La
métallurgie se développe en Franche-Comté dès la fin du Moyen
Âge puis de façon de plus en plus importante au XVIIIe
siècle pour connaître son apogée dans la première moitié du XIXe
siècle.La région
possède alors un abondant minerai de fer facilement exploitable,
de vastes forêts capables de fournir le charbon de bois et aussi
l'énergie hydraulique nécessaire au fonctionnement des
souffleries et aux équipements des forges et hauts-fourneaux.
En ce qui concerne
le minerai, de nombreux et importants gisements existent en
Haute-Saône comme aussi dans le Haut-Doubs dans le triangle
Pontarlier, Mont-d'Or, lac de Saint-Point (voir notamment
l'ouvrage très détaillé de R. Bailly).
Le département du Jura n'est pas en reste. Si de nombreux
établissements de transformation du fer (forges, martinets,
fonderies...) se multiplient sur les plateaux jurassiens,
surtout dans le bassin de l'Ain supérieur, ils exploitent
largement, directement ou indirectement, les gisements du
Haut-Doubs et ceux, un peu plus rares, du Jura des plateaux.
Ce texte (C) vise à présenter sommairement ce que l'on peut
savoir des gisements de minerai de fer des plateaux du Jura. Il
peut utilement être mis en relation avec les deux autres textes
sur l'industrie du fer des plateaux du Jura :
Types de minerai et localisation
des gisements correspondants
Commençons par avoir une
vue d'ensemble des types de minerai et des localisations des
principaux gisements. Il n'est toutefois pas toujours très
aisé de suivre les auteurs dans leurs descriptions des types
de minerais. On se limitera donc, ici, à juxtaposer leurs
descriptions.
Thirria (1836) : minerai de fer
pisiforme dans le jura-crétacé [THI1836]
Outre de nombreux sites dans le département
du Doubs, on trouve le minerai en grains dans le département
du Jura à Nozeroy, Boucherans [Communailles], Censeau, Cuvier,
Bief-du-Fourg, Grangettes-les-Fourgs [Censeau],
Foncine-le-Bas, Septmoncel et Saint-Claude.
Chambard (1914) : deux types de
minerais [CHA1914]
Minerai en roche. Pour les plateaux
jurassiens, on le trouve, dans le Valanginien, en grains
arrondis, empâtés dans une marne sableuse (0,5 du poids
total). C'est un excellent minerai, d'une grande richesse,
exploité, autrefois, à Boucherans ; il apparaît à Nozeroy,
Doye, Lent, Billecul et produisait le meilleur fer de la
Franche-Comté. [CHA1914].
Minerai en grains. Dans les alluvions
modernes, il est en grains ordinairement ronds, brillants
et produit un fer très estimé. Dans la “Montagne”, il
provient du Valanginien et du Callovien d'où il a été
arraché par les eaux (Viousse, Verges, Mirebel).
[CHA1914].
Rosenthal (1990) : gisements (hors
Bresse et plaine autour de Dole) [ROS1990]
Minerai de fer sédimentaire
oolithique aalénien : Fangy (autour de
Toulouse-le-Château, Sellières), Maynal (Revermont, sud de
Lons-le-Saunier), Ivory (plateau de Salins, vallée de la
Furieuse)
Minerai de fer sédimentaire type
oolite ferrugineuse valanginien : Boucherans (Val de
Mièges, plateau de Nozeroy), Métabief (Doubs, Mont d'Or,
Lac de St-Point)
Minerai de fer sédimentaire type
oolite ferrugineuse callovien : Binans (Publy, premier
plateau lédonien), La Viousse (Andelot)
Minerai de fer résiduel ou de
remaniement : Bresse jurassienne, Plateau de Champagnole,
combe d’Ain (Charcier, Doucier, Champagnole-Mont-Rivel)
Serneels
(2004) :
Limonite du Valanginien [SER2004] On trouve
la Limonite du Valanginien ou Limonite de Métabief
principalement dans le secteur du Mont d'Or, entre le lac de
St-Point et le lac de Joux ainsi que dans haut Val de
Travers. On trouve aussi des exploitations du minerai
(limonite du Valanginien) dans le Val de Mièges, autour de
Nozeroy.
