L'industrie du fer des plateaux du Jura

C - Gisements de minerai de fer du Jura

Jean MICHEL, juin 2022

Accueil général Croix
Bibliographie
Documentation Plus - Fer, métallurgie, ferronnerie
L'industrie du fer des plateaux du Jura - A - Forges et fonderies de l'empire Jobez dans le Jura
L'industrie du fer  des plateaux du Jura- B - Etablissements du Jura autres que ceux de Jobez



Introduction


La métallurgie se développe en Franche-Comté dès la fin du Moyen Âge puis de façon de plus en plus importante au XVIIIe siècle pour connaître son apogée dans la première moitié du XIXe siècle.  La région possède alors un abondant minerai de fer facilement exploitable, de vastes forêts capables de fournir le charbon de bois et aussi l'énergie hydraulique nécessaire au fonctionnement des souffleries et aux équipements des forges et hauts-fourneaux.

En ce qui concerne le minerai, de nombreux et importants gisements existent en Haute-Saône comme aussi dans le Haut-Doubs dans le triangle Pontarlier, Mont-d'Or, lac de Saint-Point (voir notamment l'ouvrage très détaillé de R. Bailly).


Le département du Jura n'est pas en reste. Si de nombreux établissements de transformation du fer (forges, martinets, fonderies...) se multiplient sur les plateaux jurassiens, surtout dans le bassin de l'Ain supérieur, ils exploitent largement, directement ou indirectement, les gisements du Haut-Doubs et ceux, un peu plus rares, du Jura des plateaux.


Ce texte (C) vise à présenter sommairement ce que l'on peut savoir des gisements de minerai de fer des plateaux du Jura. Il peut utilement être mis en relation avec les deux autres textes sur l'industrie du fer des plateaux du Jura :


Haut de page

Types de minerai et localisation des gisements correspondants

Commençons par avoir une vue d'ensemble des types de minerai et des localisations des principaux gisements. Il n'est toutefois pas toujours très aisé de suivre les auteurs dans leurs descriptions des types de minerais. On se limitera donc, ici, à juxtaposer leurs descriptions.

Thirria (1836) : minerai de fer pisiforme dans le jura-crétacé [THI1836]
Outre de nombreux sites dans le département du Doubs, on trouve le minerai en grains dans le département du Jura à Nozeroy, Boucherans [Communailles], Censeau, Cuvier, Bief-du-Fourg, Grangettes-les-Fourgs [Censeau], Foncine-le-Bas, Septmoncel et Saint-Claude.

Chambard (1914) : deux types de minerais [CHA1914]

Rosenthal (1990) : gisements (hors Bresse et plaine autour de Dole) [ROS1990]

Serneels (2004) : Limonite du Valanginien [SER2004]
On trouve la Limonite du Valanginien ou Limonite de Métabief principalement dans le secteur du Mont d'Or, entre le lac de St-Point et le lac de Joux ainsi que dans haut Val de Travers. On trouve aussi des exploitations du minerai (limonite du Valanginien) dans le Val de Mièges, autour de Nozeroy.

Cartes
              Rosenthal

Cartes Patrick Rosenthal

Haut de page



Étude de Patrick Rosenthal sur les gisements dans le Jura

L'étude de Patrick Rosenthal [ROS1990], Les minerais de fer de Franche-Comté, publiée en 1990  dans le Bulletin de la Société d'Histoire naturelle du Doubs (n° 85, 1990-91, pp. 25-62) fournit de très utiles informations sur les gisements de minerai de fer dans les trois départements de la Franche-Comté. On reprend, ci-dessous, des extraits de cette étude pour ce qui concerne le département du Jura.

