Jura et du Sud du
Doubs, sauf ceux de la famille Jobez [CHA1914], [CCH1960],
[GAY2002].
4 - L'usine de la Serve vers 1880
Vers 1880, les forges de Champagnole, dont
la production est de l’ordre de 1 800 tonnes, constituent,
après Fraisans, le principal établissement métallurgique du
Jura. Sans parler des scieries qu’elles continuent à
exploiter, la fonte y est transformée en fer dans trois feux
d'affinage. Après être passée au laminoir, une partie du fer
est travaillée dans une chaînerie et dans quatre martinets
destinés à la fabrication d'essieux et d’instruments
agricoles. Mais la Serve reste surtout spécialisée dans la
production des fils de toutes espèces et dans celle des
pointes, désormais entièrement mécanisée [CCH1960]. En 1880,
la tréfilerie des forges de la Serve est équipée de 417
bobines avec 36 passage à froid dans les filières [FAP2021].
5 - La Serve au XXe siècle
En 1914, la Société des Forges de
Franche-Comté est encore propriétaire de l'usine de la Serve
qui emploie160 ouvriers [CHA1914]. Après l'effacement de la
Société des Forges de Franche-Comté, dû notamment à la
fermeture de son principal établissement, les hauts-fourneaux
de Fraisans près de Dole, l’usine de Champagnole est rachetée
en1937 par les Aciéries de Rombas [CCH1960]. L'usine fait
partie, vers 1960, du groupe Sidelor [CCH1960].
Au début du XVIIIe siècle, on relève
l'établissement d'une usine métallurgique à Pont-de-la-Chaux
[MIN1833]. Pierre-Xavier Girod, maître de forges à la
Chaux-des-Crotenay, possède en effet un établissement sur la
rivière de Lemme, quelques centaines de mètres à l’amont du
pont de la Chaux [BIC2002]. En 1812, un feu d’affinerie permet
de transformer la fonte en fer et on y rétablit, à cette date,
un martinet. En 1842, l’usine, propriété des frères
Girod, enfants de Pierre-Xavier, est pourvue de deux
martinets, de quatre fournaises, d’une meule, d’un tour et
d’une scierie animés par l’eau. A la fin des années 1840,
Pierre-Élie Girod devient le seul propriétaire de l'usine
[BIC2002]. Clairvaux
À la fin du XVIIIe siècle, est mentionnée,
dans les archives, la création d'une forge à Clairvaux
([MIN1833]. En 1780, Clairvaux a deux feux de forges, un
martinet et un haut-fourneau. L'établissement produit du fer
en barres (de l'espatard). En 1801, M. Le Mire emploie à
Clairvaux (forges et haut-fourneau) et à Vertamboz
(clouterie), 550 ouvriers dont une vingtaine seulement pour la
fabrication des gueuses de fonte (gueuses) et des moulages en
fonte. Le haut-fourneau est éteint en 1854 [CHA1914].
En 1854, l'usine de Clairvaux est intégrée
à la nouvelle Société des Forges de Franche-Comté dont font
partie la plupart des maîtres de forges du “Haut” dont Le Mire
de Clairvaux, Olivier de Pont-du-Navoy et Muller de
Champagnole [GAY2002].
Au milieu du XIXe siècle, est attestée la
présence à Doucier d'un martinet où l'on fabrique de la
taillanderie et de la ferronnerie. Il a succédé à une fabrique
de faux qui elle-même remplaçait une forge et un
haut-fourneau. Les faux de Doucier jouissent alors d'une telle
réputation que l'empereur Napoléon Ier accorde une médaille
d'honneur au sieur Girard, directeur de l'établissement
[ROU1855]. Fort-du-Plasne
La famille Thouverey de Fort-du-Plasne est
propriétaire d'un martinet au “saut” sur la rivière Lemme.
Emmanuel Thouverez, maître et fondateur des forges du Saux,
décède à l'âge de 55 ans, le 20 novembre 1811. Son fils
Pierre-François Polycarpe Thouverez lui succède. Décèdé en
1848, c'est son petit-fils Jean Cyrille Thouverez qui dirigera
l'établissement en 1889. Puis, c'est la famille Charton
(associée par alliance) qui en devient propriétaire [BIC2002].