Étude de Patrick Rosenthal
sur les gisements dans le Jura
L'étude de Patrick
Rosenthal [ROS1990], Les minerais de fer de Franche-Comté,
publiée en 1990 dans le Bulletin de la Société
d'Histoire naturelle du Doubs (n° 85, 1990-91, pp. 25-62)
fournit de très utiles informations sur les gisements de
minerai de fer dans les trois départements de la
Franche-Comté. On reprend, ci-dessous, des extraits de cette
étude pour ce qui concerne le département du Jura.
a) Le minerai de fer Aalénien Dans le Jura, les minerais aaléniens sont connus sur la
bordure occidentale de la chaîne, au nord et au sud de
Lons-le-Saunier, et dans la région salinoise. Les gîtes
aaléniens connus pour avoir fait l'objet d'une exploitation
se répartissent sur le faisceau lédonien et dans la région
salinoise. Au sud de Lons-le-Saunier, Rousset (ROU1855) mentionne
des exploitations à Cuisia (inactive en 1854), Augea
(inactive en 1853), Maynal (active jusqu'en 1842) et à
Bornay, (abandonnée avant 1854). Le minerai de Maynal titre
24,1% de fer (OGE1865). Au nord de Lons, le minerai fut exploité à Mantry,
Passenans, mais c'est surtout dans le triangle Sellières,
Toulouse-le- Château, le Bouchaud que l'extraction fut la
plus active avec les mines et minières de Fangy, de
Revalais, de Monay et du Bouchaud. La concession de Fangy,
instituée le 19 avril 1844, couvrait l'ensemble de ces
localités. L'exploitation consistait à attaquer directement
les assises de minerai aalénien en roche ou à exploiter la
partie altérée de l'assise , plus facile à extraire et dotée
d'une teneur supérieure en fer : 42% contre 35% (OGE1865),
grâce en particulier au lessivage d'une fraction des
carbonates de la roche. Les travaux souterrains de Fangy ont
été exécutés de 1844 à 1874. Le minerai extrait alimentait
le haut-fourneau de Baudin (commune de Toulouse-le-Château)
, où il était fondu avec des minerais en grains de
Saône-et-Loire et de Haute-Saône. Les forges de Baudin
étaient spécialisées dans la fabrication de fourneaux et
cuisinières (OGE1865) . Dans la région d'Arbois et de Salins, Rousset (ROU1855)
mentionne quelques petites exploitations : à Montmalin
(abandonnée en 1800), à Pupillin (abandonnée en 1810), à
Ivory (exploitée jusqu'à l'extinction du haut-fourneau de
Moutaine, vallée de la Furieuse). Selon l'ingénieur Resal
(RES1864), “anciennement, on a exploité le même gîte
(l'Aalénien) dans la vallée de Salins, au pied des
escarpements de l'Abergement”.