a) Le minerai de fer Aalénien
Dans le Jura, les minerais aaléniens sont connus sur la bordure occidentale de la chaîne, au nord et au sud de Lons-le-Saunier, et dans la région salinoise. Les gîtes aaléniens connus pour avoir fait l'objet d'une exploitation se répartissent sur le faisceau lédonien et dans la région salinoise.
Au sud de Lons-le-Saunier, Rousset (ROU1855) mentionne des exploitations à Cuisia (inactive en 1854), Augea (inactive en 1853), Maynal (active jusqu'en 1842) et à Bornay, (abandonnée avant 1854). Le minerai de Maynal titre 24,1% de fer (OGE1865).
Au nord de Lons, le minerai fut exploité à Mantry, Passenans, mais c'est surtout dans le triangle Sellières, Toulouse-le- Château, le Bouchaud que l'extraction fut la plus active avec les mines et minières de Fangy, de Revalais, de Monay et du Bouchaud. La concession de Fangy, instituée le 19 avril 1844, couvrait l'ensemble de ces localités. L'exploitation consistait à attaquer directement les assises de minerai aalénien en roche ou à exploiter la partie altérée de l'assise , plus facile à extraire et dotée d'une teneur supérieure en fer : 42% contre 35% (OGE1865), grâce en particulier au lessivage d'une fraction des carbonates de la roche. Les travaux souterrains de Fangy ont été exécutés de 1844 à 1874. Le minerai extrait alimentait le haut-fourneau de Baudin (commune de Toulouse-le-Château) , où il était fondu avec des minerais en grains de Saône-et-Loire et de Haute-Saône. Les forges de Baudin étaient spécialisées dans la fabrication de fourneaux et cuisinières (OGE1865) .
Dans la région d'Arbois et de Salins, Rousset (ROU1855) mentionne quelques petites exploitations : à Montmalin (abandonnée en 1800), à Pupillin (abandonnée en 1810), à Ivory (exploitée jusqu'à l'extinction du haut-fourneau de Moutaine, vallée de la Furieuse). Selon l'ingénieur Resal (RES1864), “anciennement, on a exploité le même gîte (l'Aalénien) dans la vallée de Salins, au pied des escarpements de l'Abergement”.

b) Les minerais de fer du Callovien et de l'Oxfordien
Dans le Jura, pour le Callovien moyen et supérieur (zones à Coronatum et à Athleta probable), on trouve du minerai de fer de Binans (commune de Publy), au  sud-est de Lons-le-Saunier, et des Granges de Viousse au nord d'Andelot-en-Montagne, connus dans le Jura sur le flanc ouest de la chaîne de l'Heute et sur le plateau de Champagnole. Rousset (ROU1855) et Ogerien (OGE1865), mentionnent plusieurs gisements de minerai de fer que l'on peut rapporter aux formations à oolites ferrugineuses callovo-oxfordiennes ou à des horizons d'altération de ces formations. Certains de ces gîtes ont fait l'objet d'exploitations. En bordure de la Chaîne de L'Heute, on relève Binans (Publy), Mirebel, Bonnefontaine (anciennement Les Faisses. Sur le plateau de Champagnole, on note les gîtes de Viousse (Andelot), Blye, Clucy, Lemuy. Dans la Haute-Chaîne, Rousset mentionne encore Entre-Deux- Monts près des Planches-en- Montagne. On dispose de peu d'information sur les anciennes exploitations, qui ont toutes cessé leur activité avant 1850.