À la fin du XVIIIe siècle, est mentionnée la création d'une
forge à Frontenay (celle qui sera, plus tard, rétablie à
Baudin) [MIN1833]. Messieurs de Visemal avaient fait
construire une forge sur le ruisseau de Saint-Vincent, à la
place de la maison féodale de Saint-Vincent et un
haut-fourneau à la place du moulin d'aval. Quand les flammes
recouvraient ces établissements au milieu de la nuit et
inondaient le vallon de lumières, le spectacle devait être
féérique [ROU1855].
Claude-Joseph Morel (de Morez) obtient du
marquis de Montrichard, seigneur de Frontenay, la location du
haut-fourneau de Frontenay, proche des minières de Monay, mais
l'installation est vétuste et peu rentable [GAY2002].
En 1794, le propriétaire du moulin de
Baudin, Bontemps, ayant émigré, Claude Jobez acquiert avec
Morel ce moulin près de Sellières avec permission de
pouvoir y construire un haut-fourneau en remplacement d'un
plus ancien sur la commune voisine de Frontenay [INV2001],
[GAY2002]. Claude-Joseph Morel et Claude Jobez se portent
alors acquéreurs du haut-fourneau de Frontenay sur le marquis
de Montrichard. Ils obtiennent du Comité de salut public la
translation du fourneau de Frontenay au moulin de Baudin, par
décision du 18 messidor an II (juin 1794) [ADJ2016]. La Rixouse
Après 1823, semblent avoir été établis une forge et une
tréfilerie à La Rixouse ([MIN1833]. Mme veuve Boudon posséde
alors à la Rixouse, sous la chute de Pisse-Vieille, une usine
se composant d'une forge et d'une manufacture de pointes de
Paris, et occupant 100 ouvriers. Elle est convertie depuis
dans les années 1850 en une fabrique de papiers de couleur
exploitée par MM. Regad et Collet [ROU1855].
1 - Aux origines
Morez semble avoir disposé d'une clouterie
et d'un martinet vers 1532 et d'une forge en 1565 [CHA1914].
En 1663, est avérée l'existence d'une forge et d'un martinet à
Morez [MIN1833]. Vers 1732, le martinet est remplacé par
une tréfilerie. À noter que le personnel bénéficie du
privilège d'être exempté du service militaire [MIN1833].
2 - Les forges Clément
Les forges Clément appartiennent
successivement à M. de Lamartine, oncle du poète, et à M.
François-Célestin Clément. Elles se composent, en 1840, d'un
feu d’affinerie, d’un four à réverbère, de dix machines et
d’un moulin à eau. On y fabrique du fer brut et en barres, de
la tôle forte pour clous et pour horloges, et des fers
cylindrés plats, ronds et carrés. Cette manufacture appartient
vers 1850 à Messieurs Aimé Bourgeois et Girod [ROU1855].
3 - La tréfilerie Dolard...Bonnefoy
En 1706, Jean-Baptiste Dolard, de
Saint-Claude, établit à Morez une fabrique de faulx et de
faucilles, dont les produits sont bientôt reconnus préférables
en qualité à ceux d’Allemagne et s'écoulent dans la province,
dans le duché de Bourgogne, le Lyonnais, la Provence, le
Languedoc et même en Espagne. L’impôt qui les frappe étant
excessif, Dolard se rend à Paris et sollicite une exemption ou
au moins une modération de droits. Ses démarches n'ayant
produit aucun résultat, il est obligé d’abandonner cette
industrie [ROU1855]. En 1726, la tréfilerie de J.-B. Dolard)
fabrique des fusils, des tire-balles, des lances à canons, des
mors, des éperons, des brides et autres boucles [CHA1914]. En
1739, la fabrique de fils de fer de Dolard connaît une
réputation européenne.
La propriété de l'usine est ensuite
recueillie par Cécile-Eugénie Dolard, épouse de
Claude-Antoine-Joseph Dronier, écuyer, seigneur du Villars et
conseiller honoraire au parlement de Besançon. Elle passe
ensuite à Jeanne-Eugénie Dronier de Pra, sa bru, qui épouse à
Morez, le 25 août 1749, Louis-François de Lamartine,
chevalier, seigneur de Monccau près Mâcon, ancien capitaine au
régiment d’Orléans. M. de Lamartine, aïeul de l'illustre
poète, la vend à Pierre-Alexis Perrard, industriel très
distingué, qui établit à Morez une filature de coton au rouet
et des métiers à fabriquer des cotonnades et des mouchoirs.