b) Les minerais de fer du Callovien et de l'Oxfordien Dans le Jura, pour le Callovien moyen et supérieur
(zones à Coronatum et à Athleta probable), on trouve du
minerai de fer de Binans (commune de Publy), au
sud-est de Lons-le-Saunier, et des Granges de Viousse au
nord d'Andelot-en-Montagne, connus dans le Jura sur le flanc
ouest de la chaîne de l'Heute et sur le plateau de
Champagnole. Rousset (ROU1855) et Ogerien (OGE1865),
mentionnent plusieurs gisements de minerai de fer que l'on
peut rapporter aux formations à oolites ferrugineuses
callovo-oxfordiennes ou à des horizons d'altération de ces
formations. Certains de ces gîtes ont fait l'objet
d'exploitations. En bordure de la Chaîne de L'Heute, on
relève Binans (Publy), Mirebel, Bonnefontaine (anciennement
Les Faisses. Sur le plateau de Champagnole, on note les
gîtes de Viousse (Andelot), Blye, Clucy, Lemuy. Dans la
Haute-Chaîne, Rousset mentionne encore Entre-Deux- Monts
près des Planches-en- Montagne. On dispose de peu
d'information sur les anciennes exploitations, qui ont
toutes cessé leur activité avant 1850. c) Le minerai de fer Valanginien Les calcaires roux du Valanginien sont connus sur
l'ensemble du Jura interne, toutefois, le faciès Limonite de
Métabief, suffisamment riche en fer pour justifier une
exploitation est limité, dans le Jura français, à la zone
comprise entre Champagnole (Jura) et Jougne (Doubs). Deux
petits bassins ferrifères valanginiens s'individualisent :
dans le Jura, le bassin du Val de
Mièges sur le plateau de Nozeroy,
et dans le Doubs, le bassin de
Métabief entre le versant nord du Mont d'Or et
Pontarlier.
Le minerai valanginien de Boucherans est
selon Ogerien (OGE1865), un minerai calcaire (25% CaC03),
titrant environ 25% de fer, lorsqu'il est en gangue, et
dépassant 41 % de fer après lavage. La teneur en alumine du
minerai brut dépasse 22%. Les mines du Val de Mièges sont toutes localisées dans
le vaste synclinorium crétacé de Nozeroy. On relève des
mentions d'exploitations, antérieures à 1850, pour plusieurs
gîtes. À Boucherans (commune de Communailles-en-Montagne),
Thirria (THI1836) décrit des travaux sur une couche
minéralisée de 1,6 m, consistant en une galerie de roulage
desservant un grand nombre de galeries poussées suivant la
direction et la pente du gîte. Ces galeries de 3 à 4 mètres
de largeur sont séparées par des piliers de 6 à 7 mètres de
côté... les ouvrages souterrains s'étendent suivant la
direction sur une longueur de 3 à 400 mètres, et suivant la
pente, sur une largeur de 200 à 250 mètres... En 1833, on
n'extrait au jour que le cinquième en volume du gîte, les
quatre autres cinquièmes n'étant pas assez riches pour être
exploités comme minerai. On laisse le minerai brut exposé à
l'air pendant un an au moins, pour qu'il fuse, en ayant soin
d'écraser de temps en temps avec une masse les morceaux
calcaires qui ne tombent pas naturellement en poussière.
Ensuite on le passe à la claie pour séparer de la poussière
les morceaux calcaires qu'on met au rebut, parce qu'ils sont
généralement peu riches. Il résulte de cette préparation un
nouveau déchet d'un cinquième environ et le minerai qui en
provient est propre à la fusion sans qu'on le soumette au
lavage. À Censeau, au lieu-dit Les Grangettes et à la Godine
(commune de Cuvier), Thirria (THI1836) rappelle l'existence
d'anciens travaux souterrains. La notice de La carte
géologique de Champagnole mentionne une ancienne
exploitation à Mièges. Ogerien (OGE1865) cite les gîtes de
Nozeroy, Doye, Lent et Billecul, mais sans mention
d'exploitation. Rousset indique encore la présence de minerai en roche
dans la Haute Chaîne, au Béchet (commune de Morez), ce
minerai dont il n'indique pas s'il fut exploité pourrait
être d'âge valanginien. A moins qu'il ne s'agisse d'un
minerai en grains tertiaire à gangue calcaire.
d) Conclusion
de Rosenthal sur les gisements de Franche-Comté La sidérurgie comtoise au XVIIIe siècle illustre bien la
richesse des ressources dont elle dispose à cette époque. La
future Haute-Saône est de loin le secteur le plus productif.
Le minerai pisolitique y est abondant, il s'y exploite
facilement. La fonte est faite au bois que l'on surexploite.