c) Le minerai de fer Valanginien
Les calcaires roux du Valanginien sont connus sur l'ensemble du Jura interne, toutefois, le faciès Limonite de Métabief, suffisamment riche en fer pour justifier une exploitation est limité, dans le Jura français, à la zone comprise entre Champagnole (Jura) et Jougne (Doubs). Deux petits bassins ferrifères valanginiens s'individualisent :
Le minerai valanginien de Boucherans est selon Ogerien (OGE1865), un minerai calcaire (25% CaC03), titrant environ 25% de fer, lorsqu'il est en gangue, et dépassant 41 % de fer après lavage. La teneur en alumine du minerai brut dépasse 22%.
Les mines du Val de Mièges sont toutes localisées dans le vaste synclinorium crétacé de Nozeroy. On relève des mentions d'exploitations, antérieures à 1850, pour plusieurs gîtes.
À Boucherans (commune de Communailles-en-Montagne), Thirria (THI1836) décrit des travaux sur une couche minéralisée de 1,6 m, consistant en une galerie de roulage desservant un grand nombre de galeries poussées suivant la direction et la pente du gîte. Ces galeries de 3 à 4 mètres de largeur sont séparées par des piliers de 6 à 7 mètres de côté... les ouvrages souterrains s'étendent suivant la direction sur une longueur de 3 à 400 mètres, et suivant la pente, sur une largeur de 200 à 250 mètres... En 1833, on n'extrait au jour que le cinquième en volume du gîte, les quatre autres cinquièmes n'étant pas assez riches pour être exploités comme minerai. On laisse le minerai brut exposé à l'air pendant un an au moins, pour qu'il fuse, en ayant soin d'écraser de temps en temps avec une masse les morceaux calcaires qui ne tombent pas naturellement en poussière. Ensuite on le passe à la claie pour séparer de la poussière les morceaux calcaires qu'on met au rebut, parce qu'ils sont généralement peu riches. Il résulte de cette préparation un nouveau déchet d'un cinquième environ et le minerai qui en provient est propre à la fusion sans qu'on le soumette au lavage.
À Censeau, au lieu-dit Les Grangettes et à la Godine (commune de Cuvier), Thirria (THI1836) rappelle l'existence d'anciens travaux souterrains. La notice de La carte géologique de Champagnole mentionne une ancienne exploitation à Mièges. Ogerien (OGE1865) cite les gîtes de Nozeroy, Doye, Lent et Billecul, mais sans mention d'exploitation.
Rousset indique encore la présence de minerai en roche dans la Haute Chaîne, au Béchet (commune de Morez), ce minerai dont il n'indique pas s'il fut exploité pourrait être d'âge valanginien. A moins qu'il ne s'agisse d'un minerai en grains tertiaire à gangue calcaire.


d) Conclusion de Rosenthal sur les gisements de Franche-Comté
La sidérurgie comtoise au XVIIIe siècle illustre bien la richesse des ressources dont elle dispose à cette époque. La future Haute-Saône est de loin le secteur le plus productif. Le minerai pisolitique y est abondant, il s'y exploite facilement. La fonte est faite au bois que l'on surexploite. Les lavoirs à mine, patouillets, fourneaux, forges et martinets sont animés.
Depuis le bas-fourneau où le forgeron des premiers siècles réduisait directement le minerai pour en tirer le fer, la sidérurgie comtoise a évolué progressivement. Au XVe siècle apparaît le procédé indirect d'obtention du fer dans les hauts-fourneaux. A partir du XVIIe siècle, la méthode d'affinage des maîtres de forges comtois devient la plus employée en France. Pendant à peu près un siècle, de 1750 à 1850, la sidérurgie locale connaît son apogée, en 1789, la Franche-Comté occupe le second rang parmi les provinces françaises pour la production de fonte (17 000 t) comme pour celle du fer (10 000 t), soit 17% de la fonte et 15% du fer élaborés dans le royaume. Selon Lassus (LAS1980), la Champagne tient le premier rang pour la fonte (19 500 t) et la Lorraine pour le fer (11 500 t). De 1820 à 1830, la Haute-Saône concurrence la Haute-Marne pour le premier rang des départements producteurs de fonte (MIC1979). Le développement de la production de fonte au coke favorise, en Angleterre, puis en France, la construction de hauts-fourneaux de grande dimension, à proximité ou dans les bassins houillers produisant à meilleur compte. En 1865, la tonne de fonte revient à 62,45 fr. en Lorraine contre 152,75 fr. en Franche-Comté (MIC1979).


Haut de page

Récapitulation des gisements du Jura par communes

En 1855, le Dictionnaire des communes du Jura de Rousset [ROU1855] mentionne plusieurs gisements de minerai de fer essentiellement situés dans le Val de Miège et dans les plis résiduels des plateaux jurassiens. On compléte cette liste par des apports d'autres auteurs.

Andelot (La Viousse)
On trouve sur le territoire de cette commune, des mines de fer à la ferme de Viousse, dont l'exploitation a été abandonnée depuis quelques années [ROU1855]. Minerai de fer du Callovien, exploitation à ciel ouvert, gisement exploité avant 1850, alimentation du haut-fourneau de Moutaine [ROS1990].
Un titre du 17 ventôse an 5 (1796) montre Viousse aux mains de “Petetin, commis aux Olivier” avec 181 arpents et 16 perches de terre [THE1970]. Les “terres rouges” sont effectivement riches en minerais. La concession Olivier ne semble pas se superposer aux zones voisines du Creux de Fer exploitées par d'autres, mais le processus d'extraction est le même. On creuse préalablement une sorte d'entonnoir dans le sol. Puis lorsque l'on atteint le gisement, jamais trop profond, on élargit ce cercle. Il y eut à Viousse un véritable village de travailleurs attachés au fer. On voit encore [années 1970], en lisière du bois de la Chassagne, les vestiges des baraques qu'ils habitaient. Devant ces maisons, on devine la digue et l'emplacement de l'étang qu'elle contenait. C'est dans ce réservoir qu'on lavait le minerai [THE1970].