Messieurs Vandelle, héritiers de Perrard, leur oncle,
revendent cette usine à Bonnefoy, qui la possède encore vers
1855. On y fabrique des fils de fer et des “pointes de Paris”
grâce à vingt métiers et six bobines [ROU1855]. À la fin de la
Révolution, l'usine d'armes de Morez est transportée à Carouge
[CHA1914]. Au début du XXe siècle, Morez produit
essentiellement du fer en barres (de l'espatard) [CHA1914].
On relève la création de forges à Pont-de-Poitte du XVIIIe
siècle [MIN1833]. Elles datent de 1799 et sont construites par
M. Noël Le Mire (ou Lemire) père, en vertu des lettres
patentes qui ont été accordées au prince de Bauffremont de
1760 à 1775, sur l’emplacement d’une petite usine de même
nature [ROU1855], [CHA1914].
Dans les années 1840, on trouve des
mécaniques à clous mises en place aux forges de la Saisse dont
Le Mire est propriétaire [FAP2021]. Autour des années 1850, on
y fabrique du fer en barres pour le commerce et pour cercles,
du larget pour clouterie, du fer laminé pour clous, du fer en
cercles et de la clouterie. Il y a en outre un moulin, un
battoir et une scierie. La force du cours d’eau des usines de
Poitte, qui ne descend jamais au-dessous de 4 m cubes, même
dans les plus grandes sécheresses, et qui donne en moyenne 8 m
cubes par seconde, sur une hauteur de 12 m, représente une
force constante de cinq cents à mille chevaux-vapeur. Il
n’existe probablement pas, en France, de cours d’eau qui offre
une force motrice plus puissante [ROU1855].
Vers 1853-55, les forges de Pont-de-Poitte,
dirigées par Le Mire, se fond dans la Société des Forges de
Franche-Comté. Cette usine reçoit d’importants développements
par cette Société, sous la direction de Messieurs Vautherin.
Guénard et Regad [ROU1855], [CHA1914]. Au début du XXe siècle,
la Société des Forges de Franche-Comté possède encore l'usine
de Pont-de-Poitte qui recourt à la force hydraulique et
emploie 200 ouvriers [CHA1914]. Pont-du-Navoy
1 - Les forges de la Clye au XVIIIe
siècle
Vers la fin du XVIIe siècle est avérée
l'existence d'une usine métallurgique à Pont-du-Navoy
[MIN1833]. Établies par les Princes d'Orange, puis reprises
par leurs successeurs les Princes d'Isenghien, les forges se
développent au XVIIIe s. [BUF1989]. On ignore toutefois
l’époque précise à laquelle les seigneurs de Monnet établirent
un haut-fourneau sur la rivière d’Ain, pour tirer parti de
leurs immenses forêts. [ROU1855].
Cette usine de Pont-du-Navoy est en ruine
lorsque la princesse d’Isenghien obtient, le 21 août 1780, un
arrêt du conseil d’Etat qui lui permet de la rétablir
[ROU1855]. Les forges sont acensées aux frères Olivier qui
relèvent, en 1784, le haut-fourneau et y ajoutent 4 ou 5 feux
de forges [ROU1855]. Appartenant à la famille Moreau de
Faverney, elles sont adjugées en l'An II (1793-94) à
Jean-Claude Olivier. Les bâtiments étant en ruines, celui-ci
rétablit le haut fourneau et dévie le cours de la rivière de
400 m pour obtenir une chute de 3 m de hauteur [BEL1998].
On y traite alors le minerai de Boucherans,
des Faisses, de Mirebel, de Verges. Mais la difficulté de se
procurer des bois et du minerai fait abandonner le
haut-fourneau en 1809 [ROU1855], [BEL1998].
2 - Les forges au XIXe siècle
Ferdinand Olivier succéde à Jean-Claude
Olivier le 8 mars 1837 [BEL1998]. Le 11 décembre 1845, ce
dernier obtient du roi Louis-Philippe l'autorisation de
maintenir en activité l'usine à fer située sur la rivière
d'Ain ainsi que l'autorisation d'ouvrir un canal de dérivation
des eaux de l'Ain de 81,95 m pour alimenter les forges
[BUF1989]. Ferdinand Olivier est malheureusement victime d’un
grave accident de travail qui lui coûte la vie (bras arraché
par une courroie de transmission). Ses deux fils étant en bas
âge, sa femme donne les forges à bail à la société
Bourgeois-Girod [BEL1998].