Les lavoirs à mine, patouillets, fourneaux, forges et
martinets sont animés. Depuis le bas-fourneau où le forgeron des premiers
siècles réduisait directement le minerai pour en tirer le
fer, la sidérurgie comtoise a évolué progressivement. Au XVe
siècle apparaît le procédé indirect d'obtention du fer dans
les hauts-fourneaux. A partir du XVIIe siècle, la méthode
d'affinage des maîtres de forges comtois devient la plus
employée en France. Pendant à peu près un siècle, de 1750 à
1850, la sidérurgie locale connaît son apogée, en 1789, la
Franche-Comté occupe le second rang parmi les provinces
françaises pour la production de fonte (17 000 t) comme pour
celle du fer (10 000 t), soit 17% de la fonte et 15% du fer
élaborés dans le royaume. Selon Lassus (LAS1980), la
Champagne tient le premier rang pour la fonte (19 500 t) et
la Lorraine pour le fer (11 500 t). De 1820 à 1830, la
Haute-Saône concurrence la Haute-Marne pour le premier rang
des départements producteurs de fonte (MIC1979). Le
développement de la production de fonte au coke favorise, en
Angleterre, puis en France, la construction de
hauts-fourneaux de grande dimension, à proximité ou dans les
bassins houillers produisant à meilleur compte. En 1865, la
tonne de fonte revient à 62,45 fr. en Lorraine contre 152,75
fr. en Franche-Comté (MIC1979).
En 1855, le Dictionnaire des
communes du Jura de Rousset [ROU1855] mentionne plusieurs
gisements de minerai de fer essentiellement situés dans le Val
de Miège et dans les plis résiduels des plateaux jurassiens. On
compléte cette liste par des apports d'autres auteurs.
Andelot (La Viousse)
On trouve sur le territoire de cette commune, des mines de fer à
la ferme de Viousse, dont l'exploitation a été abandonnée depuis
quelques années [ROU1855]. Minerai de fer du Callovien,
exploitation à ciel ouvert, gisement exploité avant 1850,
alimentation du haut-fourneau de Moutaine [ROS1990]. Un titre
du 17 ventôse an 5 (1796) montre Viousse aux mains de
“Petetin, commis aux Olivier” avec 181 arpents et 16 perches
de terre [THE1970]. Les “terres rouges” sont effectivement
riches en minerais. La concession Olivier ne semble pas se
superposer aux zones voisines du Creux de Fer exploitées
par d'autres, mais le processus d'extraction est le même. On
creuse préalablement une sorte d'entonnoir dans le sol. Puis
lorsque l'on atteint le gisement, jamais trop profond, on
élargit ce cercle. Il y eut à Viousse un véritable village de
travailleurs attachés au fer. On voit encore [années 1970], en
lisière du bois de la Chassagne, les vestiges des baraques
qu'ils habitaient. Devant ces maisons, on devine la digue et
l'emplacement de l'étang qu'elle contenait. C'est dans ce
réservoir qu'on lavait le minerai [THE1970].
Augea
On trouve sur le territoire de cette commune du minerai de fer
qu'on n'exploite plus [ROU1855]. Gîte aalénien [ROS1990].
Billecul
Un gisement du Valanginien cité par Ogerien, mais sans mention
d'exploitation [ROS1990].
Blye
Il y a 40 ans (années 1810), on extrayait encorede la montagne
de Mont-Lion, du minerai de fer qu’on lavait à la Pala et qu’on
conduisait ensuite aux forges de Clairvaux [ROU1855]. Gîte
relevant de formations à oolithes ferrugineuses
callovo-oxfordiennes [ROS1990].
Bornay
On trouve sur le territoire de cette commune du minerai de fer
dont l'exploitation a été abandonnée [ROU1855]. Gîte aalénien
[ROS1990].
Censeau
Il y a du minerai de fer dont l'extraction a été abandonnée
depuis quelques années [ROU1855]. Gisement du Valanginien, au
lieu-dit Les Grangettes, exploité en souterrain avant 1833
[ROS1990].