Augea
On trouve sur le territoire de cette commune du minerai de fer qu'on n'exploite plus [ROU1855]. Gîte aalénien [ROS1990].

Billecul
Un gisement du Valanginien cité par Ogerien, mais sans mention d'exploitation [ROS1990].

Blye
Il y a 40 ans (années 1810), on extrayait encorede la montagne de Mont-Lion, du minerai de fer qu’on lavait à la Pala et qu’on conduisait ensuite aux forges de Clairvaux [ROU1855]. Gîte relevant de formations à oolithes ferrugineuses callovo-oxfordiennes [ROS1990].

Bornay
On trouve sur le territoire de cette commune du minerai de fer dont l'exploitation a été abandonnée [ROU1855]. Gîte aalénien [ROS1990].

Censeau
Il y a du minerai de fer dont l'extraction a été abandonnée depuis quelques années [ROU1855]. Gisement du Valanginien, au lieu-dit Les Grangettes, exploité en souterrain avant 1833  [ROS1990].

Champagnole

On trouve, au revers sud du montrivel, près de la route de Chalon en Suisse, une mine de fer, dont l'exploitation a été abandonnée depuis quelques temps. Le minerai était lavé dans un canal creusé depuis le pont de la Mouille [ROU1855]. Gîte relevant de formations à oolithes ferrugineuses callovo-oxfordiennes [ROS1990].

Chatillon
On trouve sur le territoire de la commune du minerai de fer en grains, dont l’extraction a été abandonnée vers 1790 [ROU1855]. Gite de minerai de fer pisolitique d'âge indéterminé [ROS1990].

Clucy
On trouve sur le territoire de la commune du minerai de fer non exploité[ROU1855]. Gîte relevant de formations à oolithes ferrugineuses callovo-oxfordiennes [ROS1990].

Communailles (Boucherans)
Présence d'abondantes mines de fer alimentant le haut-fourneau de Moutaine [Aresches]. Depuis la suppression de cette usine, ce minerai, d'une excellente qualité a cessé d'être exploité [ROU1855]. Minerai Valanginien, gîte avec mines abondantes en galeries, 240 tonnes extraites en 1832) [ROS1990]. Un grand nombre de galeries poussées suivant la direction et la pente du gîte ; ces galeries de 3 à 4 mètres de largeur sont séparées par des piliers de 6 à 7 mètres de côté... les ouvrages souterrains s'étendent suivant la direction sur une longueur de 3 à 400 mètres, et suivant la pente, sur une largeur de 200 à 250 mètres [THI1836].
Le gisement de Boucherans semble avoir été important (il figure sur la carte de Cassini) ; le minerai a été traité dans les hauts fourneaux d'Aresches-Moutaine, de Bourg-de-Sirod et de Pont-du-Navoy. Selon Annie Gay [GAY2002]. À la fin du XVIIIe siècle, Claude Morel et Claude Jobez co-propriétaires des forges de Bourg-de-Sirod s'intéressent sérieusement à la mine de Boucherans : ce “beau filon”, situé à 3 lieues de Bourg-de-Sirod, exploité depuis les années 1730, présente, selon Jobez, des prolongements inexploités vers l'ouest. Mais le gisement est aussi convoité par le concurrent Jean-Claude Olivier, maître de forges, qui vient d'obtenir la concession du haut-fourneau de Pont-du-Navoy. En 1792, Jobez obtient, contre Olivier, le droit d'extraire le minerai de la montagne de Boucherans [GAY2002]. Ferdinand Olivier, maître de forge à Pont-du-Navoy, successeur de Jean-Claude, sollicite en décembre 1834 la concession d'un gisement à Boucherans, sur la commune de Communailles-en-Montagne. Le territoire que Ferdinand Olivier souhaite prospecté couvre cent deux hectares et trente-six ares. Les “filons” de Boucherans appartiennent à la couche géologique du Valanginien. Ils ne mesurent jamais plus d'un mètre d'épaisseur. Surtout, ils étaient faciles à exploiter. Ils affleuraient sur le flanc sud ouest d'un vallon situé entre les fermes de Boucherans et le village de Froidefontaine. Ils ne “gisaient” qu'à quelques mètres de profondeur. Il suffisait de “décaper” les terrains superflus pour les exploiter à l'air libre [THE1970].
Cassini-Boucherans
Voir texte détaillé des Annales des Mines (1836).