Vers 1850, l'usine métallurgique, exploitée
avec une grande intelligence par Messieurs Girod, occupe
continuellement de 100 à 120 ouvriers qui y sont tous logés.
Elle comporte quatre foyers d'affinerie au charbon de bois, un
four à réverbère, un feu de maréchalerie, une tréfilerie
renfermant 50 bobines, une fonderie, un cubilot pour la fusion
de la fonte, des appareils de compression pour la fabrication
et l'étirage du fer et des machines soufflantes.
L'établissement comprend aussi une belle maison de maître et
un un moulin à cinq tournants [ROU1855], [BUF1989].
En 1854, Pont-du-Navoy intègre la nouvelle
Société des Forges de Franche-Comté dont font partie la
plupart des maîtres de forges du “Haut” (sauf les Jobez): Le
Mire pour Clairvaux, Olivier pour Pont-du-Navoy, Muller pour
Champagnole [CHA1914], [GAY2002]. L'ensemble de
l'établissement métallurgique de Pont-du-Navoy est alors
rétrocédé par les frères Olivier à la Société des Forges de
Franche-Comté. [ROU1855].
3 - Les forges XXe siècle
En 1914, l'usine de Pont-du-Navoy, toujours
intégrée à la Société des Forges de Franche-Comté emploie
encore 100 ouvriers. Pont-du-Navoy produit du fer en barres
(de l'espatard) [CHA1914]. Elle est acquise plus tard par la
Société Lorraine des Aciéries de Rombas [BUF1989]. La fin de
l'exploitation date de 1938 [BUF1989].
Un haut-fourneau semble avoir existé vers la fin du XVIIIe
siècle [CHA1914]. Saint-Claude
Une clouterie à froid est créée à Saint-Claude en 1808. En
1840, l'entreprise utilise du fil de fer provenant de Besançon
et des forges de Champagnole [FAP2021].
En 1780, existent à Vertamboz un feu de forges et un martinet
[CHA1914]. En 1812, Noël Le Mire, propriétaire des forges de
Clairvaux acquiert la forge et le martinet de Vertamboz, sur
la rive droite du Drouvenant. En 1817, Le Mire y lance la
fabrication industrielle de clous (avec un brevet pour des
clous fabriqués à froid) : il obtient une médaille d'honneur
de bronze à l'Exposition des Produits de l'industrie
française. Vers 1825, 150 personnes sont employées à la
clouterie qui produit 40 espèces de clous [FAP2021]. Vertamboz
fabrique 80 000 kg de clous en 1840. Le Mire emploie alors 550
ouvriers aux forges et haut-fourneau de Clairvaux et à la
clouterie de Vertamboz [ROU1855], [FAP2021], [CHA1914].
L'usine de Vertamboz est exploitée, autour de 1850, par
Messieurs Guyénard, qui y ont annexé une forge [ROU1855],
[FAP2021].
ADJ2016 - Fonds
de la fonderie Baudin à Toulouse-le-Château et
Sellières, et de la famille Monnier, avec documents sur
les forges de Syam, Bourg-de-Sirod (Jura) et Rochejean
(Doubs), Archives départementales du Jura, cote
110J, 2016
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Bailly (R.), Un passé oublié, essai sur la sidérurgie
dans le triangle d'or, 1998
BEL1988 -
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GAY2002 -
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XIXe siècle, Cabédita, 2002
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Images du Patrimoine, 2001
LEN2011 -
Leng (L.), Bourg de Sirod & Château-Vilain,
2011
MIN1833 - Compte
rendu des travaux des ingénieurs des Mines, 1833
ROS1990,
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du district sidérurgique du Mont d’Or, Minaria
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L'industrie de transformation du minerai de fer : les
hauts fourneaux, Saint-Point, 2012
THE1970
- Thévenin (Ch.), Sur la route du fer, Le Progrès,
années 1970
THI1836 -
Thirria (E.), Mémoire sur le terrain jura-crétacé de
la Franche-Comté, in Annales des Mines, 3ème
série, tome X, 1836, pp. 95-146