Champagnole
On trouve, au revers sud du montrivel, près de la route de
Chalon en Suisse, une mine de fer, dont l'exploitation a été
abandonnée depuis quelques temps. Le minerai était lavé dans un
canal creusé depuis le pont de la Mouille [ROU1855]. Gîte
relevant de formations à oolithes ferrugineuses
callovo-oxfordiennes [ROS1990].
Chatillon
On trouve sur le territoire de la commune du minerai de fer en
grains, dont l’extraction a été abandonnée vers 1790 [ROU1855].
Gite de minerai de fer pisolitique d'âge indéterminé [ROS1990].
Clucy
On trouve sur le territoire de la commune du minerai de fer non
exploité[ROU1855]. Gîte relevant de formations à oolithes
ferrugineuses callovo-oxfordiennes [ROS1990].
Communailles (Boucherans)
Présence d'abondantes mines de fer
alimentant le haut-fourneau de Moutaine [Aresches].
Depuis la suppression de cette usine, ce minerai, d'une
excellente qualité a cessé d'être exploité [ROU1855].
Minerai Valanginien, gîte avec mines abondantes en
galeries, 240 tonnes extraites en 1832) [ROS1990]. Un
grand nombre de galeries poussées suivant la direction
et la pente du gîte ; ces galeries de 3 à 4 mètres de
largeur sont séparées par des piliers de 6 à 7 mètres de
côté... les ouvrages souterrains s'étendent suivant la
direction sur une longueur de 3 à 400 mètres, et suivant
la pente, sur une largeur de 200 à 250 mètres [THI1836].
Le gisement de
Boucherans semble avoir été important (il figure sur la
carte de Cassini) ; le minerai a été traité dans les
hauts fourneaux d'Aresches-Moutaine, de Bourg-de-Sirod
et de Pont-du-Navoy. Selon Annie Gay [GAY2002]. À la fin
du XVIIIe siècle, Claude Morel et Claude Jobez
co-propriétaires des forges de Bourg-de-Sirod
s'intéressent sérieusement à la mine de Boucherans : ce
“beau filon”, situé à 3 lieues de Bourg-de-Sirod,
exploité depuis les années 1730, présente, selon Jobez,
des prolongements inexploités vers l'ouest. Mais le
gisement est aussi convoité par le concurrent
Jean-Claude Olivier, maître de forges, qui vient
d'obtenir la concession du haut-fourneau de
Pont-du-Navoy. En 1792, Jobez obtient, contre Olivier,
le droit d'extraire le minerai de la montagne de
Boucherans [GAY2002]. Ferdinand Olivier, maître de forge
à Pont-du-Navoy, successeur de Jean-Claude, sollicite en
décembre 1834 la concession d'un gisement à Boucherans,
sur la commune de Communailles-en-Montagne. Le
territoire que Ferdinand Olivier souhaite prospecté
couvre cent deux hectares et trente-six ares. Les
“filons” de Boucherans appartiennent à la couche
géologique du Valanginien. Ils ne mesurent jamais plus
d'un mètre d'épaisseur. Surtout, ils étaient faciles à
exploiter. Ils affleuraient sur le flanc sud ouest d'un
vallon situé entre les fermes de Boucherans et le
village de Froidefontaine. Ils ne “gisaient” qu'à
quelques mètres de profondeur. Il suffisait de “décaper”
les terrains superflus pour les exploiter à l'air libre
[THE1970].
Cuisia
On trouve sur le territoire de la commune du minerai de fer dont
l'exploitation a été abandonnée [ROU1855]. Gîte aalénien
[ROS1990].
Cuvier
On trouve sur le territoire de la commune du minerai de fer près
de la Godine [ROU1855]. Minerai de fer du Valanginien exploité
en souterrain en 1833 [ROS1990].
Doye
On trouve sur le territoire de la commune du minerai de fer
[ROU1855]. Gisement du Valanginien cité par Ogerien [OGE1865]
mais sans mention d'exploitation [[ROS1990].