Cuisia
On trouve sur le territoire de la commune du minerai de fer dont l'exploitation a été abandonnée [ROU1855]. Gîte aalénien [ROS1990].

Cuvier
On trouve sur le territoire de la commune du minerai de fer près de la Godine [ROU1855]. Minerai de fer du Valanginien exploité en souterrain en 1833 [ROS1990].

Doye

On trouve sur le territoire de la commune du minerai de fer [ROU1855]. Gisement du Valanginien cité par Ogerien [OGE1865] mais sans mention d'exploitation [[ROS1990].

Entre-deux-Monts
On trouve sur le territoire de la commune du minerai de fer non exploité [ROU1855]. Gîte relevant de formations à oolithes ferrugineuses callovo-oxfordiennes [ROS1990].

Ivory
On trouve sur le territoire de la commune du minerai de fer en grain et en roche, dont l'exploitation a été abandonnée depuis la suppression du haut-fournean de Moutaine [ROU1855]. Gîte de minerai de fer de l'Aalénien [ROS1990].

Le Bouchaud
On trouve sur le territoire de la commune du minerai de fer en grains, dont l’extraction a été abandonnée depuis 1830 [ROU1855]. Gîte de l'horizon Aalénien, relevant de la concession de Fangy  (19 avril 1844) [ROS1990].

Lemuy

On trouve sur le territoire de la commune des mines de fer dont l’exploitation a été abandonnée depuis 30 ans [ROU1855]. Gîte relevant de formations à oolithes ferrugineuses callovo-oxfordiennes, exploité avant 1825 [ROS1990].

Lent
Un gisement du Valanginien cité par Ogerien, mais sans mention d'exploitation [ROS1990].

Les Faisses (aujourd'hui Bonnefontaine)
On trouve sur le territoire de la commune du minerai de fer, qui a été exploité dans le cours du XVIIIe siècle, pour le haut-fourneau du Pont-du-Navoy. On le lavait dans le lieu  dit au Patouillet, et ensuite il était transporté à dos de mulets, par un sentier encore appelé le chemin des Mulets [ROU1855]. Gîte relevant de formations à oolithes ferrugineuses callovo-oxfordiennes  [ROS1990].

Mantry

On trouve sur le territoire de la commune du minerai de fer en grains, non exploité [ROU1855]. Gîte de l'Aalénien [ROS1990].

Maynal
On trouve sur le territoire de la commune du minerai de fer en roche qui a été exploité jusqu'en 1842 pour les fourneaux de Clairvaux [ROU1855]. Gîte de l'Aalénien [ROS1990].

Mièges

Selon la carte géologique de Champagnole mentionne une ancienne exploitation à Mièges, citée par Ogerien [OGE1865], [ROS1990]

Mirebel

On trouve sur le territoire de la commune du minerai de fer dont on a abandonné l’exploitation [ROU1855]. Gîte relevant de formations à oolithes ferrugineuses callovo-oxfordiennes, exploité avant 1856 [ROS1990].

Monay

On trouve, sur le territoire de la commune, du minerai de fer en roche, exploité pour l'usage du haut-fourneau de Foucherans [ROU1855]. Gîte de l'Aalénien [ROS1990].

Montmalin

On trouve sur le territoire de la commune du minerai de fer en grains qui a été employé
jusqu'en 1800 aux forges de Roche (?) [ROU1855]. Dîte de l'Aalénien [ROS1990].

Morez
On trouve, sur le territoire de la commune, du minerai de fer en roche sur le Béchet et le Risoux [ROU1855]. Ce minerai dont Rousset n'indique pas s'il fut exploité pourrait être d'âge valanginien, à moins qu'il ne s'agisse d'un minerai en grains tertiaire à gangue calcaire [ROS1990].