Entre-deux-Monts
On trouve sur le territoire de la commune du minerai de fer non
exploité [ROU1855]. Gîte relevant de formations à oolithes
ferrugineuses callovo-oxfordiennes [ROS1990].
Ivory
On trouve sur le territoire de la commune du minerai de fer en
grain et en roche, dont l'exploitation a été abandonnée depuis
la suppression du haut-fournean de Moutaine [ROU1855]. Gîte de
minerai de fer de l'Aalénien [ROS1990]. Le
Bouchaud
On trouve sur le territoire de la commune du minerai de fer en
grains, dont l’extraction a été abandonnée depuis 1830
[ROU1855]. Gîte de l'horizon Aalénien, relevant de la concession
de Fangy (19 avril 1844) [ROS1990].
Lemuy
On trouve sur le territoire de la commune des mines de fer dont
l’exploitation a été abandonnée depuis 30 ans [ROU1855]. Gîte
relevant de formations à oolithes ferrugineuses
callovo-oxfordiennes, exploité avant 1825 [ROS1990].
Lent
Un gisement du Valanginien cité par Ogerien, mais sans mention
d'exploitation [ROS1990].
Les Faisses (aujourd'hui
Bonnefontaine)
On trouve sur le territoire de la commune du minerai de fer, qui
a été exploité dans le cours du XVIIIe siècle, pour le
haut-fourneau du Pont-du-Navoy. On le lavait dans le lieu
dit au Patouillet, et ensuite il était transporté à dos de
mulets, par un sentier encore appelé le chemin des Mulets
[ROU1855]. Gîte relevant de formations à oolithes ferrugineuses
callovo-oxfordiennes [ROS1990].
Mantry
On trouve sur le territoire de la commune du minerai de fer en
grains, non exploité [ROU1855]. Gîte de l'Aalénien [ROS1990].
Maynal
On trouve sur le territoire de la commune du minerai de fer en
roche qui a été exploité jusqu'en 1842 pour les fourneaux de
Clairvaux [ROU1855]. Gîte de l'Aalénien [ROS1990].
Mièges
Selon la carte géologique de Champagnole mentionne une ancienne
exploitation à Mièges, citée par Ogerien [OGE1865], [ROS1990]
Mirebel
On trouve sur le territoire de la commune du minerai de fer dont
on a abandonné l’exploitation [ROU1855]. Gîte relevant de
formations à oolithes ferrugineuses callovo-oxfordiennes,
exploité avant 1856 [ROS1990].
Monay
On trouve, sur le territoire de la commune, du minerai de fer en
roche, exploité pour l'usage du haut-fourneau de Foucherans
[ROU1855]. Gîte de l'Aalénien [ROS1990].
Montmalin
On trouve sur le territoire de la commune du minerai de fer en
grains qui a été employé
jusqu'en 1800 aux forges de Roche (?) [ROU1855]. Dîte de
l'Aalénien [ROS1990].
Morez
On trouve, sur le territoire de la commune, du minerai de fer en
roche sur le Béchet et le Risoux [ROU1855]. Ce minerai dont
Rousset n'indique pas s'il fut exploité pourrait être d'âge
valanginien, à moins qu'il ne s'agisse d'un minerai en grains
tertiaire à gangue calcaire [ROS1990].
Nozeroy
Un gisement du Valanginien cité par Ogerien, mais sans mention
d'exploitation [ROS1990].
Passenans
On trouve sur le territoire de la commune du minerai de fer en
grain et en roche, peu exploité [ROU1855]. Gisement de
l'Aalénien [ROS1990].
Publy (Binans)
On trouve sur le territoire de la commune du minerai de fer qui
a été exploité à Binans pour les forges de Pont-de-Poitte et de
Clairvaux [ROU1855]. Minerai de fer du Callovien moyen et
supérieur (zones à Coronatum et à Athleta probable) pouvant
renvoyer à des formations à oolithes ferrugineuses
callovo-oxfordiennes ; exploitation à ciel ouvert (filon
de 3 à 4 m d'épaisseur, exploité avant 1840 [ROS1990].
Pupillin
On trouve sur le territoire de la commune des mines de fer en
roches qu’on a cessé d’exploiter en 1810 [ROU1855]. Gîte de
l'Aalénien [ROS1990].
Sellières (et
Toulouse-le-Château)
On trouve sur le territoire de la commune d’abondantes mines de
fer dont l’exploitation pour les forges de Baudin occupe 12
ouvriers [ROU1855]. Gisement de l'Aalénien ; la concession de
Fangy instituée le 19 avril 1844 couvrait l'ensemble des
localités de Sellières (Fangy, Revalais...), Toulouse-le-Château
et Le Bouchaud ; l'exploitation en puits et galeries et aussi à
ciel ouvert) consistait à attaquer directement les assises de
minerai aalénien en roche ou à exploiter la partie altérée de
l'assise ; 4 800 tonnes extraites en 1858 [ROS1990].
in Annales des mines ou
Recueil de mémoires sur l'exploitation des mines. Troisième série, Tome X,
Paris, 1836, pp. 130-132
La mine de
Boucherans se trouve au lieu-dit la Saint-Jean, à 300 mètres environ au sud-est du
village de Boucherans. Cette mine est ouverte sur un
banc de calcaire marno-compacte qui se présente en
plaquettes entremêlées de marne sablonneuse verdâtre,
lesquelles sont chargées de très petits grains oblongs
d’un minerai de fer d’un brun jaunâtre très-éclatant ,
dont le reflet est pour quelques-uns peu différent de
celui de la pyrite jaune de fer. Ce banc a 1,60 m de
puissance; il repose sur un calcaire sablonneux, d’un
gris-verdâtre, de 1,60 m d’épaisseur, constitué par un
ensemble de plaquettes entremêlées de marne sablonneuse
verdâtre, au-dessous duquel se trouve une couche de
marne bleuâtre, puissante de 5 à 6 mètres , qui a été
reconnue par un canal d’écoulement pratiqué dans une des
galeries. Un escarpement qu'on franchit, avant d’arriver
à la mine, fait voir au-dessous de la marne bleuâtre,
sur une hauteur de 6 à 7 mètres, un calcaire compacte,
suboolilhique, grisâtre, parsemé de lamelles de
crinoïdes, qui appartiennent aussi au terrain
jura-crétacé. Le gîte est recouvert par un calcaire
jaunâtre, à tissu lâche, suboolilhique , et parsemé de
lamelles de crinoïdes, lequel se présente en couches peu
puissantes, sur une hauteur de 4 à 5 mètres.
Le terrain
jura-crétacé de Boucherans se trouvant dans une sorte de
plaine, à une assez grande distance des croupes
jurassiques de la large vallée dans laquelle il s’est
déposé, son inclinaison doit être faible; aussi le gîte
incline-t-il au sud-sud-est, sous un angle qui n’excède
pas 3 ou 4 degrés. On verra par
l'énumération des fossiles, que ce gîte est extrêmement
riche en débris organiques.
Les travaux
d’exploitation consistent en une galerie de pendage
diagonale débouchant au jour, qui sert de galerie de
roulage, et en un grand nombre de galeries poussées
suivant la direction et la pente du gîte. Ces galeries
ont 3 à 4 mètres de largeur et sont séparées par des
piliers de 6 à 7 mètres de côté. On a enlevé
quelques-uns de ces piliers pour les remplacer par des
déblais provenant du triage intérieur, lesquels sont
parfois si abondants, qu’on est obligé d’en sortir au
jour, après avoir remblayé toutes les excavations. Les
ouvrages souterrains s’étendent suivant la direction,
sur une longueur de 3 à 400 mètres, et suivant la pente,
sur une largeur de 200 à 250 mètres ; ils se trouvent en
majeure partie à l’ouest de la galerie de roulage,
direction vers laquelle existent d’anciens travaux fort
étendus et plusieurs galeries abandonnées qui
débouchaient au jour, tandis que le gîte est
entièrement intact à l'est des travaux actuels
d’exploitation.