Nozeroy
Un gisement du Valanginien cité par Ogerien, mais sans mention d'exploitation [ROS1990].

Passenans
On trouve sur le territoire de la commune du minerai de fer en grain et en roche, peu exploité [ROU1855]. Gisement de l'Aalénien [ROS1990].

Publy (Binans)
On trouve sur le territoire de la commune du minerai de fer qui a été exploité à Binans pour les forges de Pont-de-Poitte et de Clairvaux [ROU1855]. Minerai de fer du Callovien moyen et supérieur (zones à Coronatum et à Athleta probable) pouvant renvoyer à des formations à oolithes ferrugineuses callovo-oxfordiennes ; exploitation à ciel ouvert  (filon de 3 à 4 m d'épaisseur, exploité avant 1840 [ROS1990].

Pupillin
On trouve sur le territoire de la commune des mines de fer en roches qu’on a cessé d’exploiter en 1810 [ROU1855]. Gîte de l'Aalénien [ROS1990].

Sellières (et Toulouse-le-Château)
On trouve sur le territoire de la commune d’abondantes mines de fer dont l’exploitation pour les forges de Baudin occupe 12 ouvriers [ROU1855]. Gisement de l'Aalénien ; la concession de Fangy instituée le 19 avril 1844 couvrait l'ensemble des localités de Sellières (Fangy, Revalais...), Toulouse-le-Château et Le Bouchaud ; l'exploitation en puits et galeries et aussi à ciel ouvert) consistait à attaquer directement les assises de minerai aalénien en roche ou à exploiter la partie altérée de l'assise ; 4 800 tonnes extraites en 1858  [ROS1990].

Haut de page

La mine de fer de Boucherans

in Annales des mines ou Recueil de mémoires sur l'exploitation des mines. Troisième série, Tome X, Paris, 1836, pp. 130-132

La mine de Boucherans se trouve au lieu-dit la Saint-Jean, à 300 mètres environ au sud-est du village de Boucherans. Cette mine est ouverte sur un banc de calcaire marno-compacte qui se présente en plaquettes entremêlées de marne sablonneuse verdâtre, lesquelles sont chargées de très petits grains oblongs d’un minerai de fer d’un brun jaunâtre très-éclatant , dont le reflet est pour quelques-uns peu différent de celui de la pyrite jaune de fer. Ce banc a 1,60 m de puissance; il repose sur un calcaire sablonneux, d’un gris-verdâtre, de 1,60 m d’épaisseur, constitué par un ensemble de plaquettes entremêlées de marne sablonneuse verdâtre, au-dessous duquel se trouve une couche de marne bleuâtre, puissante de 5 à 6 mètres , qui a été reconnue par un canal d’écoulement pratiqué dans une des galeries. Un escarpement qu'on franchit, avant d’arriver à la mine, fait voir au-dessous de la marne bleuâtre, sur une hauteur de 6 à 7 mètres, un calcaire compacte, suboolilhique, grisâtre, parsemé de lamelles de crinoïdes, qui appartiennent aussi au terrain jura-crétacé. Le gîte est recouvert par un calcaire jaunâtre, à tissu lâche, suboolilhique , et parsemé de lamelles de crinoïdes, lequel se présente en couches peu puissantes, sur une hauteur de 4 à 5 mètres.

Le terrain jura-crétacé de Boucherans se trouvant dans une sorte de plaine, à une assez grande distance des croupes jurassiques de la large vallée dans laquelle il s’est déposé, son inclinaison doit être faible; aussi le gîte incline-t-il au sud-sud-est, sous un angle qui n’excède pas 3 ou 4 degrés. On verra par l'énumération des fossiles, que ce gîte est extrêmement riche en débris organiques.

Les travaux d’exploitation consistent en une galerie de pendage diagonale débouchant au jour, qui sert de galerie de roulage, et en un grand nombre de galeries poussées suivant la direction et la pente du gîte. Ces galeries ont 3 à 4 mètres de largeur et sont séparées par des piliers de 6 à 7 mètres de côté. On a enlevé quelques-uns de ces piliers pour les remplacer par des déblais provenant du triage intérieur, lesquels sont parfois si abondants, qu’on est obligé d’en sortir au jour, après avoir remblayé toutes les excavations. Les ouvrages souterrains s’étendent suivant la direction, sur une longueur de 3 à 400 mètres, et suivant la pente, sur une largeur de 200 à 250 mètres ; ils se trouvent en majeure partie à l’ouest de la galerie de roulage, direction vers laquelle existent d’anciens travaux fort étendus et plusieurs galeries abandonnées qui débouchaient au jour,  tandis que le gîte est entièrement intact à l'est des travaux actuels d’exploitation.

On n’extrait au jour que le cinquième en volume du gîte, les quatre autres cinquièmes n’étant pas assez riches pour être exploités comme minerai. On les emploie pour remblai, ou bien on les sort au jour, ainsi que nous l’avons dit ci-dessus, quand ils sont surabondants. On laisse le minerai brut exposé à l’air pendant un an au moins, pour qu’il fuse, en ayant soin d’écraser de temps en temps avec une masse les morceaux calcaires qui ne tombent pas naturellement en poussière. Ensuite on le passe à la claie pour séparer de la poussière les morceaux calcaires qu’on met au rebut, parce qu’ils sont généralement peu riches. Il résulte de cette préparation un nouveau déchet d’un cinquième environ ; et le minerai qui en provient est propre à la fusion sans qu’on le soumette au lavage.

La mine de Boucherans fournit annuellement pour le fourneau de Moutène, situé près de Salins, 4oo muids de 660 kil. l’un, ou 2.400 quintaux métriques de minerai propre à la fusion, qui se vend sur place 4 fr. le muid ou 0,66 fr. le quintal métrique. L’exploitation se fait au compte d’un entrepreneur qui emploie 6 ouvriers en hiver et 2 en été.
La régularité de l’allure du gîte de Boucherans et celle des travaux d’exploitation, qui ne peuvent être pratiqués que souterrainement, rendent évidemment ce gîte concessible.

L’analyse que nous avons faite du minerai de Boucherans nous a donné pour sa composition :

  • Carbonate de chaux et de magnésie : 29,00%
  • Argile, sable et alumine combinée : 22,40%
  • Silice combinée : 4,00%
  • Protoxyde de fer : 0,80%
  • Peroxyde de fer : 34,00%
  • Eau : 9,40%
  • Perte : 0,40%

Le protoxyde de fer s’y trouve combiné avec de la silice , de l’alumine et de l’eau , comme dans les autres minerais du même terrain.
D’après la composition des deux oxydes de fer, ce minerai contient 24,17 p. % de fer métallique.
Essayé par la voie sèche, il a bien fondu sans aucune addition, et a donné un culot de fonte pesant 23,80 p. %.

Reprise partielle de ce texte des Annales des Mines dans l'ouvrage de Flachat, Barrault et Petiet (1846) : Traité de la fabrication du fer et de la fonte envisagée sous les rapports chimique, mécanique et commercial, Troisième partie (examen statistique et commercial), par E. Flachat, A. Barrault et J. Petiet, Paris 1846, p. 933

La mine de Boucherans est ouverte sur un banc de calcaire marno-compacte qui se présente en plaquettes entremêlées de marne sablonneuse verdâtre, lesquelles sont chargées de très-petits grains oblongs d’un minerai de fer d’un brun jaunâtre très éclatant, dont le reflet est, pour quelques-uns, peu différent de celui de la pyrite jaune de fer. Ce banc a 1,60 m de puissance. Les travaux d'exploitation y consistent en une galerie de pendage diagonale débouchant au jour , qui sert de galerie de roulage, et en un grand nombre de galeries poussées suivant la direction et la pente du gite. Ces galeries ont 5 à 4 mètres de largeur, et sont séparées par des piliers de 6 à 7 mètres de côté. Les ouvrages souterrains s'étendent suivant la direction, sur une longueur de 3 à 400 mètres, et suivant la pente, sur une largeur de 200 à 250 mètres. La régularité de l'allure du gîte de Boucherans, et celle des travaux d'exploitation qui ne peuvent être exploités que souterrainement, rendent évidemment ce gîte concessible.

Haut de page

Références



Haut de page