On n’extrait au
jour que le cinquième en volume du gîte, les quatre
autres cinquièmes n’étant pas assez riches pour être
exploités comme minerai. On les emploie pour remblai, ou
bien on les sort au jour, ainsi que nous l’avons dit
ci-dessus, quand ils sont surabondants. On laisse le
minerai brut exposé à l’air pendant un an au moins, pour
qu’il fuse, en ayant
soin d’écraser de temps en temps avec une masse les
morceaux calcaires qui ne tombent pas naturellement en
poussière. Ensuite on le passe à la claie pour séparer
de la poussière les morceaux calcaires qu’on met au
rebut, parce qu’ils sont généralement peu riches. Il
résulte de cette préparation un nouveau déchet d’un
cinquième environ ; et le minerai qui en provient est
propre à la fusion sans qu’on le soumette au lavage.
La mine de Boucherans fournit annuellement pour le
fourneau de Moutène, situé près de Salins, 4oo muids de
660 kil. l’un, ou 2.400 quintaux métriques de minerai
propre à la fusion, qui se vend sur place 4 fr. le muid
ou 0,66 fr. le quintal métrique. L’exploitation se fait
au compte d’un entrepreneur qui emploie 6 ouvriers en
hiver et 2 en été. La régularité de
l’allure du gîte de Boucherans et celle des travaux
d’exploitation, qui ne peuvent être pratiqués que
souterrainement, rendent évidemment ce gîte concessible.
L’analyse que nous avons faite du minerai de Boucherans
nous a donné pour sa composition :
Carbonate
de chaux et de magnésie : 29,00%
Argile,
sable et alumine combinée : 22,40%
Silice
combinée : 4,00%
Protoxyde de
fer : 0,80%
Peroxyde de
fer : 34,00%
Eau : 9,40%
Perte : 0,40%
Le protoxyde de fer s’y trouve combiné avec de la silice
, de l’alumine et de l’eau , comme dans les autres
minerais du même terrain. D’après la
composition des deux oxydes de fer, ce minerai contient
24,17 p. % de fer métallique. Essayé par la
voie sèche, il a bien fondu sans aucune addition, et a
donné un culot de fonte pesant 23,80 p.
%. Reprise
partielle de ce texte des Annales des Mines dans
l'ouvrage de Flachat, Barrault et Petiet (1846) : Traité de la
fabrication du fer et de la fonte envisagée sous les
rapports chimique, mécanique et commercial,
Troisième partie (examen statistique et commercial),
par E. Flachat, A. Barrault et J. Petiet, Paris
1846, p. 933
La mine de
Boucherans est ouverte sur un banc de calcaire
marno-compacte qui se présente en plaquettes entremêlées
de marne sablonneuse verdâtre, lesquelles sont chargées
de très-petits grains oblongs d’un minerai de fer d’un
brun jaunâtre très éclatant, dont le reflet est, pour
quelques-uns, peu différent de celui de la pyrite jaune
de fer. Ce banc a 1,60 m de puissance. Les travaux
d'exploitation y consistent en une galerie de pendage
diagonale débouchant au jour , qui sert de galerie de
roulage, et en un grand nombre de galeries poussées
suivant la direction et la pente du gite. Ces galeries
ont 5 à 4 mètres de largeur, et sont séparées par des
piliers de 6 à 7 mètres de côté. Les ouvrages
souterrains s'étendent suivant la direction, sur une
longueur de 3 à 400 mètres, et suivant la pente, sur une
largeur de 200 à 250 mètres. La régularité de
l'allure du gîte de Boucherans, et celle des travaux
d'exploitation qui ne peuvent être exploités que
souterrainement, rendent évidemment ce gîte concessible.
ANN1836 - Annales des mines ou Recueil de mémoires sur
l'exploitation des mines. Troisième série, Tome X, Paris, 1836
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